L’annonce de la tenue de la Coupe d’Afrique des nations 2023 en Côte d’Ivoire vient clore définitivement le débat passionnant et passionné qui avait cours jusque-là sur le pays organisateur de la CAN 2021. Malgré les promesses maintes fois réaffirmées du président de la Confédération africaine de football, le doute subsistait encore sur le choix définitif du Cameroun pour abriter ladite compétition en lieu et place de la Côte d’Ivoire.
Et ce d’autant plus que la Fédération ivoirienne de football avait brandi la menace d’engager des poursuites contre la CAF devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Désormais le doute n’est plus permis. De commun accord, toutes les parties prenantes se sont accordées pour effectuer un « glissement » de dates qui puisse arranger tout le monde et éviter des frustrations inutiles. . Selon certains observateurs, « l’esprit de solidarité entre pays africains » a été déterminant dans le jeu de chaises musicales auquel on vient d’assister.
Ce dénouement heureux met désormais le Cameroun face à ses responsabilités. Maintenant que le pays des Lions indomptables s’est vu confirmer l’organisation de la CAN 2021, la balle est désormais dans son camp. Plus de place dès lors aux tergiversations et autres tâtonnements qui nous ont coûté si cher au cours des quatre dernières années.
Plus d’excuses !
On peut donc s’estimer heureux de se voir accorder un sursis de deux ans pour boucler tous les travaux prévus dans le cadre de la préparation de cet important événement sportif. Ce qui suppose qu’il faut rattraper au plus vite les retards qui avaient été constatés sur les différents chantiers par les inspecteurs de la CAF. Avec six ans de préparation en tout (2014-2020), le Cameroun a ainsi bénéficié d’un délai record dans l’histoire de l’organisation des compétitions de la CAF. Il ne devrait donc plus trouver la moindre excuse pour justifier un éventuel retard sur le calendrier. D’où la nécessité de saisir toutes les opportunités pour peaufiner les préparatifs et rattraper certains manquements qui avaient servi d’argument pour le retrait de la CAN 2019 au profit de l’Egypte. Les responsables en charge du dossier ont par conséquent le devoir, voire l’obligation de mettre les bouchées doubles pour offrir à l’Afrique la plus belle fête du football jamais organisée sur le continent.
Question d’image !
Seront-ils à la hauteur des attentes ? Rien ne permet pour l’instant de douter de leurs capacités mais il faut rester sur le qui-vive. On a certes enregistré des progrès significatifs dans la construction des infrastructures sportives, notamment les stades de Douala-Japoma (50.000 places) et de Yaoundé-Olembe (60.000 places) dont les travaux sont en phase de finition. Mais une CAN ne se limite pas aux stades. D’autres chantiers comme la voirie urbaine, la salubrité dans les villes d’accueil ou les voies d’accès aux différents sites sont tout aussi prioritaires. D’où l’urgence de tirer les leçons des échecs antérieures pour procéder aux réajustements nécessaires pour un respect scrupuleux des délais contractuels.
Par ailleurs, si le Cameroun veut véritablement réussir l’organisation de la CAN 2021, il doit s’engager dès maintenant à donner une image plus positive de son football. Alors qu’on s’attendait à un retour à plus de sérénité avec l’élection d’un nouveau président à la FECAFOOT, certains événements récents comme la tenue tardive de la finale de la Coupe du Cameroun 2018 ou le faux démarrage du championnat national de Ligue 1 et 2 ne peuvent qu’apporter de l’eau au moulin de ceux qui continuent à remettre en doute la discipline et le sérieux de certains de nos dirigeants sportifs.
Jean Marie NZEKOUE
Jean Marie NZEKOUE est éditorialiste, auteur de : « Afrique, faux débats, vrais défis » (2008) et « L’aventure mondiale du football africain » (2010)