Bafoussam va-t-elle toujours abriter une poule de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) que le Cameroun est supposé abriter en 2019 ? Cette question est sur toutes les lèvres. Cette préoccupation redondante s’inspire de l’image lugubre que reflète ce site choisi pour être l’un des théâtres de la grand-messe du football africain, alors que les délais se sont amenuisés. « Pour être réaliste, je suis vraiment pessimiste quant à la capacité de Bafoussam à organiser cet événement. Si désormais, nous avons qu’on va nous importer les stades, nous nous demandons si va également le faire pour les routes », s’inquiète l’honorable Paul Tchatchouang, vice-président du Sénat.
Le pensionnaire de la chambre haute du parlement fait ainsi allusion à l’état préoccupant de la voirie urbaine de Bafoussam. En fait, dans la capitale de la région de l’Ouest, la quasi-totalité des routes sont pratiquement impraticables. Que ce soit la portion de la nationale n°4 qui traverse cette ville où les routes secondaires. «
Au lieu de faire honte au Cameroun, il est préférable que l’on n’organise plus cette Can. Les étrangers qui viendront auront-ils des routes où circuler ? Y-a-t-il des restaurants dignes de ce nom à Bafoussam ? Même les taxis qui circulent dans la ville ressemblent aux taxis brousse. Ça ne vaut pas la peine », tempête un habitant de Bafoussam. « Nous qui avons suivi quelques matchs internationaux au stade omnisports de Bafoussam avons vécu un calvaire qui ne nous encourage pas à y aller la prochaine fois », ajoute un autre qui fait ainsi allusion aux voies de contournement dont la construction annoncée reste sans suite.
Au-delà de l’épineux problème de route à Bafoussam, il y a ceux des structures d’hébergement répondant aux standards imposés par la Caf ; des stades d’entrainement ; d’éclairage publique et même de la sécurité. En l’état actuel, Bafoussam ne compte aucun hôtel quatre étoiles alors que dans son cahier de charges, la Caf en exige au moins deux par site. De même, aucun stade d’entrainement n’est prêt et encore moins en chantier. L’état des quatre stades (omnisports de Tocket, municipaux Bafoussam Bamendzi, de Bandjoun et Mbouda) est reste sans aucun changement. Pire l’ombre d’un maçon, d’un manœuvre ou d’un engin reste attendue. Aussi le stade omnisports de Bafoussam retenu pour servir de cadre aux matchs demeure inachevé. Si l’aire de jeu et les gradins sont prêts, y avoir relève d’un véritable parcours du combattant surtout en saison des pluies. Les travaux d’aménagement extérieurs de ce stade annoncés depuis son homologation par la Caf en 2015, ont été mis aux oubliettes.
Malgré les délais qui se raccourcissent, les pouvoirs publics tentent de rassurer. Selon Pascal Nguihé Kanté, secrétaire général adjoint des services du Premier ministre, Bafoussam devrait connaitre une métamorphose dans les prochains mois. Selon des informations reçues des autorités, 70 km de route vont être construits sous financement du budget spécial Can et l’agence française de développement (Afd) à travers son programme C2d et autres bailleurs de fonds. A propos des hôtels, deux 5 étoiles et autant de 4 étoiles devraient pousser des terres avant la Can 2019, renseigne le délégué régional du tourisme pour l’Ouest. Au total précise-t-il, Bafoussam et ses environs auront une capacité d’accueil de 1200 chambres. Reste que cela dépasse l’étape des projets pour se concrétiser.
Gaël Tadj