La Coupe du monde 2014 va consacrer le triomphe du football dans son élément. Entre le Brésil et le trophée le plus convoité de la planète, c’est comme un mariage d’amour ou ce qui peut en tenir lieu. Depuis, en effet, le lancement officiel du tournoi en 1930 en Uruguay, l’épaisseur du palmarès ainsi que la liste des joueurs de légende originaires du pays de la Samba sont si impressionnants qu’on en vient presqu’à oublier que la sélection nationale la plus capée en coupe du monde de football (5 titres) a très peu accueilli et remporté le prestigieux tournoi sur son propre sol.
En quatre-vingt quatre ans, c’est, en effet, pour la deuxième fois que la patrie du roi Pelé organise la plus grande fête planétaire du ballon rond. Avec pour ambition de remporter le trophée, pour la première fois, à domicile. Or, contrairement aux apparences, ce tournoi ne devrait pas être une simple partie de plaisir pour le pays-hôte, qui, en dépit de nombreux atouts réels ou supposés, devra batailler ferme pour s’imposer face à d’autres prétendants aussi costauds, sérieux que motivés.
On ne reviendra pas sur le formidable impact sportif, économique, social et culturel de la plus grande fête mondiale du ballon rond. En termes d’infrastructures, de délégations officielles, de visiteurs attendus et de couverture médiatique, l’événement s’annonce grandiose. Les moyens mobilisés, les recettes attendues en devises fortes, se chiffrent en milliards, mais au-delà des chiffres propres à donner du tournis, demeure l’aspect festif qui combine à la fois la joie de vivre, les sons, les couleurs, la convivialité, l’hospitalité dans un esprit de solidarité, de fraternité et de respect mutuel. Pour reprendre la formule de l’un des meilleurs connaisseurs de la Coupe du monde, le Brésil est certainement le pays qui a le plus donné et reçu du football international. Il lui reviendra donc, tout le long du tournoi, « d’assumer ses responsabilités » en faisant de ce rendez-vous un moment inoubliable à ranger dans les annales de l’histoire.
Par sa diversité sociologique et culturelle, le Brésil représente un condensé des valeurs incarnées par le sport et le football en particulier. La présence sur son sol des délégations en provenance des quatre coins de la planète, le brassage et les échanges que cela suppose constitueront, à n’en plus douter, un moment exceptionnel de fraternité et de coexistence pacifique dans un monde en proie à l’instabilité et aux turbulences diverses. Pour sa septième participation à la Coupe du monde, le Cameroun, au même titre que d’autres équipes africaines qualifiées, est attendue sur le terrain de la performance pour battre un nouveau record. Reste à savoir si la sérénité et la détermination seront au rendez-vous après la dispersion d’énergies qui vient d’avoir lieu après d’interminables discussions au sujet du paiement des primes exigées en liquides par les joueurs. Il reste à souhaiter que ce fâcheux épisode qui tend malheureusement à se répéter, soit vite oublié pour laisser place nette au jeu. Et sur ce terrain, l’écrasante majorité de nos concitoyens fonde, malgré tout, beaucoup d’espoir sur les Lions appelés à rugir comme jamais pour rebooster leur moral et faire mentir ceux qui les enterrent déjà vivants. Plus que toute autre discipline, le football se pratique dans une « glorieuse incertitude » et le vainqueur final n’est pas toujours celui que l’on croit sur papier.
Avec la grande fête qui s’ouvre, chaque sélection doit jouer à fond sa partition. Pour que la victoire revienne au meilleur de la classe !
Jean-Marie NZEKOUE, Cameroon-Tribune