L’annonce d’une nouvelle période pour l’organisation de la CAN 2021 et les assurances données par le président de la CAF en visite au Cameroun ajoutent une pression supplémentaire sur le pays organisateur qui n’a pas totalement digéré les conséquences d’un précédent « glissement ».
C’est désormais officiel : la 33è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2021) se déroulera du 9 janvier au 6 février de l’année en cours. La décision prise d’un « commun accord avec le Cameroun » vient donc d’être annoncée à l’issue de la visite de travail du président de la Confédération africaine de football (CAF) au Cameroun. A la tête d’une forte délégation, Ahmad Ahmad avait pour objectif premier d’arrêter le calendrier définitif du tournoi et de faire le point sur l’état d’avancement des préparatifs de cet important rendez-vous sportif qui a déjà glissé une première fois entre les doigts du quintuple champion d’Afrique.
Raison de plus pour ses hôtes échaudés par ce mauvais précédent de redouter une douche froide. Ça ne sera pas cette fois-ci. Devant un parterre des médias suspendus à ses lèvres, le patron du football africain s’est voulu très optimiste et rassurant, affirmant notamment que le Cameroun était…en avance sur bien des aspects de la préparation. « Selon le rapport que j’ai eu de mon administration, le Cameroun va offrir sept stades sur les six demandés », s’est-il enthousiasmé, sans s’attarder, outre mesure, sur les retards enregistrés dans certains chantiers pourtant essentiels. Quid du Stade d’Olembé, l’arène principale qui doit abriter les matchs d’ouverture et de clôture et dont les travaux de finition suscitent encore quelques inquiétudes ? Quid des voies d’accès aux différents sites ou du système de transport public de masse, indispensable pour ce type d’événement ?
Peu importe. Le président de la CAF a parlé, dissipant du coup des nombreuses rumeurs et inquiétudes qui s’étaient amoncelées au fil des mois. Et ce d’autant plus que certains chantiers semblaient sombrer dans l’inertie. La présence de Samuel Eto’o à ses côtés (dans son rôle de conseiller spécial) était d’ailleurs un argument supplémentaire pour convaincre les sceptiques. Tout le monde est donc désormais rassuré et confiant : le Cameroun aura « sa » CAN, à une date « arrêtée de commun accord avec les autorités camerounaises » pour des raisons semble-t-il liées aux conditions météorologiques. On n’a aucune raison de douter de la sincérité du patron du football africain, même s’il a donné l’impression par le passé de ne pas toujours respecter la parole donnée. On se rappelle encore de sa célébré déclaration phrase selon laquelle « il n’y a pas de plan B pour la CAN 2019 », compétition qui fut pourtant retirée par la suite au Cameroun. Sans vouloir remettre en cause les promesses du président Ahmad dont le point de vue reste prépondérant, on peut tout de même observer que la confirmation définitive de l’organisation de la CAN ne dépend pas d’un seul individu. Si l’on s’en tient aux usages en la matière, certains préalables sont nécessaires.
Malgré toutes les assurances, les spécialistes sont d’avis que le seul engagement crédible qui confirme la tenue d’un événement sportif majeur comme la CAN reste la signature d’un accord-cadre entre le pays d’accueil et la Confédération africaine de football. C’était le cas quelques mois avant la tenue de la CAN 2017 lorsque la CAF, le COCAN et la FEGAFOOT ont paraphé l’accord cadre régissant l’organisation du tournoi au Gabon. Le même accord a été signé entre la CAF représentée par son président et le président de la Fédération égyptienne de football et président du COCAN local lorsque l’Egypte avait récupéré en catastrophe l’organisation de la CAN 2019 prévue précédemment au Cameroun. Un privilège que n’avait jamais réussi à obtenir le pays des Lions indomptables. Par ailleurs la décision officielle de la tenue de la compétition dépend certes du président de la CAF mais surtout du Comité exécutif de l’instance faîtière du football africain qui n’a pas encore dit son fin mot.
Même s’il vise avant tout à rassurer, le discours tenu à Yaoundé n’est pas un blanc-seing. Il met plus de pression sur le comité local d’organisation qui a encore du pain sur la planche, tant beaucoup de choses restent à faire. La preuve : la CAF « en étroite collaboration avec le COCAN, mettra en place un Comité de suivi afin de mener à bien les préparatifs de cette importante compétition ».
Ceci dit, la volonté du Cameroun d’abriter la prochaine CAN ne souffre d’aucune ambiguïté. En attendant de formaliser la décision de tenue du tournoi au Cameroun par la signature d’un accord cadre qui se fait encore désirer quatre ans après, tout le monde est content de la tournure des événements !
Jean Marie NZEKOUE est Editorialiste et auteur de plusieurs livres dont « L’aventure mondiale du football africain », L’Harmattan, Paris, 2010