Un sujet de ricanement contre le Cameroun après son élimination lors des demi-finales de la CAN 2021 a été la manière. Effectivement, tirer un pénalty, même aux séances d’entraînement pour ceux qui ont joué à un bon niveau est déjà stressant. Mais devant un parterre de plus de 50 000 personnes que tu ne veux décevoir, la séance se tourne en torture interne et seuls des joueurs préparés peuvent s’en sortir.
Un coach, même des catégories jeunes, sait qu’il y a une préparation préalable à faire dès que la deuxième période des prolongations approche. Commencer à mettre en confiance les joueurs, gérer ses changements, débuter avec ses adjoints son protocole de préparation. Logiquement, on sait, suite à la préparation, quels sont les joueurs qui sont rompus à cette épreuve. On devrait s’assurer donc qu’ils seront sur le jeu avant le dernier coup de sifflet final.
Ce vendredi, l’ancien meneur de jeu sénégalais Khalilou Fadiga, qui avait été obligé de mettre un terme à sa carrière pour des problèmes cardiaques, a abordé le sujet des pénaltys lors d’une conférence donnée par le Groupe d’Etude Technique de la CAF. Il a expliqué que ce n’est pas tout le monde qui est capable de tirer et de réussir un penalty.
« Pour tirer un penalty, il faut avoir le self-control. Maintenant le règlement a changé, le gardien n’a plus le droit de venir en amont, ce qui réduit l’axe pour lui, mais qui donne une plus grande opportunité pour le tireur. Je pense que certains tireurs ne se préparent pas. On ne s’improvise pas tireur de penalty. C’est quelque chose que tu dois avoir en toi, c’est une certaine facilité, une certaine lucidité que tu dois avoir pour tirer un penalty. Faire abstraction de tout. Si moi, je parle de ma personne, se comment je tirais les pénalties, à partir du moment où je suis sur le terrain, je fais abstraction de tout, c’est-à-dire de tout ce qui est extérieur au terrain. Je fais abstraction de tout ce qu’il y a autour de moi. Je fais abstraction du gardien de but.
C’est-à-dire que dans ma tête, il n’existe que moi et le but, jusqu’à preuve de contraire, tous mes pénalties m’ont réussi. C’est en fait un combat mental avec la personne qui est en face de vous, en occurrence le gardien de but. Je ne suis pas sur le 50-50 pour un penalty. Celui qui tire a plus de chance de marquer que celui doit les arrêter. C’est une manière de se préparer, c’est un travail de tous les jours, c’est comme les coups-francs, c’est comme un gardien qui plonge, c’est comme un milieu de terrain qui fait des passes. Tout ce qui est dans le football w si vous ne les répétez pas, vous n’y arriverez pas. Le penalty n’est pas quelque chose qui s’improvise. Il faut vraiment prendre son temps, prendre la respiration et surtout éviter d’aller à la même vitesse que le gardien, c’est ce que je conseille. Soit le gardien a déjà plongé, vous mettez de l’autre côté, soit le gardien n’a pas encore plongé, on cherche le petit filet ».
Et quand on revoit les joueurs choisis par Conceiçao pour la séance de pénaltys contre l’Égypte avec un Clinton Njié au regard hagard, l’on est en droit de se questionner s’ils ont décidé d’eux-mêmes ou si c’est Conceiçao qui en a décidé.