Le football camerounais a pris des galons dans le monde, pas ses arbitres qui ne participent que très peu aux grandes compétitions internationales.
L’arbitrage camerounais est malade. Très malade même. Il est régulièrement contesté dans différents stades de la République. Chose qui fait baisser la côte des hommes en noir accusés de corruption, d’incompétence et même de partialité lors des matches qu’ils dirigent. La médiocrité des arbitres camerounais est telle qu’elle n’échappe pas aux instances dirigeantes du football au niveau international : Fédération internationale de football association (Fifa) et confédération africaine de football (Caf). Ce n’est donc pas un hasard si les hommes en noir du pays de Roger Milla sont absents d’une scène internationale sur laquelle les Lions Indomptables ont l’habitude de briller et font respecter le football camerounais.
Sur les quelques 70 arbitres centraux et assistants qui officient dans le championnat de première division cette saison, 16 sont internationaux. Mais très peu parmi eux sont souvent appelés par la Caf ou la Fifa pour diriger des matches internationaux importants. En dehors des compétitions de clubs africains où ils sont souvent appelés pour des matches de 16e et 8e de finales et autres compétitions internationales de petite envergure telles les coupes du monde cadets et juniors, la Can féminine, Juniors et cadets, les arbitres camerounais sont relégués aux seconds rôles.
A la Can 2002 au Mali, Evehe Divine et Edeng Zogo ont dirigé chacun une seule rencontre de poule. Alors que des arbitres originaires de petites nations de football comme l’île Maurice, le Niger patronnaient la compétition. En Paul Hioba Hioba, ancien arbitre international, déclarait que : «les arbitres camerounais désignés à la Caf n’arrivent jamais au stade des 1/2 finales à cause des dirigeants camerounais qui ne favorisent pas l’émulation, de telle sorte que les arbitres n’aiment pas trop travailler dès qu’ils accèdent en première division».
Comment en est-on arrivé là ? Selon quelques arbitres interrogés par Le Messager le problème se situe au niveau du secrétariat général de la Fécafoot qui ne propose pas toujours les meilleurs arbitres à la Caf et à la Fifa pour accéder aux grades d’internationaux. «Il y a de bons arbitres mais, puisque l’accession au niveau international est la chasse gardée du Sg de la fédération, ce dernier dans ses propositions à la Caf et à la Fifa n’a pas toujours les meilleurs. Certains sont souvent proposés par favoritisme. Il y a des marchandages et le clientélisme», dénonce un arbitre qui pense comme certains de ses confrères, que la présence de Issa Hayatou à la présidence de la Caf est aussi une raison pour laquelle les arbitres camerounais sont rares sur la scène internationale. A les croire, le président de la Caf défavoriserait la désignation des arbitres camerounais pour qu’on ne dise pas qu’il favorise ses compatriotes.
Efforts pour redorer le blason
A la Fécafoot, on se dit conscient des maux qui minent l’arbitrage camerounais l’empêchant de se retrouver dans les grandes compétitions internationales. Pour cela, la commission centrale des arbitres que préside Petcha Laurent, premier arbitre camerounais à officier en coupe d’Afrique des Nations en 1990 en Algérie, a décidé de sanctionner tout arbitre convaincu de corruption ou d’un autre comportement contraire à l’éthique sportive et à l’impartialité au cours d’un match. La commission note désormais les arbitres après chaque match, au vu des rapports que font les superviseurs anonymes que la Fécafoot envoie sur les stades.
Au bout de deux ans, seuls les arbitres ayant reçu de très bonnes notes seront proposés à la Caf et à la Fifa pour accéder au grade d’international. Cette méthode à en croire des membres de la Fécafoot, limitera l’accession des médiocres aux grades d’arbitres internationaux. «Nous avons confiance à cette commission. Petcha Laurent son président et Amah Pierrot le rapporteur sont des connaisseurs des règles de l’arbitrage», affirme David Mayebi, un des vice-présidents de la Fécafoot qui pense, malgré tout, que l’arbitrage camerounais est en train de s’améliorer.