Plusieurs d’entre vous se rappellerons sans doute ces paroles fredonnées par les élèves des écoles publiques du Cameroun : «Cameroun mon pays, j’aime bien ton histoire et ta sauvagerie qui tend vers le bonheur, afin que tu prospères, nous t’offrons notre vie, vive le Cameroun dans la joie et l’honneur…» La joie et le bonheur y sont toujours présents…La joie, le bonheur, procurés par le football et la sélection nationale, les légendaires «Lions Indomptables».
Mais où est donc passée la dignité, que dis-je, l’honneur? Il n’y a qu’à plonger dans le passé pour constater qu’après cinq phases finales de Coupes du Monde, rien n’a changé au pays des pourtant quadruples champions d’Afrique. Aucune infrastructure digne de ce nom! la charte de 1972 sur le football au Cameroun est toujours en vigueur et brandie par certains responsables sportifs pour freiner celle modifiée par l’ancien ministre des sports, Monsieur Bipoun Oum, que nous saluons bien bas pour son courage et sa clairvoyance.
Nous revenons une fois de plus pour parler du football de ce pays, de ses footballeurs, mais aussi de son fervent public, qui ne méritent pas à nos yeux d’être traité avec autant de mépris. Car ce qui s’est passé lors du Mondial Asiatique en a scandalisé plus d’un. Rigobert Song et ses « frères », qui étaient annoncés parmi les favoris de ce 17ème tournoi de la FIFA, pouvaient attendre mieux de la part de leur dirigeants. Mais c’était sans connaître l’opiniâtreté de ces derniers, dépourvus d’honneur et de dignité, à détruire et à anéantir les derniers avatars du football de leur pays. On est en passe de croire que ces comédiens n’ont cure de ce sport… Et n’en tire aucun intérêt… Soit. Mais, comment diable, peuvent-t-ils scier la branche sur laquelle ils sont confortablement assis, hein ! ?
Le plus triste, c’est que tout va repartir comme si de rien n’était… Dans l’indifférence la plus totale. Après tout, que s’est t–il passé de si dramatique au Japon en juin dernier pour qu’ils en fasse cas, hein ? Un tour de passe-passe par-ci, des tables rondes et des assises extraordinaires par-là, et … clap !!! Ils font croire à qui veut encore les écouter, que les leçons de l’échec ont été retenues, que les dispositions les plus adéquates ont été prises. Ils jurent même par tous les saints qu’on ne les prendra plus. Mais pourtant, au clap pardon au Kpat !! du «metteur en scène» bien heureux de se trouver à pareille enseigne, tout va repartir comme avant. Amnésie quand tu nous tiens…
«Silence ! Public floué du Cameroun, on tourne…»
Trente ans. Voici trente ans que les piètres acteurs qui se succèdent à la tête et aux destinées du football camerounais marquent leur passage du sceau de la médiocrité. «Après le marasme… Le Marasme!» Tel pourrait s’intituler l’énième épisode d’une piteuse série toujours en cours. Qui s’en plaint après tout, hein ! ?
Changement de couleurs…
Certainement pas ceux qui après avoir décroché l’oscar de l’incompétence, s’en retournent plumer la «poule aux œufs d’or», dans des aventures aussi fructueuses que rocambolesques! Dans le dernier épisode de la farce haletante servi au public lors de la Coupe du Monde, Bidoung Mkpatt alias «Indiana Jones» tenait le haut du pavé. Dans toute sa splendeur, il incarnait cet aventurier qui arrive à ses fins après bien des turpitudes. Le ministre des sports et des «Efforts Inutiles» endossait même d’autres casquettes. Réalisateur et scénariste. Rien ne pouvait donc lui échapper! D’ailleurs, héros malgré lui, il n’a jamais eu besoin de répéter ses gammes pour être parfait dans des rôles de sa propre composition.
Pierre Bidoung, en chef de bande du périple asiatique, nous a fait atteindre les sommets du suspens ! En effet, qui n’a pas spéculé sur la durée du mouvement de grève enclenché par les «Lions Indomptables» dans un hôtel parisien, au moment de rejoindre Nakatsué leur lieu de retraite au Japon? Qui d’autre que le chef, après la terrible épreuve infligés aux joueurs, comme à leur supporters, aurait imaginé l’escale forcée de Bangkok due à une interdiction de survol des territoires vietnamien, cambodgien et philippin? Qui encore à part lui, aurait pu tenir le spectateur en haleine en faisant rapatrier une mallette de dollars du Cameroun, afin de ravitailler en carburant l’avion garni des 23 naufragés-figurants, cloué au sol en Thaïlande, hein!? Cela dit, le Boeing 737 inconfortable et inadapté pour effectuer un aussi long voyage, ne pouvait que parfaire les desseins de cet homme de lettres passé architecte du septième art.
Alfred Hitchkock, le regretté maître du suspens à Hollywood se trouve relégué aux oubliettes du scénario du genre par son désormais homologue camerounais. Et pour les cascades aériennes, Sir Bidoung en homme averti, avait pris toutes ses dispositions. Il était doublé par un spécialiste, André Nguidjol, la guest-star du film. Plus qu’un cascadeur, l’intendant des « Lions Indomptables » est passé pour les besoins de cet épisode qui se voulait encore plus original que les précédents, (puisqu’ils veulent toujours se dépasser dans la connerie!), maître de l’illusionnisme. N’a t-il pas réussi à faire embarquer depuis Yaoundé, des joueurs dont Samuel Eto’o, qui se trouvaient pourtant à Paris, en salle d’attente à l’aéroport de Roissy?! David Coperfield, leader en la matière aurait lui aussi apprécié. Mais, que l’ex-compagnon du top model allemand Claudia Schiffer se rassure. André Nguidjol ne fait que perpétuer une tradition de fraude instaurée par ses prédécesseurs, qui consiste à faire voyager des particuliers sous de faux noms, moyennant une coquette somme d’argent! Mais aussi, la question qui revient à l’esprit de certains observateurs est la suivante : Comment fait-on pour dépenser cinq milliards de francs CFA lors d’une Coupe du Monde (l’argent des contribuables sortie du trésor public), lorsque tous les frais sont payés par les organisateurs et les sponsors? A qui profite cette manne? Le scandale de 1998 en France ayant laissé perplexe plus d’un, ne serait-il pas temps de jeter un coup d’oeil sur les comptes de ses dépenses comme l’avait fait l’ancien gouvernement de Monsieur Ahidjo en 1972 lors de la Coupe d’Afrique des Nations organisée par le Cameroun? Il va probablement falloir rendre des comptes un jour sur un système créé depuis 1972 et aujourd’hui amélioré par des personnages haut en couleur, mais tout de même intelligent. Reconnaisons-le!
«Comment fait-on pour devenir chef… chef!?»
Incroyable de bénéficier d’une telle impunité! Alors, puisque personne ne rend de comptes à personne, dans ce climat d’insouciance générale, il est donc normal que le plus haut responsable de cette farce, le meilleur acteur de la place, ose chercher d’autres raisons que sa propre faillite à ce qui est aujourd’hui le plus gros syndrome du football de son pays. Oui le plus gros syndrome car, jamais le Cameroun n’avait eu une équipe aussi forte, aussi ambitieuse, et aussi méticuleusement préparée. Et cette génération exceptionnelle de joueurs qui arrivait à maturité, pouvait légitimement nourrir les espoirs les plus fous. Entre deux CAN remportées au Nigeria puis au Mali, les «Lions» avaient décroché le titre olympique à Sydney (2000). Tout le monde connaissait le potentiel de ce groupe. Enorme. Il fallait le ménager, en gommant progressivement les imperfections (notamment administratives) autour des joueurs, afin de les préserver, et les faire progresser mentalement. Tout le monde le savait. Sauf la poignée de comédiens irréductibles qui sert de dirigeants aux «Lions Indomptables» : Bon sang ! Les carences administratives influent sur le psychisme des joueurs, et sur leur rendement !!! Une Coupe du Monde ne se gagne pas seulement par le talent de onze « mecs » en culottes courtes sur un terrain de jeu ! Le succès est aussi le fruit d’un travail minutieux effectué autour de ces derniers. Du blanchisseur au cuisinier, en passant par le médecin et l’intendant, tous doivent connaître et tenir leur rôle à la perfection. Comme dit le footballeur français Zinedine Zidane, «Le football, c’est d’abord une question de mental… » Aussi, un champion mal encadré ne peut réussir grand chose. Et lorsqu’on est mis dans de mauvaises dispositions psychologiques on a peu de chances de réussir de grandes performances.
Le Cameroun a souvent gagné en Afrique, grâce au seul talent des joueurs, qui dominent en compagnie du Nigeria le football continental depuis vingt ans. Les succès ont hélas, toujours masqué les carences des équipes dirigeantes. Mais lorsqu’il faut passer à l’échelle supérieure, lorsque la seule qualité des joueurs ne suffit plus pour faire la différence comme dans un tournoi aussi relevé que la Coupe du Monde, alors les errances et les erreurs de navigations des dirigeants sont criantes, et précipitent la chute de leurs poulains. C’est en pâture que les dirigeants camerounais et le premier d’entre eux, le chef de l’expédition Japon 2002, Bidoug Kpatt ont livré leurs protégés à des adversaires qui n’en demandaient pas autant !
Le chef est responsable du… Cosmos. Il doit assumer le pouvoir dans toute sa dimension. Que l’intendant des «Lions» oublie de régler une note, que les joueurs se soient mis en grève pour réclamer leurs primes, qu’ils aient pris du retard dans leur préparation, ou que la compagnie aérienne soit défaillante, le chef est responsable de la situation. C’est injuste, c’est dur à admettre, mais c’est là-même toute la réalité du pouvoir. Car, c’est bien lui le chef, qui choisit les hommes et son entourage, pour diriger. Dans la victoire (c’est toujours plus facile !) comme dans la défaite, Dr. Bidoung devait assumer ses responsabilités, et ainsi tirer les leçons de son cuisant échec! Il nous revient que certains contrats signés par ces dits responsables n’ont pas été respectés. Et cela enlève tout le crédit que les performances des joueurs ont apportés au football camerounais.
Au lieu de cela, le comédien flanqué de sa troupe fidèle, dans un dernier acte de bravoure des plus pitoyables s’est réfugié derrière un faux problème : celui de l’âge avancé des joueurs, pour expliquer la faillite lors du mondial. Soyez sérieux quelques secondes dans votre tête, et arrêtez de faire passer les footballeurs pour de vulgaires voyous et des farceurs de l’état civil ! Car, si tricheries il y a de leur part, ils ne sont que les victimes d’un système pratiqué par toutes les couches sociales du pays. Et, si le football et vous, ses «fidèles» représentants pouvez servir de détonateur pour éradiquer le fléau qui a depuis la nuit des temps gangrené l’ensemble du territoire, alors, pourquoi pas ! Mais de grâce, épargnez-nous des arguments aussi légers. Car, les joueurs que vous semblez aujourd’hui incriminer étaient déjà «vieux» lorsqu’ils ont remporté la CAN cinq mois plus tôt au Mali (Bamako 2002), sans concéder le moindre but, et après avoir eu la ligne offensive la plus prolifique du tournoi.
C’est à vous de voir maintenant…
L’issue d’une Coupe du Monde est toujours l’occasion d’entamer un nouveau cycle. De dresser un bilan et se fixer de nouveaux objectifs. Cela passe parfois par le remplacement de certains joueurs… par d’autres. Un remplacement savamment dosé qui permet de pérenniser (dans le cas du Cameroun) l’équilibre du groupe, et son ETAT D’ESPRIT qui jusqu’à preuve du contraire est bon. Le rajeunissement de l’effectif aussi louable soit t-il ne doit donc pas se faire à l’emporte pièce, de manière systématique et anarchique. Alors, attention messieurs les dirigeants, arrêtez de scier la branche… Ne tuez pas ce que vous avez plusieurs fois tenté d’assassiner!
ET la compétence alors !?
Après autant de scénarios aussi rocambolesques les uns que les autres, on est à même de se demander si les dirigeants ne font pas exprès d’être aussi peu inspirés. Mais que cachent-ils ? Nous sommes enclins à penser que autre chose se cache derrière cette incompétence manifeste des dirigeants sportifs camerounais. En fait, ces messieurs ont la compétence pour diriger le football de masse, à partir de la base… Le football amateur pour ne pas le nommer. Ils peuvent et savent planifier les grandes lignes à suivre. L’action menée par le français Robert Corfou depuis deux ans maintenant à travers le pays, pour re-dynamiser le football des jeunes dans les provinces les plus retranchées est une bonne initiative. Bien coordonnée, et suivie, elle devrait porter ses fruits. Les autorités du pays par le biais du Président de la Fédération (FECAFOOT) – parfait dans le rôle de l’homme invisible ! – se sont également prononcées pour le lancement en octobre prochain d’un championnat national junior, digne de ce nom. Il était temps car, depuis 1981, et une première participation en Coupe du Monde, le public attendait ce véritable tournoi destiné aux seuls et vrais juniors. Mais à quoi et à qui va servir le football junior ? A t-on pensé à intégrer ces jeunes au sein des formations nationales comme le Tonnerre, le Canon, l’Union de Douala ou autres? Ces jeunes appartiendront-ils à une continuité de formation et d’intégration comme pratiquée par les clubs européens, voire Sud-Américains ? Nous attendons de voir… Mais, pour ce qui est du football d’élite, Bidoung ainsi que ses prédécesseurs présentent des carences. Ils ne sont pas préparés à la haute compétition, encore moins à ses exigences. Ils ne sont pas professionnels. Comme un footballeur qui prépare ses gammes, un dirigeant doit apprendre sa tâche. Savoir le rôle qui est le sien, et sa responsabilité au sein de l’organisation dans laquelle il évolue.
Le plus surprenant, est que ces oiseaux rares existent sur place, au Cameroun et aussi en dehors. Oui ! Il existe des gens compétents, rompus aux exigences du sport d’élite, et capables de diriger le football au Cameroun. Et ce n’est qu’en sollicitant ces hommes désintéressés par l’appât du gain, mais soucieux de servir avant tout un sport qu’ils aiment, que l’on mettra les joueurs, derniers maillons d’une chaîne bien huilée, dans le sens de la marche et du succès. Oui, cela paraît idyllique, un rêve, mais des dirigeants compétents au plus haut niveau, existent bien au Cameroun! Il serait temps par conséquent de mettre un terme à la comédie qui dure depuis trente ans ! Arrêtez d’être ridicules et de prendre les supporters pour des imbéciles ! Tous les anciens footballeurs de cette équipe des «Lions Indomptables», de Tokoto Jean-Pierre, Makanaky, Abéga Théophile, Omam Biyik à Joseph Antoine Bell, ne comprennent point ce qui se passe. Allons-nous assister à la mise à mort d’une institution qui a tant donné pour la reconnaissance de ce pays, sans mot dire? Car la relation qui lie le public à son équipe est des plus passionnelle. Et il serait criminel d’abandonné cette «raison d’être» entre les mains de tels irresponsables. Il est temps d’arracher le football camerounais, des serres de ces piètres comédiens ! La main mise de ces crapules incompétentes sur le football ne peut plus durer ! Il faut définitivement empêcher cela ! D’ailleurs, «Si quelqu’un a quelque chose à dire pour empêcher cela, qu’il lève le doigt ou se taise à jamais ». Camerounais, ne vous laissez plus endormir par ces amnésiques, maîtres de l’illusion !
Il serait curieux de connaître la contenu du rapport qui sera envoyé au chef de l’Etat Camerounais, Monsieur Paul Biya, après la scandaleuse expédition du Japon … Rapport qu’il attend probablement toujours sur son bureau ! Seul l’avenir du football camerounais et l’orientation qui lui sera donnée dans les prochaines années nous apportera un éclaircissement sur cette question. «Ô Cameroun, pays de nos ancêtres, nous te serons fidèles et très reconnaissants. Nous serons là toujours… Dignes, toujours obéissants, toujours laborieux…» Bref, M. le ministre des sports, faites donc le clip qui marquerait la fin du dernier épisode d’une comédie de mauvais goût, qui a assez duré !
Charlie Mouna à Paris