Au Cameroun, le football est une grande passion. Il a réussi a occuper une place de choix au sein des familles en tissant sa légende au fil du temps. Avec la naissance des clubs de légende comme le Canon, Tonnerre, Racing, Union, Oryx de Douala… l’histoire s’est construite en donnant une autre image du pays. Les matchs étaient courus. Sauf qu’au fil du temps, les modèles ont évolué. Malheureusement, les clubs n’ont pas suivi. En effet, de nombreux clubs camerounais tirent le diable par la queue faute de moyens. Le baromètre des salaires sur Synafoc est un indice même si certains se distinguent.
Le mécénat s’essouffle progressivement. << C’est une bonne problématique. Je pense que les dirigeants de clubs ne travaillent pas assez pour mieux structurer leurs équipes. Ce qu’on appelle professionalisme chez nous n’est qu’un leurre. Il a été décrété sans véritable contenu. Il y a un travail de fond à faire. Combien de clubs sont vraiment structurés >>, commente Idriss Armel Nama. Les clubs n’ont pas réussi leur transformation en véritable structure professionnelle jusqu’ici. L’industrie du sport au Cameroun est encore en friche en dépit de quelques efforts fournis ça et là. Cette industrie peut dynamiser notre économie si c’est bien organisée.
L’arrivée de la Ligue de football professionnel du Cameroun (Lfpc) avait nourri beaucoup d’espoir. Malheureusement, les choses n’ont pas avancé. Selon plusieurs experts, l’Etat devrait mettre en place un bon modèle de financement du football dans notre pays. << Je vois des gens tirer sur les présidents de clubs à chaque fois. Peut-être avec raison. Sauf qu’ils ne peuvent pas tout faire. A mon humble avis, il faut juste repenser tout le système. Et rappeler aux uns et aux autres que tout le monde ne peut pas être président de club. Il faut déjà avoir les moyens conséquents avant de compter sur l’État. Je souhaite que l’État s’intéresse à la relance de ce sport. Coton sport était le dernier rempart pendant des années. Pour moi, c’est le seul club structuré au Cameroun. On voit aussi un travail de fond du côté de Canon depuis quelques années >>, souligne Narcisse Nlend, marketiste.
En attendant cette refonte, les clubs peinent, selon Franck Ngouo, a se structurer en interne. Ce qui rend difficile le financement : << est-ce que ceux qui dirigent les clubs ont le profil ? C’est ça la question centrale. Nos clubs n’ont même pas de simples stades d’entraînement. L’État pourrait même prendre une disposition pour amener les entreprises à financer les clubs pour une durée précises avec un droit de regard. Cela passe par une concertation. Au regard du nombre de jeunes qui pratiquent cette activité, l’Etat devrait trouver une bonne politique. C’est mon souhait. Mais avant, il faut former ces présidents. >>
Le professionnalisme est un tout qui necessite une bonne organisation. La relégation des Girondins de Bordeaux devrait inspirer, selon Brice Onana : << Il faut un organe pour auditer les clubs au Cameroun. Cela va nous aider à mieux structurer les choses. On doit cesser avec ces clubs où le président fait tout. Voilà Bordeaux qui n’a pas eu assez de moyens et est rétrogradé en National 1. On doit fixer les bases pour redécoller. Aujourd’hui, nos meilleurs joueurs vont en Tanzanie, Zambie. Il faut revoir le système de notre football autour d’une table. Des choses sont faites. Mais beaucoup reste à faire >>.
Samuel Eto’o Fils est arrivé à la Fécafoot avec pour objectif de donner au football camerounais toute sa grandeur. Dans sa vision, il était question de réduire le nombre de clubs en Élite. Cette saison, on aura 16 clubs sur la ligne de départ en Élite One. Sauf que, le chemin vers la professionnalisation du football camerounais est encore long.