Remplaçant puis auteur d’un doublé express en toute fin de partie alors que le Cameroun était encore mené 3-0 à la 72e minute, l’attaquant a transformé la petite finale de la Coupe d’Afrique des nations en incroyable rencontre après son entrée.
Malgré la victoire, António Conceição devrait se poser des questions au moment de chercher le sommeil ces prochaines heures. Qu’est-ce qui lui a pris, en effet, de ne pas titulariser Vincent Aboubakar ce samedi soir ? Donner du temps de jeu à ceux qui en avaient moins eu durant cette Coupe d’Afrique des nations 2021, d’accord. Mais s’il ne représentait pas une vraie finale, ce Burkina Faso-Cameroun comptant pour la troisième place du tournoi avait tout de même de l’importance aux yeux du pays hôte. Dans l’esprit de l’avant-centre, en tout cas, il était inconcevable de ne pas monter sur le podium après avoir été éjecté en demi-finales par l’Égypte. Alors, lorsqu’il est entré, l’ancien bomber des Merlus a de nouveau prouvé son amour du football et de la nation. Même si le contexte semblait mener tous ses compatriotes vers le désespoir…
Plus qu’un capitaine
C’était la mi-temps, et le Cameroun était mené 2-0. Logiquement insatisfait, son sélectionneur décidait alors de redonner la main à son capitaine en le faisant entrer à la place de Samuel Oum Gouet… mais voyait le Burkina Faso inscrire un troisième but, signé Djibril Ouattara, dès le retour des vestiaires. Pas de quoi faire abandonner Aboubakar qui, en bon chef de meute, n’a jamais baissé les bras. À la suite de la réduction de la marque de Stéphane Bahoken à la 72e minute, le joueur d’Al-Nassr s’est en effet engouffré dans une brèche qu’il a sans doute été l’un des seuls à apercevoir. Avec, à la clé, un doublé inespéré offrant à son équipe une séance de tirs au but tout aussi impensable.
85e minute : à la suite de l’un des corners de la dernière chance, le bonhomme s’est élevé plus haut que tout le monde et a puni un gardien pas très inspiré sur sa sortie. 87e minute : toujours face à un portier peu en réussite, le renard des surfaces a donné l’égalisation aux siens. Et lors des tirs au but qui ont suivi, qui était là pour planter le premier de la séance ? Monsieur Aboubakar, assumant parfaitement son statut de patron. Dès lors, comment ses partenaires auraient-ils pu le décevoir encore en l’empêchant de terminer troisième de l’épreuve ? Ces derniers, bien obligés d’imiter le comportement de leur guide, ont donc achevé la mission en transformant leurs tentatives. Un moindre mal.
Penser au collectif, pour que le solo brille
Peut-être, aussi, que ses petits camarades ont eu peur de se faire à nouveau tirer les oreilles pour une performance jugée indigne du Cameroun par Aboubakar. Celui-ci n’avait en effet pas hésité à pousser une gueulante sur Canal Plus Sport ces derniers jours, la déception liée à l’élimination contre les Pharaons aidant : « C’est une grosse déception… On a une grosse équipe et chaque fois qu’on essaie de jouer collectif, on gagne toujours. Aujourd’hui, chacun voulait montrer de quoi il était capable… Le foot, ça ne ment pas. Quand chacun essaie de faire ce qu’il veut, on passe à côté. Quand chacun pense à lui, malheureusement, ça termine comme ça. Chacun pense à lui, et ça nique tout. » Alors qu’en pensant aux autres et en jouant avec le cœur, les défaites paraissant évidentes peuvent se transformer en magnifiques succès au gré d’incroyables scénarios créés en un quart d’heure chrono. Une juste récompense pour un des hommes de la CAN, qui est au passage devenu le premier footballeur à compter huit réalisations dans une même édition depuis 1974 et Pierre Ndaye Mulamba (neuf, record suprême). « Le foot, c’est le mental. Le plus important, c’est le collectif » , pouvait encore répéter le héros du soir face aux médias, après ses miracles. Des poncifs qui, dans sa bouche, sonnent comme des paroles d’évangile.