Avec la déchéance du désormais ancien président de la Confédération africaine de football, le Cameroun, en plus de n’avoir aucun représentant au sein du nouveau Comité exécutif que préside depuis jeudi dernier le Malgache Ahmad Ahmad, va souffrir le martyr du malheureux perdant.
Le baobab est tombé, la forêt a tout perdu. Son parapluie, son bouclier, son tout. C’est à peu près à cette image qu’il faut présenter le Cameroun au lendemain de la chute d’Issa Hayatou de son trône à la Caf. La promesse d’une «nouvelle ère» a coûté sa tête au dernier dinosaure du sport mondial. Après avoir régné près de 30 ans sur l’instance faîtière du football africain, le Camerounais a été renversé jeudi dernier par le Malgache Ahmad Ahmad, à la surprise générale. Le nouveau président, un presque inconnu de 57 ans, a obtenu 34 voix contre 20 au président sortant. En poste depuis 1988, Hayatou, 70 ans, était le dernier dignitaire du football épargné par les affaires qui ont emporté Sepp Blatter et Michel Platini.
Première conséquence de cette déchéance de l’homme qui s’acheminait vers un huitième mandat : le rayonnement du Cameroun dans le concert des nations de football. Quoique fraîchement auréolé de son cinquième sacre en Coupe d’ Afrique des nations (Can) Seniors en terre gabonaise, le pays de Roger Milla, en termes de représentativité, verra sa côte en baisse du fait de l’absence d’Hayatou qui a contribué à mettre en vitrine la destination Cameroun sur l’échiquier africain et même mondial. Car c’est sous son magistère que le football camerounais quoiqu’aujourd’hui en mal de management, va atteindre les sommets sur le plan international avec entre autres exploits, deux Can Messieurs, une médaille d’argent à la Can féminine, un Mondial féminin avec en prime, les Lionnes indomptables en orbite et le rayonnement des Lions indomptables Seniors sur les plans africain et mondial. En somme, une belle image du sport roi made in Cameroon.
Orphelin à la Caf
Comme autre incidence, il y’a que le pays de Christian Bassogog n’aura aucun représentant au sein du nouveau comité exécutif que préside depuis jeudi dernier le Malgache Ahmad Ahmad, encore moins dans les autres organes de l’instance africaine. En d’autres termes, le pays n’aura plus personne pour parler en son nom dans le concile des grandes nations africaines. Plus d’ambassadeur pour « vendre » et défendre le pays des Lions indomptables alors que des « petits pays » tels l’Ouganda, Djibouti, Tanzanie et Zanzibar auront droit au chapitre. Hayatou parti, le Cameroun se retrouve orphelin à la Caf comme à la Fifa. On retiendra simplement que durant ses sept mandats, la Coupe d’Afrique des nations est passée de huit à douze, puis de douze à seize équipes. La Can a depuis trouvé une formule bien rodée et efficace, qui en fait quasiment la troisième compétition d’équipes nationales de football la plus suivie internationalement après la Coupe du monde et l’Euro.
Péril sur la Can 2019 ?
La déchéance d’Hayatou laisse aussi planer des inquiétudes quant à l’organisation de la prochaine Can en 2019. Les chantiers des nouveaux stades (Olembé et Japoma) devant abriter la compétition n’ayant pas démarré pour faute de financement, il est fort à parier que le nouvel homme fort du Comité exécutif la Caf se trouvera obliger de briser le rêve des millions des camerounais en leur enlevant logiquement l’organisation pour irrespect des délais. C’est dire qu’il y a péril sur ce tournoi pour lequel Hayatou a joué de sa stature pour qu’on retienne le dossier de son pays face à des sérieux prétendants à l’image de la Côte d’Ivoire, du Maroc…
C.D.