Mis à l’étroit par des policiers qui ont pris leurs places dans la tribune de presse, puis interdits d’accès à la zone mixte pour des interviews toujours sur instruction d’un Commissaire de police, les journalistes camerounais ont encore vécu un après-midi incroyable ce jeudi, lors du match amical ayant opposé les Lionnes à la Tanzanie, au stade Omnisports de Yaoundé. Ils en appellent à la CAF afin que celle-ci puisse recadrer la police locale qui selon eux, se trompe de contexte. Leurs réactions.
Lindovi Ndjio, La Nouvelle Expression
«A l’allure où vont les choses, il y aura clash au lancement de la Can. Pourtant représentée lors des réunions du Cocan, la police ne change pas toujours sur le terrain. Quand ils ne choisissent pas les sièges de la tribune presse, où ils viennent dicter leur loi aux journalistes, ils vous empêchent de vous déployer sur le terrain. Il va falloir un séminaire particulier aux policiers. Ils vont jusqu’à vous exiger des costumes pour entrer au stade. C’est extraordinaire quand même».
Mirabeau Mahop, Canal 2
«Nous sommes à 9 jours d’une compétition internationale, on attend de recevoir des étrangers, et donc il y a certains automatismes qu’on devrait déjà tous avoir. Ces matchs amicaux des Lionnes c’est pour permettre à tout le monde de se recycler, de se mettre au pas avant le coup d’envoi. Mais ce n’est pas toujours ça. Autant on doit éduquer le public à accepter les résultats des matchs, autant on demande à la presse de rendre fidèlement compte des rencontres, autant on doit éduquer la police pour qu’elle sache ce qu’elle doit et ne doit pas faire. Sinon il y aura un clash et c’est la CAF qui va se sentir choquée. La CAF doit chercher à comprendre si on a ces automatismes internationaux, et voir comment recadrer la police afin que la couverture médiatique du tournoi ne vire pas à une pluie de faits divers».
Jean Marie Nkoussa, Stad’Afric
«La police ne comprend pas bien son travail. Celle-ci passe le temps à nuire aux autres notamment, la presse. Je suis arrivé au stade ce jeudi, et j’ai remarqué que les places de la tribune de presse étaient occupées par des journalistes, mais également par des policiers. Ils se croient tout permis. Ce qui est inimaginable dans d’autres pays. Le gouvernement camerounais devrait à mon avis organiser des séminaires spécifiques pour ces corps de métier. A défaut il faudrait appeler la CAF au secours, en espérant que les choses puissent changer dans l’environnement camerounais. Parce qu’on a le sentiment qu’on aura toutes les peines à couvrir la prochaine Can».
Alain Kanga, Canal 2
«La police passe le temps à frustrer les journalistes dans les stades. C’est la même chose tout le temps. C’est à croire qu’ils ont un problème particulier avec la presse. La Can c’est dans 9 jours, et j’ai l’impression que le gouvernement a oublié les hommes en tenue à un séminaire clair. Par conséquent, il faut peut-être que la CAF insiste pour l’éducation de ces policiers, afin qu’il n’y ait pas de confusion pendant le tournoi. Imaginez que ces policiers viennent à interdire des journalistes étrangers de faire leur travail convenablement, parce qu’un tel commissaire à donner ses instructions. Ce serait dramatique pour notre image. La CAF doit clairement donner la conduite à tenir à ces hommes en tenue».
Recueillis par Arthur Wandji