L’affaire de la suspension du capitaine des Lions Indomptables, Samuel Eto’o Fils pour 15 matches joue les prolongations. Malgré une accalmie apparente, il se déroule en coulisses une véritable guerre de tranchée entre le gouvernement et la Fédération camerounaise de football.
L’objectif étant de contraindre la Fécafoot à revenir sur sa sanction contre le buteur des Lions Indomptables. Sanction devenue définitive après que le délai dont il disposait pour faire appel a expiré.
Vendredi dernier, Iya Mohammed a été convoqué pour une nième fois dans les services du Premier ministre à Yaoundé. Le président de la Fécafoot se trouvait à Garoua et a rapidement rallié Yaoundé. Iya Mohammed et le ministre des Sports, Adoum Garoua ont donc été reçus par le Premier ministre. Philemon Yang aurait alors dit au président de la Fécafoot, selon nos sources, qu’il est porteur d’une instruction, qui enjoint la Fécafoot de mettre la pédale douce sur la sanction d’Eto’o. Le président de la Fécafoot est resté de marbre, campé sur ses positions. Il a redit au Premier ministre qu’il était hors de question pour lui, le plaignant, de faire quoi que ce soit pour la levée de la sanction d’Eto’o. Qu’il revenait au joueur de faire appel au cas où il contestait la décision de la commission de discipline. L’autre possibilité, a-t-il ajouté, c’était que le ministre des Sports fasse appel. Or, le délai est lui-aussi expiré.
Quelques jours avant cette réunion du Premier ministère, Iya Mohammed avait été entendu pendant plusieurs heures à la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre). Après cette audition, il aurait immédiatement saisi la Caf et la Fifa pour leur rendre compte des pressions qu’il subit.
L’argument qui est généralement utilisé au cours de ces réunions et tractations qui se multiplient, pilotées depuis le cabinet civil de la présidence de la République, est la menace de trouble à l’ordre public que représenterait la sanction d’Eto’o. A ce sujet, les rapports des services de renseignements seraient contradictoires, sur fond de manipulation, trafic d’influence et corruption.
Certains services affirment qu’il y a une grogne populaire latente à la suite de la sanction d’Eto’o, au point que le « printemps camerounais » (en référence au printemps arabe qui a reversé Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte, etc.) n’est plus loin. D’autres par contre estiment que les Camerounais sont plutôt indifférents ou soutiennent la mise à l’écart du Pichichi pour 15 matchs.
L’affaire Eto’o pourrait connaître un nouveau rebondissement cette semaine. Selon certaines sources, la réunion du comité exécutif qui se tiendra le 6 janvier prochain pourrait décider d’une levée de sa sanction. Pour l’un des vice-présidents de la Fécafoot, le principe de la sanction de « Monsieur Eto’o n’est pas négociable ». Par contre, avons-nous appris, fasse à toutes ces pressions, la Fécafoot se dit prête à réduire la suspension.
Jean-Bruno Tagne