Joseph-Antoine Bell, gardien emblématique de Marseille et Bordeaux dans les années 80 et international camerounais, a disputé trois phases finales de Coupe du Monde de la FIFA™ avec les Lions Indomptables. Connu pour ses parades acrobatiques et son franc-parler, Bell est considéré comme l’un des meilleurs gardiens de l’histoire du football africain.
Malgré l’absence du Cameroun, il s’est rendu au Gabon et en Guinée équatoriale pour suivre la récente Coupe d’Afrique des Nations de la CAF. Compte tenu de son vécu et de son expérience, ses remarques concernant les gardiens et le niveau de la compétition en général ne pouvaient pas passer inaperçues.
Selon lui, les écarts de niveaux entre les différents portiers sont flagrants. « J’ai vu de bons et de moins bons gardiens », confie-t-il au micro de FIFA.com. « Cela ne me surprend pas, c’est comme ça dans tous les tournois. Nous parlons ici d’un poste très particulier. Un gardien peut perdre tout son crédit sur un match. C’est un métier très difficile. Personnellement, j’ai trouvé la plupart des performances assez moyennes. Je ne me souviens pas avoir vu des gestes exceptionnels mais j’ai trouvé les gardiens sérieux. »
Quand on lui demande quel portier a retenu son attention, Bell cite sans hésiter Boubacar Barry. Le dernier rempart des Éléphants est devenu le premier gardien à rester invaincu sur l’ensemble du tournoi sans pour autant remporter le titre. Le Camerounais apprécie particulièrement l’attitude et l’état d’esprit de son collègue ivoirien. « Il a compris qu’il fallait rester concentré. Sa rigueur a sauvé la Côte d’Ivoire à plusieurs reprises. Petit à petit, il a réussi à communiquer sa mentalité au reste de l’équipe. C’est une qualité très importante pour un gardien. »
Enyeama un cran au-dessus
Arrivé à 31 ans en Europe, Bell estime cependant que le meilleur gardien africain du moment est le Nigérian Vincent Enyeama. « Il a réussi une belle Coupe du Monde. Aujourd’hui, il n’est plus titulaire à Lille, et le Nigeria n’est plus là. Sa situation n’est pas simple. Pour être le meilleur, il faut disputer des matches de haut niveau et montrer de quoi on est capable. Cela nécessite de la constance dans ses performances. Si vous l’observez cette semaine, vous verrez qu’il est bon. Si vous retournez le voir dans deux mois, vous verrez qu’il est toujours aussi bon. Je ne sais pas s’il existe un autre gardien comme lui aujourd’hui en Afrique. »
Relégué sur le banc des remplaçants lors des éditions 1982 et 1990 de l’épreuve suprême, Bell a dû attendre la Coupe du Monde de la FIFA, États-Unis 1994™ pour faire ses débuts au plus haut niveau. Fort de cette expérience, le Camerounais estime que le continent manque cruellement de portiers de classe mondiale, comme Iker Casillas ou Gianluigi Buffon. « Ces gardiens ont une forte personnalité mais on n’encourage pas vraiment ce genre de comportement en Afrique. Les entraîneurs n’aiment pas trop les joueurs à poigne. On ne veut pas de footballeurs charismatiques ou de leaders. Pourtant, il faut aussi être un meneur d’hommes pour être un bon gardien. En tout cas, c’est comme ça que je vois les choses. Il faut penser en leader, agir en leader et se comporter en leader. »
L’ancien international estime qu’en rejoignant l’Europe plus tôt dans sa carrière, il aurait pu atteindre un autre niveau. « Oui, cela m’aurait donné le temps de montrer de quoi j’étais vraiment capable. C’est tout le problème : si les compétitions africaines ne progressent pas, nous allons avoir du mal à maintenir notre rang. C’est la raison pour laquelle nos footballeurs partent pour l’Europe de plus en plus tôt. Je ne suis pas sûr que ce soit très bon pour l’Afrique. Il est très important pour nous de trouver les bonnes réponses à cette situation. »