Avec la Coupe du monde 2014, l’équipe nationale a atteint sans doute son apogée, surtout en mal. Côté performance, on ne peut faire pire dans la médiocrité comme dans la bêtise, en Afrique ou ailleurs. Plus l’ombre d’une victoire depuis une douzaine d’années, mais des défaites à la pelle. Autrefois symboles d’invincibilité, les Lions ne sont plus qu’une passoire. Les joueurs eux-mêmes sont arrivés pour la plupart au bout, au plan physique et mental.
Même s’ils ne l’avouent pas, beaucoup ont atteint ou dépassé le cap des trente ans et méritent une retraite plus ou moins paisible au lieu de continuer à pourrir l’ambiance et à intimider des jeunes prêts pour la relève. Dans l’activité sportive plus qu’ailleurs, l’âge est un facteur important. Inutile de tricher car on est trahi tôt ou tard par son physique. Malgré toute la volonté du monde, il arrive un moment où les jambes ne suivent plus, surtout quand on a une mauvaise hygiène de vie comme certains de nos joueurs-vedettes.
On a pu constater à quel point le rendement des équipes comme le Brésil, la France, la Suisse, le Nigeria, l’Algérie, le Costa Rica ou l’Equateur constitués majoritairement de jeunes joueurs (vingt ans en moyenne), était nettement supérieur à d’autres qui n’ont pas su renouveler à temps leurs effectifs. Ailleurs, principalement en Espagne, en Italie, en Côte d’Ivoire et au Japon, beaucoup de joueurs et encadreurs ont annoncé leur retrait de l’équipe nationale, tirant ainsi les leçons de l’échec. Au Cameroun, les mêmes fauteurs promettent un déballage comme se faire mieux excuser en attendant la prochaine convocation. Il faut pourtant mettre de l’ordre dans l’équipe des Lions, en renouvelant nécessairement les effectifs et en mettant à l’écart ceux qui ont fait leur temps. Pourquoi des joueurs comme Makoun, Eto’o, Webo, Song, Idrissou, Assou-Ekotto, Itandje, Nkoulou, Enow, Chedjou ne pourraient pas tirer les leçons de leurs limites techniques et physiques pour débarrasser le plancher après des années de service ? Faut-il les pousser à la porte ? Voire. Toute reconstruction durable suppose des nouveaux matériaux plus fiables. La nécessité s’impose de revoir de fond en combla la Cameroon Team, joueurs, techniciens et dirigeants compris, chacun ayant sa part de responsabilité dans les échecs répétés en compétition internationale.
Il est plus que temps d’opérer une véritable transformation des mentalités pour rompre définitivement avec les turpitudes d’un passé révolu. La participation à une prestigieuse compétition internationale du genre coupe du monde ou CAN ne devrait pas être considérée comme une source d’enrichissement ou d’exposition des égos, mais plutôt comme un devoir, une mission exaltante pour la défense des couleurs nationales, n’en déplaise à ceux qui nourrissent à longueur de journée la suspicion au sujet du patriotisme. L’équipe nationale ne devrait plus être le marchepied pour l’exacerbation des égocentrismes, ni une plate-forme de positionnement aux mobiles obscurs. En lieu et place d’une bande d’aventuriers obnubilés par l’argent et les plaisirs factices, il y a de la place pour la renaissance d’une véritable équipe nationale faite de guerriers prêts à défendre les couleurs nationales sans marchandage préalable. La sélection en équipe nationale doit davantage être perçue comme un mérite, voire une honneur à défendre plutôt qu’un tremplin pour se mettre sous les feux de la rampe ou un passe-droit pour s’adonner à toutes les extravagances. Il faudra forcément opérer des choix difficiles mais courageux pour garantir la solidité et la durabilité du futur édifice. Qu’il s’agisse de la convocation des nouveaux joueurs qui devraient provenir en majorité du championnat national, du capitanat, de l’encadrement administratif et technique, de la gestion interne ou de la discipline de groupe, une remise à plat s’impose, même s’il faut pour cela se priver de la joie éphémère procurée par les résultats immédiats pour bien préparer dans la durée les échéances futures. Face aux lacunes du management, à l’indiscipline grandissante et à l’égocentrisme, on a depuis 2002 fait du surplace, se contentant au besoin des replâtrages de circonstance, de quelques retouches cosmétiques au lieu de trancher dans le vif comme l’ont fait d’autres sélections nationales confrontées aux mêmes défis. Le renouvellement des effectifs doit s’accompagner d’un nouvel état d’esprit fondé sur la discipline et l’altruisme.
Jean Marie Nkeze