La Confédération Africaine de Football devrait être saisie par la Fédération Camerounaise de Football pour recadrer le sélectionneur de la Gambie. Certainement heureux de se retrouver en huitièmes de finale de la compétition majeure en Afrique, probablement pour motiver ses troupes, il a poussé un coup de gueule mensongier sur l’hôtel dans lequel réside sa délégation.
C’est d’ailleurs dans ce même complexe hôtelier qu’ont été logées deux équipes de la poule B qui ont joué leurs matchs au Stade Omnisports de Kouékong, le Malawi et le Zimbabwé.
Saintfiet estime que l’on loge six joueurs par chambre, que c’est « un mauvais hôtel », qui est situé à deux heures et demi du stade. Il estime que ses joueurs « ne sont pas respectés » par l’organisation de la CAN, avant leur 8e de finale contre la Guinée, lundi à Bafoussam.
Notons que l’hôtel dont il parle a une note de 8,2/10 sur le site mondialement reconnu Booking.com qui est une référence en matière de réservation d’hôtels.
La réalité est que Bana, ville dans lequel se trouve le complexe hôtelier est en réalité à une cinquantaine de kilomètres du Stade Omnisports de Bafoussam Kouékong. Accompagné de sirènes et des voitures de police qui ouvrent le chemin, cela prend environ 40 minutes pour rallier les deux extrémités.
On peut comprendre la colère de Saintfiet puisque c’est la première fois qu’il accompagne une sélection dans une compétition d’envergure. Au Japon en 2002, le Cameroun parcourait deux heures de voyage pour atteindre les stades où il avait match.
Pire que le coup de gueule, c’est la banalisation du mensonge. À cause des restrictions dues au COVID-19, chaque sélection est mise dans les conditions idéales pour créer autour d’elle une bulle sanitaire.
À moins de 15 minutes de l’hôtel qui leur sert de lieu de résidence, se trouve leur terrain d’entrainement du Stade Municipal de Bafang. Les seuls déplacements pour le Stade Omnisports seraient donc uniquement pour la reconnaissance du terrain, et pour le match.
Qu’a dit exactement Tom Saintfiet ?
« Ma réponse doit être un peu diplomatique », prévient le technicien belge en conférence de presse d’avant-match, dimanche, précisant d’entrée qu’il « aime être ici », pour la toute première participation des » Scorpions » à la Coupe d’Afrique.
Mais il dresse un sombre tableau des conditions d’accueil de son équipe dans un hôtel de la région de Bafoussam.
« Je n’ai jamais vu ça »
« Six joueurs dorment dans la même chambre, avec le même sanitaire, la même douche », et « seuls deux, trois membres du staff ont une chambre simple, les autres dorment à deux dans le même lit, au temps du Covid », décrit Saintfiet.
« L’hôtel et les infrastructures où nous sommes, j’ai travaillé 14 ans en Afrique, je n’ai jamais vu ça », insiste le Belge.
Son équipe « doit voyager deux heures trente pour aller au stade, comme on doit y être une heure et demi avant ça nous fait partir quatre heures avant le match. Or la science dit que tu dois manger trois heures et demi avant le match, on ne peut pas manger à l’heure où on veut ? » demande-t-il.
« Nous sommes des professionnels », poursuit Saintfiet. « Nous sommes un petit pays comme le Malawi ou le Zimbabwe, mais on doit être respecté. On est ici pour écrire l’histoire. J’ai des grands joueurs (qui évoluent) en Europe, ils ne sont pas respectés par l’organisation, et c’est vraiment dommage. »
A Bafoussam, la Gambie joue lundi contre la Guinée, et le Sénégal affronte mardi le Cap-Vert.
Cela crée « du favoritisme »
« Quand on organise un tournoi avec quatre équipes dans un stade, et que tu paies, que tu règles les hôtels, chaque équipe a besoin du même niveau (de service), c’est du respect pour chaque équipe », demande le sélectionneur.
« Parce que quand tu crées des différences entre les équipes, quand les grandes équipes ont de meilleurs hôtels, des belles infrastructures, près du stade, et que des petits pays ont de mauvais hôtels, tu crées du favoritisme », insiste Saintfiet.
« Si la Gambie est championne d’Afrique ou le Cameroun, ça doit se décider sur le terrain, pas à l’hôtel », martèle-t-il.
Et voilà donc un alibi tout fabriqué au cas où les choses ne tournent pas bien lors du match de ce lundi. Espérons que la CAF appréciera.