L’image était saisissante. Au coup de sifflet final, les Lionnes, la queue entre les jambes, forment un cercle au rond central pour prier après cette cinglante défaite 0-3 devant l’Afrique du Sud. Les Baniana Baniana, quant à elle, juchées sur un nuage, savourent leur victoire en faisant le tour d’honneur du stade de Malabo. Avec la douche froide de ce 25 novembre, le rêve des Lionnes de remporter un premier trophée de la Can féminine s’envole en fumée. Ni les promesses de 750.000 frs de primes par joueuse, ni la détermination de la capitaine Françoise Mbella et ses co-équipières n’ont suffit à venir à bout d’une équipe suf-africaine bien forte tactiquement, techniquement et même physiquement.
En face, les Lionnes, sans âmes, manquaient d’inspiration et ne se sont pas procurées de réelles occasions de jeu. Marlyse Ndoumbock, sans doute diminuée par une blessure (elle était sortie sur un brancard au précèdent match) dont la tâche consiste à ravitailler Manie Ngono et Odette Ngoum, les attaquantes, en ballon, n’a pas joué le rôle de tour de contrôle qui lui était assigné par le coach Enow Ngachu. Signe de temps, dès le coup d’envoi de la rencontre, les Baniana Baniana s’organisent et achève une action collection par un lourd tir qui passe non loin de la cage des Lionnes. C’était juste un répit puisque avant la mi-temps, les sud-africaines avaient déjà filé deux buts aux camerounaises, en manque d’inspiration.
La seconde mi-temps démarre sur des chapeaux de roue comme la première. Plus confiantes et sereines, les Sud africaines développent leur jeu, se permettent d’enchaîner huit à dix passes devant les camerounaises qui perdaient les duels techniques, et manquant même de rigueur. A l’instar de cette incroyable loupée de Françoise Mbella à la 80’. La capitaine des Lionnes fait un ciseaux et perd une balle tombée dans le dos de la défense camerounaise. L’avant-centre Sud africaine qui récupère le cuir accélère et fait un petit pont à la gardienne des Lionnes sortie pour enrayer le danger. Hélas, trop tard, puisque le ballon passé entre ses jambes roule déjà au fond du filet. 3-0 pour les compatriotes de Nelson Mandela. La sentence est donnée.
Match de classement
Les sud africaines auraient pu saler l’adition à la 87’. L’une des attaquantes adverse gagne son duel devant une défenseur camerounaise avant, sous la pression de la gardienne camerounaise, de faire « une extérieur » du pied droit qui se loge dans le petit filet. De justesse. L’entrée de Suh à 3’ minutes de la fin du match, ni les 4 minutes du temps additionnel, ni les 17 buts inscrits par les Lionnes en match de préparation sans en encaissé, ne suffiront aux Lionnes à sauver la face en inscrivant même un but. Rien. Le verdict est sans appel. 3-0. Exactement le même traitement infligé par les camerounaises aux sud-africaines en match de classement à la Can à Johannesburg en 2002.
Une cuisante défaite qui surprend plus quand on sait que la sélection camerounaise est truffée de joueuses expérimentées : Mbida Séraphine joue sa 5ème Can tandis que Cathy Mboudjou, Christelle Gnipoho Pokam, Françoise Mbella et Marlyse Ngo Ndoumbock jouent chacune sa quatrième coupe d’Afrique des nations de football féminin qui en était à sa 6ème édition.
En levée de rideau à la défaite des camerounaises, la surprenante Guinée Equatoriale, pays organisateur, qui avait fait un sans faute jusque là (3 matches, 3 victoires) dompte l’ogre nigérian (vainqueur de 5 éditions de la Can) déroutent les Super Falcons avec un score étriqué de 1-0. La Guinée Equatoriale retrouve en finale l’Afrique du Sud samedi le 29 novembre prochain. Le Cameroun quant à lui croisera le fer avec le Nigeria vendredi 28 novembre pour le match de classement. En attendant, c’est un peuple camerounais, après l’échec des Lions au Ghana en finale du foot masculin en janvier dernier, qui est déçu par cet autre échec des compatriotes de Roger Milla.