Ce n’est pas tous les jours que le sport s’invite dans une allocution spéciale à la nation, occupant de ce fait le haut du pavé des priorités identifiées au plus haut niveau de l’Etat. Lors de son message de fin d’année, le président Paul Biya s’est particulièrement attardé sur deux principaux événements sportifs que le Cameroun va accueillir : la Coupe d’Afrique des nations dames en 2016 et la CAN masculine en 2019. Le simple fait que ces échéances figurent dans l’agenda présidentiel constitue la preuve de l’importance qui leur est accordée par le sommet de l’Exécutif.
Après une première évocation du sujet lors du Conseil des ministres du 15 octobre 2015, le chef de l’Etat a de nouveau insisté dans son message du Nouvel an, sur l’impérieuse nécessité de tout mettre en œuvre pour relever les défis de l’organisation des deux rendez-vous sportifs majeurs prévus au Cameroun.
Pour mieux comprendre les enjeux et la taille des défis à relever, il y a lieu de rappeler que la tenue au Cameroun d’une compétition de cette envergure remonte à plus d’une quarantaine d’années. D’où le sentiment de joie et de fierté partagé par tous les Camerounais en septembre 2013 après la désignation de leur pays pour accueillir l’élite du football féminin africain. Non sans une certaine appréhension. L’accueil d’un événement de la dimension de la CAN comporte généralement deux phases : la préparation et l’organisation proprement dite. Le pays d’accueil a en effet l’obligation de respecter les prescriptions du cahier des charges dans divers domaines : construction des infrastructures sportives, modernisation des réseaux de transport et des télécommunications, accroissement des capacités d’hébergement, de restauration et de prise en charge sanitaire, renforcement des dispositifs sécuritaire, etc. De loin, l’entreprise s’apparente à un gigantesque puzzle dont il faut assembler les différentes composantes, pièce par pièce, pour obtenir le résultat escompté. Autant dire que les exigences de la préparation et de l’organisation vont au-delà du calendrier de déroulement de la compétition pour intégrer d’autres préalables à remplir longtemps avant le coup d’envoi.
Pour mesurer l’ampleur de la tâche, un constat froid de la situation sur le terrain s’impose. Si la CAN 2019 est une échéance relativement lointaine, en revanche, celle de 2016 s’approche à grands pas. La principale bataille à mener est celle des infrastructures sportives.
Pour l’instant, le stade de Limbé (25 000 places) spécialement conçu pour la compétition, est pratiquement achevé. La construction des voies d’accès se poursuit même si le chantier enregistre du retard par rapport au calendrier initial. Le Stade omnisports de Yaoundé est actuellement en chantier pour une rénovation en profondeur. Quatre terrains d’entraînements aux normes requises (aires de jeu, nouvelles tribunes, vestiaires et sanitaires) sont en train d’être aménagés dans les deux villes. D’autres travaux non moins importants sont attendus comme la réhabilitation de la voirie urbaine ou l’éclairage public. En ce qui concerne la CAN 2019, le stade de Bafoussam, déjà très avancé, sera prêt, tout comme celui de Garoua dont la modernisation est envisagée. Reste deux autres projets-phare : le futur stade de Douala (50.000 places) et le Stade d’Olembé (60.000 places) qui est sans doute le projet le plus emblématique. En engageant le gouvernement à accélérer les travaux sur les différents chantiers concernant particulièrement la CAN 2016, Paul Biya met chaque collaborateur concerné face à ses responsabilités en prenant l’opinion à témoin pour que nul n’ignore l’urgence d’une situation qui exige désormais de mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Dans dix mois exactement, au mois de novembre prochain, tout doit être fin prêt pour accueillir l’Afrique du football féminin. Décidément, le comité de préparation (Comip-Can), présidé par le Premier ministre a du pain sur la planche. Dans un contexte d’urgence où la méthode et la vigilance s’imposent, les manquements seront rarement tolérés.
Jean Marie NZEKOUE