Il y avait longtemps que l’on n’avait pas vu Benoit Assou-Ekotto au sein des Lions Indomptables du Cameroun. Il a livré une performance digne du grand joueur qu’il est dimanche dernier contre la Tunisie. Présent aussi bien en défense, en relance qu’en attaque, Benoit ne voulait certainement pas avoir de regret. Nous l’avons interrogé à Yaoundé.
Comment vous sentez-vous après la victoire de dimanche face à la Tunisie ?
La chance qu’on a eue dans ce match, c’est qu’on avait un attaquant qui s’appelle Achille Webo, qui a su montrer sa force de caractère. Il y a bon nombre de nos compatriotes qui l’ont peut-être montré du doigt, parce qu’il avait manqué le but en Tunisie. Mais, un but n’est jamais marqué d’avance et il a démontré dimanche qu’il avait du caractère et qu’on pouvait compter sur lui et qu’il avait les épaules assez larges pour faire face aux attentes et à la pression qu’exige le football en marquant assez tôt dans ce match.
Vous voulez dire que c’est lui qui a montré la voie du succès …
Justement, après, les Tunisiens n’ont pas osé nous attaquer. Je pense qu’il a fait très chaud pour eux en première mi-temps (rires).
Comment appréciez-vous cette autre qualification pour la Coupe du Monde ?
On a pu voir tout l’engouement d’un pays derrière son équipe nationale. On a vu que c’était très important pour le Cameroun de se qualifier.
Et à titre personnel ?
C’est bien personnellement, parce que c’est toujours agréable de faire une Coupe du Monde et j’espère juste que ça se passera mieux que la précédente.
Selon vous, qui êtes joueur de cette équipe et qui connaissez pas mal de choses de ce groupe, qu’est-ce qu’il faut faire pour disputer une belle Coupe du Monde au Brésil ?
Le football est un sport d’équipe, un sport collectif. En ce moment, je préfère qu’on ait moins de talents individuels, mais plus de solidarité, parce qu’on obtient plus de résultats avec de la solidarité qu’avec des individualités. Dans la tanière des Lions cette semaine qui a précédé le match, le mot d’ordre était la solidarité. Au match, on a pu constater la performance des Lions. J’espère que cette solidarité durera pour des années encore et tout d’abord pour la prochaine Coupe du Monde.
A titre personnel, en tant que l’un des aînés de ce groupe, comptez-vous faire quelque chose pour que cette solidarité perdure encore ?
(Rires) … Vous savez, il y a des gens qui sont leaders naturels et qui aiment parler pour le groupe. Donc, ils prennent leurs responsabilités quand la sélection ne va pas très bien. Ils prennent la parole pour éventuellement essayer de restaurer ce climat de solidarité. C’est ce qui a été fait tout au long de cette semaine. Je crois que ces mêmes leaders auront à cœur de reproduire cette tâche pour que cette sélection aille bien.
Dans un groupe, on ne peut pas avoir des affinités avec les 22 joueurs. Mais, on a souvent certains joueurs avec qui on s’entend bien, pour de multiples raisons, de multiples passions. Entre les uns et les autres, on aime bien souvent se changer de maillots de nos clubs. Ce sont de petits détails qui font que ça passe entre nous et ensuite la solidarité.
Votre transfert à Queen Park Rangers a surpris tout le monde. Pourquoi quitter la Premier League pour la deuxième division ?
J’avais d’autres opportunités d’aller dans d’autres clubs de première division dans d’autres pays. Je sais que ça a choqué tout le monde que j’aille en deuxième division. Mais, je n’ai pas un égo surdimensionné pour ne pas aller en D2. Ça ne va pas baisser mon talent. J’aime travailler avec des gens avec qui je m’entends et c’est la cas avec Harry Rednapp. Quand tu as un entraîneur avec qui tu t’entends très bien, tu peux aller au bout du monde avec lui, parce que tu sais que tu seras bien dans ta tête à travailler avec lui.
Est-ce qu’il n’y a pas un niveau de compétition qui se pose ?
J’ai 29 ans maintenant et jouer en deuxième division ça ne va pas changer grand chose à ma façon de jouer. Je suis prêté là-bas juste pour un an.
Comment ça se passe là-bas ?
Tout se passe bien parce qu’on est avec un groupe avec lequel on joue depuis. Je ne veux pas dire qu’on survole le championnat, mais on domine pas mal d’équipes et notre objectif est de rentrer en première division. Et dès les premiers matchs on savait quels étaient ces objectifs.
Un mot pour ce public camerounais qui attend beaucoup de son équipe qui va à la Coupe du Monde …
J’espère qu’on retrouvera beaucoup de Camerounais au Brésil en 2014. Dimanche, le public a fait la différence comme douzième homme. Nous avons été très impressionnés. Le stade était vraiment chaud et ça nous donne des ailes de jouer devant un public qui nous soutient.
On a vu tous les joueurs en joie samedi lors de la dernière séance d’entraînement ; ce qui était rare. Est-ce que c’était là le déclic de la victoire ?
C’est le déclic si on arrive en finale de Coupe du Monde un jour. C’est un peu tôt de penser que c’était déjà le déclic.
Propos recueillis par Antoine Tella à Yaoundé