Le président de Sawa United girls, dans une tribune libre publiée sur internet, tire à boulets rouges sur la Fédération camerounaise de football non sans s’offusquer des manœuvres qui ont précédé l’élection de la nouvelle présidente de la Ligue spécialisée de football féminin vendredi dernier.
J’accuse ! C’est un pamphlet, une diatribe dont la longueur et la tonne de griefs qui y sont contenus suffisent à deviner la colère qui habite son signataire. Atangana Fouda, l’emblématique président de Sawa United girls, connu pour ses positions tranchées et présenté comme l’un des virulents détracteurs du Comité exécutif de la Fécafoot. Son style acerbe et sa rhétorique caustique n’ont pas pris de rides. Bien au contraire, l’homme signe son retour sur la pelouse, plus teigneux que jamais. La preuve, son combat pour la renaissance du football féminin au Cameroun est monté d’un cran comme le démontre le titre de cette tribune libre publiée sur certains sites internet quatre trois jours avant les élections qui ont porté Hélène Sakwe à la tête de la Ligue Spécialisée de football féminin vendredi dernier. « La problématique d’une nouvelle dynamique, avec une présidente imposée par la Fécafoot ».
La peau de chagrin des subventions
En observateur averti aux pensées prémonitoires, l’homme fait couler l’encre de sa plume pour fustiger l’instance faitière du football camerounais qui, croit-il savoir, « a cru créer un certain intérêt avec la création d’une Ligue spécialisée mais est vite retombée dans ses travers en lançant un championnat terne, dans l’indifférence collective, sous la supervision d’une Commission n’ayant aucun pouvoir, et toujours pilotée à distance par des administrateurs qui ne maitrisent pas grand-chose à cette affaire ». D’emblée, il attaque les maigres subventions allouées aux clubs, regrettant au passage que les responsables fédéraux n’aient jamais tenu de séance de travail avec les dirigeants des clubs féminins pour savoir « qu’avec 3 équipes dans le Grand Nord (Diamaré, Guider, Garoua), 5 équipes à Yaoundé, une équipe à Ebolowa, une à Saa et une à Bafia, 5 à 6 millions de subventions versées de façon fractionnée à un club de Douala pour le transport, ne peuvent suffire. De même pour un club d’Ebolowa ou un club du Nord, obligé de se déplacer 9 ou 11 fois ». De fil à aiguille, il questionne l’épineux sujet de sponsoring du football féminin, établissant dans la foulée le paradoxe entre les belles performances des Lionnes indomptables et le caractère moribond des clubs appartenant à un championnat non médiatisé. Suffisant pour démontrer que la mise sur pied d’une Ligue spécialisée ne répondait à aucune urgence. Ce d’autant plus que la saison de football n’arrivera à son terme qu’au 31 décembre.
Sakwe, le mauvais choix ?
Concernant les élections de vendredi dernier, Atangana Fouda met le doigt dans la plaie. Lui qui estime que « les choses ont déjà été biaisées dans le comptage des clubs et des délégués, car nous savons tous que les championnats n’ont réellement été organisés que dans le Centre et le Littoral. Dans les autres régions, quelques rares clubs, sans grand niveau, n’ont joué qu’un ou deux matches des éliminatoires du Tournoi de la femme. Mêler la politique d’équilibre à la répartition des sièges, ne devrait donc pas écarter les Régions du Sud, de l’Est, du Sud-ouest et de l’Adamaoua qui doivent aussi animer le football féminin ». Conclusion : la Fécafoot a fait feu de tout bois pour imposer Hélène Sakwe.
Un choix explique-t-il, qui « ramène ce football plus de deux décennies en arrière, dans la mesure où cette dame n’avait déjà rien apportée, ni à l’épanouissement de sa Commission, ni au football féminin dans sa région du Sud-ouest. Les 20 délégués étaient partis pour objectivement choisir, au-delà des pressions, celle qui pourrait avoir plus de liberté d’action, trouver des financements, et qui pourrait s’affirmer en s’émancipant de cette fameuse autonomie qui sera en fait factice », dénonce l’homme qui regrette que le football féminin qui ne se portait pas déjà comme un charme, va sombrer davantage dans des manœuvres aplaventristes.
Christou DOUBENA