Si le sélectionneur néerlandais des Lions Indomptables du Cameroun est un communicateur hors-pair, le match en tête d’affiche de la 2e journée du Groupe F de la Coupe d’Afrique des Nations a exposé pourquoi un si grand talent a eu des difficultés à s’imposer comme technicien dans les clubs qu’il a eu à diriger. Il ne faut pas exclure que la couleur de sa peau est déjà un facteur limitant. Mais contrairement aux autres africains ayant la même couleur de peau, il s’est vu offrir des opportunités qu’il pas pas su saisir.
Le match contre le Ghana en est une illustration.
Au sortir d’un match quand même bien maîtrisé contre la Guinée Bissau, il a décidé de faire tourner son effectif. Et pourtant, le match était d’une importance capitale pour la qualification. Et pourtant, les automatismes commençaient à naître entre les joueurs du milieu de terrain par exemple entre le très talentueux Zambo Anguissa et Arnaud Djoum. Cet élan a été stoppé par le choix du coach de laisser de côté le joueur du Hearts et ne jouer qu’avec deux milieux de métier, préférant faire monter deux défenseurs, Fai Collins et Oyongo Bitolo, sur le côté pour compléter son groupe de quatre dans un système non encore expérimenté de 3-4-3.
Si dans un premier temps, et notamment dans les trente dernières minutes de la première mi-temps, les Lions ont bien dominé les hostilités, avec des joueurs qui évoluaient hors position et le phénomène naturel de fatigue, le jeu est devenu haché, avant que les Ghanéens n’en prennent définitivement le contrôle dans les dix dernières minutes.
Interrogé par un de nos collègues de la télévision nationale sur le fait qu’il ait choisi de sortir celui qui stabilisait le milieu de terrain, et qui a finalement été désigné le joueur du match, Zambo Anguissa, Clarence Seedorf, intelligent, a choisi d’insister sur le fait qu’il doit ménager ses joueurs qui sortent tous d’une longue saison. Ubuesque.
Il y a aussi ce choix de laisser de côté un attaquant de pointe de métier en Stéphane Bahoken, pour déplacer et esseuler Toko Ekambi dans l’axe, question de trouver de la place à Clinton Njié sur le côté gauche. Le résultat est un manque de liant entre la triplette offensive qui n’a pas réussi à se trouver de leader technique d’Autant plus que Bassogog parait en dessous de sa forme de la CAN 2017.
Pour le coach et analyste sportif François Ngoumou, c’est « un Cameroun poussif qui a fait match nul ce samedi soir. Seedorf vient experimenter un dispositif de 1-3-4-3 en pleine compétition ? A la 74e minute, il se rend compte que ça ne tourne pas et revient en 4-3-3, mais sort Zambo Anguissa et le Cameroun frise la correctionnelle tant cette sortie libère les ghanéens qui deviennent dominateurs et se créent trois occasions nettes dans les cinq dernières minutes. On reste sur sa faim et on est plus songeur que rassuré à l’issue de cette rencontre. »
Le sélectionneur a une autre chance de se refaire s’il veut éviter l’humiliation, pour le Cameroun, de se faire repêcher parmi les meilleurs troisièmes et affronter l’un des cadors en huitièmes de finale.