Le Cameroun ne participera pas à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations junior qui aura lieu en 2003 au Burkina Faso. Les Lionceaux ont été éliminés samedi à Abidjan par les Eléphanteaux de Côte d’Ivoire.
Battus (0-1) à Yaoundé, les Camerounais ont prouvé qu’ils pouvaient faire mieux. Ils ont réussi l’exploit de marquer deux buts à l’extérieur. Mais ils n’ont pas évité d’en encaisser autant et de se voir refermer la voie qui mène au pays des hommes intègres. Le Cameroun doit cette élimination à une conjonction de faits dont le premier relève de l’encadrement technique. Alors que les Lionceaux menaient par 2-1, les entraîneurs sont restés statiques, incapables d’indiquer à leurs poulains comment gérer la qualification. Certes le penalty qui a conduit à l’élimination des Camerounais n’en était vraiment pas un, mais il n’explique pas et n’excuse pas tout.
Comme leurs aînés à Corée/ Japon 2002, les Lionceaux qui avaient les moyens de se qualifier, ont payé en Côte d’Ivoire le prix de l’impréparation et du déficit de management des équipes nationales du Cameroun. Ces jeunes joueurs n’ont foulé le sol ivoirien qu’à quelques heures du match et n’ont eu le temps ni de s’acclimater, ni de récupérer après un voyage éprouvant. Vendredi la veille du match, ils n’étaient toujours pas sûrs de pouvoir voyager pour la Côte d’Ivoire. Motif, il n’y avait pas d’argent, le ministère des Finances et du budget n’ayant pas encore débloqué les fonds nécessaires. Ce n’est qu’à 10 heures ce vendredi que l’argent sera finalement décaissé. Survient un autre problème. L’avion attendu est en panne à Garoua. Il est onze heures et les joueurs doivent se rendre à l’aéroport international de Douala pour le décollage prévu à 14 heures. Ils vont se résoudre à rejoindre la capitale économique par route, à bord d’un bus qui n’arrivera à destination qu’à 16 heures. Déjà épuisés par ce premier voyage totalement inutile, les Lionceaux prennent néanmoins un vol pour Abidjan. Parce qu’ils espèrent encore se qualifier.
Leur vol atterrira à l’aéroport d’ Abidjan à 18h30 , soit 30 minutes après la fermeture des lieux pour cause de couvre-feu. La Camair ne peut par conséquent pas faire débarquer ses passagers. Il faut négocier ferme. Les joueurs sont immobilisés pendant 45 minutes dans l’avion répétition du calvaire vécu par les Lions en Asie de l’Est en mai -, le temps pour les responsables de la Fédération ivoirienne de football de convaincre les autorités ivoiriennes de les laisser débarquer. Car en fait, les Lionceaux avaient le choix entre dormir dans l’avion et continuer leur route sur Dakar pour revenir à Abidjan le lendemain par le vol de 8 heures. Maintenant que la délégation camerounaise pouvait descendre, restait un autre problème : celui des équipements. On ne pouvait pas ouvrir les soutes.
Les joueurs quitteront donc l’aéroport stressés. Ils ne découvriront le stade Houphouet Boigny qu’à l’heure du match. Pouvaient-ils dans ces conditions se qualifier facilement face à une équipe qui les avaient déjà battus à domicile quelques semaines plus tôt ? L’élimination des Lionceaux trouve ainsi ses racines dans l’impréparation qui a accompagné cette sortie. L’équipe camerounaise aurait dû rejoindre Abidjan au moins quatre jours avant la confrontation avec les juniors ivoiriens. Tel n’a hélas pas été le cas. Une fois de plus ; une fois de trop. Mais, qui donc a dit aux responsables du ministère des Finances chargés de débloquer les fonds pour la sortie des sportifs que c’est une faveur qu’on accorde aux joueurs ? Qui a dit aux cadres du Minjes que les dossiers ne pouvaient pas parvenir au Minefi des mois à l’avance ? Comme aux jeux du Commonwealth, les problèmes financiers ont gâché l’avenir sportif d’une génération pleine de talent.
Au Cameroun, à ce qu’il paraît, il est interdit d’être prévoyant.