Immeuble siège de la Fécafoot sis au quartier Tsinga ce mercredi 06 janvier 2016. Le tour de quelques bureaux donne à voir le sérieux et l’assiduité des occupants. Une ambiance studieuse qui démontre bien que ces derniers ont à cœur de remplir respectivement leurs tâches quotidiennes. Au bureau du responsable des affaires juridiques, à la cellule de communication, au secrétariat général comme au cabinet du président de la Fécafoot, personne n’ose faire allusion au sujet concernant les « comptes bloqués » de l’institution.
Ici, c’est motus bouche cousue. D’ailleurs, certains proches collaborateurs du maître des céans éclatent de rire lorsque le reporter de Camfoot tente de les sonder sur cette affaire qui s’est répandue, telle une traînée de poudre sur la toile la veille. « Ce sont des affabulations. Vous prêtez l’oreille à des agitateurs qui font feu de tout bois pour faire avaler des mensonges et des inepties qui ne sont que le fruit de leur imagination. Aucun des comptes de la Fécafoot n’est bloqué. Les factures sont payées dans les délais, les sélections nationales actuellement en stage, n’éprouvent aucun problème dans la préparation des échéances à venir. Le programme est respecté et toutes les dépenses inhérentes à leur prise en charge complète se payent progressivement comme convenu. Idem chez les employés qui sont régulièrement payés. Vous n’avez qu’à vérifier de vous-mêmes », confie une source au secrétariat du président de la Fécafoot qui n’a pas souhaité être identifiée.
Summations à Standard Chartered Bank, BICEC, Ecobank, UBA et CBC
Des assurances qui tranchent pourtant avec la dernière actualité d’hier mardi 5 janvier au Tribunal de Première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif où a eu lieu, a-t-on appris, une audience à laquelle il a été rapporté que deux banques ont assigné dans le cadre d’un référé, la Fécafoot (son client), ainsi que des membres de cette fédération qui s’opposent au paiement de la moindre somme d’argent si ledit paiement est ordonné par Tombi à Roko. Ce dernier qui, depuis le 12 novembre 2015, date de la sentence de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc) annulant l’ensemble du processus électoral à la Fécafoot, est resté la cible de Abdouraman Hamadou Babba (président d’Etoile filante de Garoua), Joseph Antoine Bell (Bandjoun Fc) et Emmanuel Loga (Littoral Maison-mère).
Les trois compagnons d’infortune ont par voie d’huissier, servi des sommations à la Standard Chartered Bank, la BICEC, Ecobank, UBA et la CBC. Pour être plus persuasifs, ils annoncent même la saisine de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), le gendarme des banques afin qu’elle soit informée de la situation. Dans la foulée, ils confessent avoir mis en garde les partenaires de la Fécafoot : Orange Cameroun dont la sommation a été déposée et Puma par DHL avec accusé de réception. Pour ne rien faire à moitié, Abdouraman et Cie auraient saisi la CAF, et Markus Katner, le secrétaire général de la FIFA.
Or à Tsinga, on persiste et signe que ce n’est que de la poudre aux yeux. « C’est absurde parce que l’argent logé dans le compte UBA oscille entre 10 et 11 millions de FCFA seulement ; alors que c’est dans d’autres banques que sont logés des sommes faramineuses qui nous permettent d’assurer la gestion quotidienne de l’institution. Sinon la Fécafoot serait dèja exsangue depuis des mois », confie la même source.
Bidoung Mkpatt, en arbitre ?
Face à ce nouveau feuilleton post électoral, de sources dignes de foi soutiennent que l’affaire, portée devant les pouvoirs publics, n’attend plus que leur arbitrage. Le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) et surtout la préparation de la CAN féminine 2016, inscrite dans le cahier des priorités, l’Etat s’apprête donc à sévir pour siffler la fin de cette récréation qui n’a que trop duré.
« Ce n’est plus qu’une affaire d’heures. La Fécafoot qui ne veut sous aucun prétexte se laisser distraire par des agitateurs, laisse le soin à la tutelle de trancher et d’écarter des personnes qui disent défendre l’intérêt du football camerounais alors qu’en réalité, ils cherchent à régler des comptes », lâche sous un air de défi une autre source proche du cabinet de la présidence de la Fécafoot.
S’achemine-t-on vers une nouvelle ingérence du politique dans les affaires sportives ? On n’en est pas très loin. Bidoung Mkpatt serait alors de nouveau sur la sellette.
Christou DOUBENA