L’organisation d’une Coupe d’Afrique des Nations avec 16 pays n’était déjà pas pas une sinécure. Maintenant avec 24 pays, ce sera plus qu’un casse-tête chinois. Le Cameroun devra désormais redoubler d’efforts et revoir ses plans s’il tient à accueillir sur son territoire la grand-messe du football africain en 2019. En effet, lors de la réunion son comité exécutif, tenue à Rabat au Maroc le jeudi 20 juillet dernier, la confédération africaine de football (CAF) a adopté une résolution modifiant le modèle de cette compétition.
Désormais, a décidé l’instance du football africain, la Coupe d’Afrique se disputera avec 24 pays au lieu de 16 comme précédemment entre les mois de juin et de juillet, au lieu de janvier et février comme par le passé, exécutoire dès la prochaine édition de la compétition.
Au-delà d’une révolution, cette décision semble camoufler les intentions que certains avisés prêtaient au Malgache Ahmad Ahmad de vouloir tout faire pour retirer au Cameroun l’organisation du plus prestigieux événement sportif du continent « en guise de vengeance contre son prédécesseur, le Camerounais Issa Hayatou qui avait retiré la CANU17 2017 à Madagascar au profit du Gabon ».
En termes d’infrastructures sportives par exemple, le pays organisateur devait avoir quatre stades pour les matchs, et 20 stades d’entrainement (soit 16 pour les pays qualifiés et 4 pour les arbitres). Avec cette révolution que vient d’apporter le nouveau président de CAF, ces besoins vont de facto augmenter au 1/4. De même que les autres aspects contenus dans le cahier de charge. A moins de deux ans de l’échéance, le Cameroun qui peinait à rassurer se retrouve dans une situation davantage embarrassante. Outre la construction des stades, le Cameroun se doit de se rassurer que ceux-ci sont couverts puisque la nouvelle période de la phase finale de la CAN coïncide avec la grande saison de pluie.
Financièrement mal en point, le Cameroun a récemment fait son come-back dans le cercle peu enviable des pays sous ajustement structurel. Le pays de Paul Biya a contracté auprès du Fonds monétaire international (FMI), un prêt de 400 milliards afin de continuer à honorer les différentes missions qui sont siennes, lesquelles concernent notamment la sécurité, la subvention des produits de grande consommation …
Si on s’en tient à la dernière édition de la CAN, l’on peut déduire que le Cameroun aura besoin d’au moins 500 milliards Fcfa pour respecter le cahier de charge de la Caf. L’enveloppe de la 31ème édition de la CAN gabonaise s’est chiffrée à 463 milliards, alors que la compétition se disputait avec 16 pays.
Malgré les dernières résolutions du comité exécutif de la Caf, le Cameroun dont la situation économique n’est guère reluisante, ira-t-il jusqu’au bout de son engagement ? Va-t-il sauter sur l’argument que lui donne la CAF pour se retirer ? Ou bien va-t-il contester devant les tribunaux cette décision qui modifie les termes d’un accord à posteriori ? Ahmad Ahmad sous-estime certainement la force de frappe du Cameroun.
Gaël Tadj