Le ministre des sports et de l’éducation physique dit ce qu’il en est de la gestion des fonds des lions indomptables et ce qui selon lui oppose depuis quelques temps son département ministériel à la Fecafoot.
Monsieur le ministre depuis quelques jours, l’éternelle question de la collaboration entre le Minsep et la Fecafoot est remise sur la place publique. Peut-on savoir ce qui en est la cause cette fois-ci ?
Parlant des relations entre la Fecafoot et sa tutelle qui est le ministère des sports et de l’éducation physique, les points sur les quels nous nous ne nous entendons généralement pas sont le non respect des textes par la Fecafoot, il y a des choses regrettables qui se sont passées au Ghana, je ne voudrais pas en parler. Mais il y a aussi et surtout le fait que la Fecafoot nie au ministère son rôle de tutelle, c’est-à-dire de contrôle de la gestion administrative et financière de ces activités. Comment une association de droit Camerounais qui reçoit les subventions diverses et multiformes de l’état s’offusque t-elle du droit de contrôle de l’état qui lui donne ces subventions ? Notre problème n’est pas tant la gestion des fonds de la Fecafoot par le Minsep encore moins la co-gestion, mais surtout le contrôle afin d’éviter une mauvaise gestion des dits revenus. Pour ce qui est des textes, il faut reconnaître que les textes actuels de la Fecafoot méritent bien d’être revus et adaptés aux réalités nationales et internationales actuelles. Et à chaque fois que l’on leur parle de respect des textes, ils brandissent la menace de suspension par la Fifa. Je redis ici comme je l’ai dis en d’autres occasions, la Fifa est une organisation de droit Suisse et se conforme à ce droit. La Fecafoot est une organisation de droit Camerounais et doit se conformer aux lois du Cameroun. Au Ghana, la tutelle avait prôné une ‘’ union sacrée ‘’ autour des Lions indomptables, mais des faits; des gestes et actions de certains membres de la Fecafoot ont fortement contribué au pourrissement de l’harmonie qui aurait du exister au sein de la délégation Camerounaise.
La Fecafoot et le ministère s’accusent mutuellement d’ingérences dans leurs affaires respectives. Il se dit qu’il est question des primes versées par le sponsor ?
Le ministère des sports et de l’éducation physique ne s’immixe pas dans les affaires de la Fecafoot, il ne s’agit que d’une fédération dont mon département ministériel a la charge d’assurer la tutelle. Cette structure est d’ailleurs autonome dans sa gestion, nous n’assurons que le control comme avec toutes les fédérations. S’agissant des primes versées par le sponsors, c’est elle qui lie les contrats avec les différentes entreprises qui décident de soutenir le mouvement sportif Camerounais. C’est son président qui appose les signatures sur le bas de chaque document. C’est donc la Fecafoot qui juge de l’utilisation judicieuse qu’elle fait de ces revenus dans l’optique de développer le football camerounais. C’est d’ailleurs ce que nous demandons aux autres fédérations sportives. Avoir des partenaires qui les soutiennent dans leurs actions respectives. Vous voyez on ne saurait tenir un discours et faire son contraire.
Pourquoi la gestion de l’argent divise t–elle tant votre structure et la Fecafoot ?
Ce n’est pas tant un problème d’argent qui divise la Fecafoot et le ministère comme on le laisse entendre. C’est plus un problème d’application de texte; le ministère des sports et de l’éducation physique de par son rôle de contrôle voudrait simplement savoir ce que l’on fait de cet argent. Peut être faut-il le rappeler; il s’agit ici de fonds publics qui méritent une gestion transparente. La Fecafoot comme vous le savez, est une structure sous tutelle du Minsep. Elle ne saurait donc entretenir une opacité sur tous ces revenus qui génère l’équipe nationale de football. Je dis bien équipe nationale; ce qui laisse entendre qu’elle appartient à tout le monde et que chacun y a un droit de regard à plus forte raison, sa tutelle. Les citoyens Camerounais doivent savoir à quoi sert l’argent que génère leur équipe nationale; où va-t-il ? Et que fait-on de lui ? Ce qui est une aspiration légitime. La préoccupation de mon département ministériel; loin d’être une intrusion dans la gestion d’une fédération, est beaucoup plus celle de rendre compte de la gestion de biens publics qui pourraient servir à la nation Camerounaise.
Pouvez vous nous dire comment se gèrent les fonds (financements) issus des différentes campagnes des lions indomptables, le cas de la dernière Can par exemple ?
Justement ; c’est là où le bât blesse. Je ne peux pas répondre à votre question parce qu’on ne veut pas que nous sachions déjà ne serait ce que génère les Lions indomptables ; moins encore, cet argent issu des fonds publics est utilisé, c’est un véritable flou artistique qui arrange bien beaucoup de monde à la Fecafoot. D’où les tensions récurrentes que vous avez constatées. En ce qui concerne le ministère, la situation est claire, le compte d’utilisation des moyens débloqués par l’état pour la Can 2008 est déjà disponible. Nous entendons d’ailleurs dans les tous prochains jours, convoquer une réunion d’évaluation à laquelle vous pourrez assister pour tirer vous-même vos propres conclusions. Comme vous le constatez, vous vous posez la même question que nous : où vont les retombées des campagnes des Lions indomptables.
Nous sommes à quelques mois seulement du début de la première phase des éliminatoires couplées Can/coupe du monde 2010. Et visiblement, la priorité du Minsep et de la Fecafoot semble ailleurs que dans cette échéance ?
Pour le Minsep, la priorité est bel et bien la qualification du Cameroun à la Can et à la Coupe du monde 2010. Je ne pourrais vous parler ici des priorités de la Fecafoot, il y a des gens mieux placés pour cela. En ce qui nous concerne, nous avons prescrit lorsque nous recrutions l’entraîneur sélectionneur, la qualification effective du Cameroun à la Can et à la coupe du monde 2010. Et personne aujourd’hui, pour quelque but inavoué que se soit ne saurait nous détourner de cet objectif. Il y a quelques jours, l’entraîneur national nous a fait parvenir son programme de préparation pour le début de la première phase des éliminatoires couplées. Nous l’avons aussitôt fait expédier à la Fecafoot qui l’a rejeté sous prétexte que désormais, les entraîneurs nationaux devraient s’adresser directement à elle sous peine de nullité. Voila donc un état d’esprit qui parle de lui-même au moment où l’urgence est à la mobilisation générale. De toute façon; les pouvoirs publics mettront tout en œuvre pour que les Lions indomptables soient présents à la première coupe du monde organisée par l’Afrique sur notre continent.
Le ministère des sports pense t-il aux jeux olympiques de Pékin ?
Evidement. Nous avions deux grandes échéances au programme, en cette année 2008. Il y avait la Can de football qui s’est achevé il y a quelques semaines à Accra. Et bien sûr les jeux Olympiques de Beijing. Au niveau de mon département ministériel, il a été créé depuis trois mois déjà un comité de préparation pour une bonne participation de notre pays à ce grand rendez-vous planétaire du monde olympique. Vous le savez depuis 2000, le Cameroun revient chaque fois avec une médaille d’or. Le football en 2000 et l’athlétisme en 2004. C’est dire que désormais nous avons une obligation de résultat ; même si la devise olympique est : » l’essentiel est de participer « . C’est donc dire que nous prenons à cœur la préparation du Cameroun pour ce grand rendez-vous. Nous ne sommes pas encore totalement fixés sur les contours car, les phases qualificatives se poursuivent dans certaines disciplines. Mais déjà, le football est qualifié; un boxeur, un judoka aussi et nous verrons un peu plus clair à la fin du mois d’avril. Nous travaillons en symbiose avec le comité national Olympique et sportif du Cameroun. Les pouvoirs publics ont mis à notre un important soutien à notre participation aux compétitions internationales et nous pensons que le Cameroun sera qualitativement et quantitativement représenté lors de ces jeux olympiques.