L’histoire ne sera pas nouvelle et pourtant, l’on fera comme il faut sans doute s’y attendre, probablement semblant de s’offusquer. De cette débacle qu’on croit venue d’ailleurs mais dont les éléments déclencheurs étaient réunis dans nos mains. Au vu et su de tout le monde. Est-ce à une compétition de haut vol que le Cameroun était invité? ou à une foire d’empoigne où le mérite voire la consécration reviendrait à la formation la plus déglinguée?
L’édition brésilienne de la coupe du monde qui se joue en ce moment, consacre pour le confirmer en tout cas, la dégénérescence accentuée d’un football camerounais, perclus de fausses certitudes et pollué dans sa simple gestion, par tous les courants de récupérations tant politiques qu’alimentaires.
Oui il était une fois et l’est toujours, une sélection nationale, objet de toutes les convoitises:
– de celle des politiques au plus haut niveau de l’Etat qui ont adossé sur son dos, toutes leurs espérances et pensent incessamment à travers des résultats de circonstance, rattraper leurs défaillances;
– de celle aussi des fonctionnaires, écume paresseuse et prébendière, fabriquée par une administration dévoyée qui a fait de ces singuliers personnages, de véritables pestes et sangsues au service de l’inertie et de la reculade;
– de celle enfin, d’une catégorie bigarée faite de tous les passionnés de ce sport ou qui s’en réclament, qui ont choisi d’infester le milieu, non pour réellement promouvoir le football, mais pour accéder aux dividendes, passerelles et autres situations de pouvoir, censés dégouliner de ce sport. C’est bien ça en raccourci, la ménagerie qui s’occupe du football au Cameroun. Point besoin qu’elle ait de l’imagination pour innover puisque ses préoccupations sont ailleurs.
Ce qui nous arrive au Brésil n’est que le retardement par trop prolongé, d’une imposture qui n’a pas lieu d’être, qui aurait dû s’arrêter il y a longtemps si au moins, le souci de penser développement, hantait la conscience des dirigeants qui se sont succédé aux responsabilités.
CORRECTION ET MAT
L’on a bien vu une génération glorieuse de nos talents, péricliter, arriver en fin de règne sans que cela n’émeuve personne, ni ne suscite une réaction palliative allant dans le sens de la régénération.
L’on a vu des succès venir par à coups, à l’extrême limite du dépassement de soi parce qu’après tout, il y avait un honneur à sauver par-ci, un rang à tenir par-là, un nom à porter par-ailleurs. Cela a semblé suffire pour croire que la performance était inscrite dans nos gènes, demeurait pour l’éternité et qu’on pouvait se passer du travail à la base, de la préparation aux conquêtes.
L’on a également su, que tout cela reposait sur l’esbrouffe, l’enfumage permanent de nos adversaires. Mais pour autant, on ne s’est pas ravisé à temps, espérant que la Providence sera toujours des nôtres et que comme marque de fabrique, le dépassement de soi nous garantira la gloire infinie.
Le Cameroun tutoie les sommets en entretenant le mensonge. Il est en coupe du monde sur un concours successif de circonstances favorables. Son championnat national dit professionnel, est une honte pour le football. Il varie à l’humeur des dirigeants en place en bafouillant les règlements de jeu et en tordant le cou à l’équité la plus élémentaire. De telle sorte que pour calmer le jeu de cette désorganisation totale qui a vu ses propres dirigeants s’écharper et demander la suspension de leur propre fédération, il a été mis en place un comité de normalisation dont les menées jusqu’aujourd’hui, empruntent plus au désordre et à la corruption qu’à une certaine orthodoxie de gestion.
Impossible n’est pas camerounais entend-on souvent comme pour faire un pied de nez ou tenir un stupide défi au simple bon sens. Voilà que l’impossible nous a rattrapés hier dans un baroud d’honneur où il était interpellé. On ne peut pas indéfiniment faire de l’équilibrisme sur un grand vide organisationnel. Face à la cruelle réalité d’aujourd’hui, tout cela n’a plus de sens. Nos différentes déculottées nous montrent que l’impossible est devenu notre récurrence et accompagne fort bien notre politique d’inaction. Juste récompense à la fin de tous les mensonges dans lesquels nous baignons. Le rideau est tombé et il va falloir bien faire face à la réalité: celle de notre médiocrité et des moyens d’en sortir.