Des milliers de milliards de F CFA ont été engloutis dans l’histoire de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun, hypothéquant même l’économie du pays qui a dû se résoudre à aller ver le FMI pour trouver de l’aide financière pour son propre fonds de roulement. Ces infrastructures, dont les coûts réels ont été multipliés à chaque fois au moins par trois n’ont pratiquement eu aucun impact sur l’économie nationale. On a importé à tout va, du simple grain de sable à la ferraille, du ciment, au moindre bâtonnet.
Des blocs de béton ont été préfabriqués en Chine, en Italie et en Turquie. Les hauts cadres bien payés viennent de ces mêmes pays et même dans certains cas, les simples manoeuvres et ouvriers. On a tenté d’expliqué que c’était en raison de l’urgence de la situation, ou encore que c’était des travailleurs bien plus expérimentés et travaillant. On a expliqué que cela allait accélérer les travaux, que la compétence de ces Occidentaux allait faire des miracles.
Le Cameroun croule sous un chômage qui ne dit pas son nom, mais le plus à plaindre est la misère intellectuelle des gouvernants qui semblent être choisis et placés en ordre de commandement pour leur incapacité à diriger. Mais l’exemple qu’ils suivent n’est pas bien loin puisqu’à plus de 85 ans, leur Chef de l’État vient de se faire réélire pour un mandat de sept ans à la tête du pays et il symbolise l’inertie la plus inerte. Pour s’en rendre compte, la date de la finale de la Coupe du Cameroun que son propre Cabinet Civil organise, n’a été dévoilé que trois mois après la tenue des demi-finales, forçant la disqualification du deuxième ticket camerounais en Coupe de la CAF. Mais tout tourne autour de lui, comme dans les économies des années 1960 dont il ne s’est jamais départi.
Après un échec aussi cuisant, il va falloir, comme normalement, trouver des boucs émissaires. Et parmi les cibles choix se positionneront en bonne place les journalistes, Boko Haram, les séparatistes de l’Ambazonie. Mais personne ne s’interrogera sur les raisons des décisions tardives, des déblocages financières retardés, des contrats offerts de gré à gré aux entrepreneurs sans aucune compétence ou sans présence locale avérée. Personne ne trouvera à dire sur les raisons pour lesquelles chacune de ces infrastructures a coûté plusieurs fois plus chère que cela est supposé.
Et comme le Cameroun c’est le Cameroun, ce retrait de la compétition peut être aussi un signal de l’abandon total des travaux, puisqu’avec la misère ambiante, et connaissant l’histoire de ce pays aux multiples facettes, les sommes pourraient être réorientées ailleurs et bonjour les éléphants blancs.
Ce qui va se passer ? On va certainement promettre une vaste enquête pour comprendre les responsabilités des uns et des autres. Mais qui peut faire une enquête juste sur ses propres méfaits ? Et puis, le temps va passer, inlassablement, indubitablement, comme coule, sans discontinuité, les eaux du Wouri sous les deux ponts qui portent son nom.