Alors que la CAF doit se réunir mercredi pour décider de l’avenir de la CAN-2015, le Maroc, qui souhaite repousser la compétition en raison de l’épidémie d’Ebola, risque de lourdes sanctions.
Face à la nouvelle demande de report de la CAN-2015 effectuée par le Maroc samedi 8 novembre, la Confédération africaine de football (CAF) n’a désormais plus le choix. Au Caire, où ses dirigeants se réunissent mardi 11 novembre, l’instance suprême du football africain devra rapidement faire connaître sa position, alors que le coup d’envoi de la compétition est toujours programmé pour le 8 janvier 2015.
Pour la CAF, les options sont multiples : le report de la compétition, son annulation pure et simple ou la désignation d’un autre organisateur. La première de ces trois hypothèses constituerait une solution idéale pour le Maroc, mais la Confédération semble toujours peu encline à envisager un report.
Contacté par l’AFP, Junior Binyam, le directeur des médias de la CAF, a réaffirmé le week-end dernier la position de l’instance. « Le Maroc n’est pas propriétaire de la compétition et n’est donc pas en position de décider d’un report », a-t-il assené.
Sanctions sportives et économiques
En revanche, les autres options de la CAF mettent potentiellement le royaume dans une situation compliquée. Si les deux parties ne parviennent pas à une conciliation autour d’un report de la compétition, le Maroc sera en position de défaut vis-à-vis de l’instance.
Selon les textes de la CAF, un retrait du pays organisateur notifié moins de six mois avant le début de la compétition est punissable de 50 000 dollars d’amende et, surtout, pourrait se voir contraint d’éponger les coûts liés à « la réparation de tous les préjudices moraux et financiers causés ».
Certaines sources sur le Web, qui prennent en compte les frais engagés par les fédérations africaines pour les éliminatoires, évoquent des sommes proches d’un million de dollars par pays.
L’intransigeance de la CAF
La catastrophe serait avant tout économique pour le football marocain, mais un désistement du pays pourrait aussi provoquer un séisme sur le plan sportif. Sur ce point, le règlement de la CAF évoque des sanctions disciplinaires, qui sont laissées à la discrétion du comité exécutif de l’instance.
Mais là encore, la clémence ne semble pas envisagée du côté du Caire. Interrogé sur d’hypothétiques sanctions, Junior Binyam a évoqué un précédent : « Dans des conditions particulièrement tragiques, le Togo avait été suspendu […] pour avoir enfreint le règlement en voyageant par la route », a-t-il rappelé, en référence à l’assaut mené par des hommes armés contre le bus de la délégation togolaise, le 8 janvier 2010 à Cabinda (Angola). Deux personnes avaient été tuées.
Dans la foulée du drame, le Togo avait décidé de déclarer forfait pour la compétition. Une décision du pouvoir togolais qui avait été considéré comme « une interférence gouvernementale » dans les affaires footballistiques par la CAF, qui avait suspendu la sélection pour les deux éditions suivantes de la CAN.
La sanction avait finalement été levée au terme de longues tractations et d’une médiation organisée par la Fifa.
Un cas de force majeur ?
Pour le Maroc, plusieurs sources évoquent une suspension d’au moins quatre ans, si le pays venait à être sanctionné par la CAF. Reste que, dans les faits, le royaume n’a jamais officialisé un quelconque désistement. Dans le dernier communiqué publié par la fédération marocaine, il n’est d’ailleurs pas une seule fois fait mention d’un retrait.
Le Maroc, qui a toujours insisté sur son souhait d’obtenir un « report » du tournoi en raison de l’épidémie d’Ebola qui frappe le continent africain, pourrait néanmoins avoir à répondre de la rupture des engagements initialement passés avec la CAF.
Sa défense, pour l’heure, ne varie pas : pour les autorités du pays, la menace Ebola constitue ce qu’elles définissent comme un « cas de force majeure » depuis maintenant plusieurs semaines.
Texte par Yann BUXEDA