Le président de la Fifa Sepp Blatter, en course pour un nouveau mandat, a été hué par certains délégués présents au congrès extraordinaire réuni à Séoul pour examiner les finances de la Fifa, tandis le secrétaire général Michel Zen-Ruffinen a refusé de prendre part au congrès.
Au cours d’une scène sans précédent dans les meetings traditionnellement policés de la Fifa, des délégués en colère ont sifflé avec virulence le président sortant.
Alors que Blatter, 66 ans, quittait le congrès, lui et son rival à la présidence de la Fifa, le Camerounais Issa Hayatou, ont eu de vifs échanges.
Le Suisse avait auparavant refusé à plusieurs délégués de prendre la parole lors de la séance consacrée aux questions/réponses.
Après que le secrétaire général de la Fifa Michel Zen-Ruffinen eut annoncé son refus de présider la séance aux côtés de Blatter, le président sortant a pu désigner seul les délégués autorisés à parler.
Blatter a notamment refusé la parole à l’Ecossais David Will, vice-président de la Fifa chargé de l’audit interne sur les finances de la Fédération, et opposant déclaré au président.
« Il a été prouvé aujourd’hui qu’il n’y a pas de démocratie à la Fifa, qu’il n’y a pas de transparence », a ensuite déclaré la Norvégienne Karen Espelund.
Blatter a finalement décidé de clore la réunion plus tôt que prévu tout en affirmant qu’il allait prolonger le congrès extraordinaire d’un ou deux jours pour permettre à tout le monde de s’exprimer.
RAPPORT EXPLOSIF
Au début du congrès, Zen-Ruffinen, qui avait publié au début du mois un rapport explosif accusant le président Blatter de malversations financières, a déclaré qu’il n’assisterait pas aux séances du congrès.
« J’ai été empêché par le président et divers autres organismes au sein de la Fifa de m’intéresser aux finances pendant de nombreux mois », a déclaré Zen-Ruffinen.
« Je n’ai pas participé à la préparation du rapport financier qui se trouve devant vous, ni été informé que le rapport était en préparation. »
« C’est pourquoi je dois refuser toute responsabilité personnelle pour les finances de la Fifa. Et, en conséquence, je ne prendrai pas part à la direction de ce congrès », a-t-il conclu.
A quoi Blatter a répondu depuis la tribune : « Je suis très surpris de cela. Ce n’est pas ce qui avait été convenu. »
Le président se présentera mercredi pour décrocher un deuxième mandat de quatre ans face au Camerounais Issa Hayatou et, malgré les sévères critiques dont il fait l’objet, Blatter est considéré comme favori de l’élection qui se déroulera à Séoul à deux jours du match d’ouverture de la Coupe du monde.
« PAS HEUREUX »
Dans son discours d’ouverture, Blatter a déclaré mardi aux délégués réunis en Corée du Sud: « Je ne suis pas heureux. Nous sommes tendus. Nos sentiments sont troublés et il nous manque toujours ce sentiment de joie. »
« Qu’est-il arrivé à la Fifa, qu’est-il arrivé à notre fière et heureuse organisation? Pensez-vous que nous produisions un spectacle destiné à faire les choux gras de la presse? »
Le président sortant est ensuite revenu sur certaines affaires financières qui ont plongé la Fifa dans la tourmente.
« Nous avons surmonté la faillite de notre partenaire marketing ISL-ISMM avec un minimum de pertes. Nous avons surmonté la perte de notre assureur pour la Coupe du monde, nous avons surmonté l’insolvabilité de notre télévision partenaire, nous avons 15 sponsors pour la Coupe du monde 2002, et nous avons des centaines de millions de francs suisses sur notre compte en banque. »
« Une autre organisation serait heureuse d’être en aussi bonne forme, mais une partie de la Fifa ne le voit pas de cette façon ».
« Je suis heureux que 54 fédérations internationales aient appelé à ce congrès extraordinaire. C’est une bonne chose pour la Fifa », a ajouté Blatter.
« Nous allons vous montrer d’où vient l’argent et où va l’argent. Nous n’avons rien à cacher et nous ne cacherons rien. »
« Nous allons vous montrer l’état de nos comptes et vous pourrez vous faire vos propres conclusions car toutes les données financières seront à votre disposition. »
David Will, vice-président de la Fifa chargé de l’audit interne, avait envoyé lundi une lettre aux 204 fédérations membres pour leur dire qu’il allait recommander au congrès de ne pas approuver le rapport financier 2001 ni le budget prévisionnel pour 2003-2006.
Will a affirmé que le rapport présenté aux congressistes présentait « de sérieux défauts ».
« Là où le rapport montre un résultat positif de 154 millions de francs suisses fin 2001, nous avons en fait un résultat négatif de 536 millions de francs suisses », a estimé Will.
Dans un communiqué envoyé aux représentants des fédérations, Blatter a qualifié de « purement subjective » l’interprétation des finances proposée par Will.