Loin d’être une rencontre banale pour régler certains automatismes et rentrer dans les annales de la Fifa, le duel entre les Bleus et les Lions indomptables se présente toujours comme une petite finale de la Coupe du monde non seulement pour les différents acteurs sur le terrain, mais également pour les fans des deux sélections unis par les liens du colonialisme.
Et si l’histoire m’était contée ! Deux rencontres inoubliables entre le Cameroun et la France, depuis des décennies. Le tout premier match, c’était le 10 octobre 2000. Score de parité (1-1). C’était aux lendemains de la médaille d’or olympique du Cameroun, remportée après avoir laissé sans voix sur le gazon le Brésil et l’Espagne. Patrick Mboma, en réalisant un retourné acrobatique digne des attaquants Camerounais à la trame de Mbappé, Manga, Milla, Omam Biyick ou encore Samuel Eto’o, imposait le respect pour les Lions indomptables alors entraînés par le Français Pierre Lechantre. Même si les Bleus, avait déjà fait régner la loi du domicile à la 19e minute par l’entremise de Sylvain Wiltord. Jamais avant cette date, la France et le Cameroun ne se s’étaient affrontés avec leur équipe A. C’était donc une première confrontations contre le « colon » ou encore « nos ancêtres les Gaulois » comme on nomme communément les français au Cameroun. «Ancêtres», le mot n’est pas dénué de tout sens quand on sait que le destin a croisé le chemin des deux peuples depuis que le Cameroun avait été placé sous tutelle française par la Société des Nations (Sdn).
Symboles
En 2003, lors de la Coupe des Confédérations, le Cameroun en deuil suite au décès de Marc Vivien Foé au stade Gerland de Lyon lors de la ½ finale contre la Colombie, perd la finale (1-0), but de Thierry Henri. Le pays des fauves est en deuil mais le plus important est ailleurs. Français et camerounais, le temps de 90 minutes, ont célébré une longue et riche amitié. Cette amitié qui encadre les rapports entre les deux fédérations : la fédération française de football (Fff) et la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). A peine élu, Tombi à Roko Sidiki, le nouveau président de la Fécafoot a été reçu par le président de la Fff. Une rencontre tchargé de sens et de symboles pour les deux institutions. Passé ce temps des accolades chaleureuses et des photos pour les annales, voici le match entre les sélections fanions des deux pays. Mieux qu’une séance de travail et un match, c’est le temps de la célébration d’une amitié ancienne et riche pour les deux parties.
Portée historique
Ce 30 mai 2016 à 20h, le Cameroun sera à nouveau face à la France. Il se jouera à Nantes, ville qui a accueillie des internationaux camerounais qui étaient à l’époque parmi les potentiels les plus talentueux d’Afrique : Salomon Olembé et Eric Djemba Djemba. Que de souvenirs !
C’est aussi le match qui fait revivre de doux souvenirs et l’histoire profonde entre les deux nations. Que de footballeurs Camerounais ont joué ou jouent en France, que de techniciens Français ont entraînés les sélections camerounaises avec au final, des fortunes diverses. En retour, il n’est pas aisé de parler de l’histoire du football français avec son côté accueillant sans y ajouter les noms de certains Camerounais. De ceux-ci, Zacharie Noah, Eugène Njoh Léa, Gabriel Abessolo, Albert Roger Milla, François Omam Biyik, Marc Vivien Foé, Joseph Antoine Bell etc. Ce n’est donc pas à vulgaire match amical que nous allons assister ce soir, mais à un grand moment de l’histoire. Une défaite certes, serait accueillie comme un deuil aux quatre coins du Cameroun quand on sait que cette confrontation est aussi un match de gueule. Mais le fair-play aidant, on prendra le résultat avec sportivité. Balle au centre, que le meilleur gagne !
Christou DOUBENA