Samedi contre Brest (1-1), Frédéric Antonetti s’est violemment emporté contre Georges Mandjeck. La scène, qui est passée en boucle sur les écrans, en dit long sur l’état d’esprit actuel de l’entraîneur breton…
La scène se passe à l’heure de jeu samedi au Stade de la Route de Lorient. Georges Mandjeck tacle sévèrement l’attaquant brestois Nolan Roux et récole un avertissement amplement mérité. Derrière sa ligne de touche, Frédéric Antonetti entre alors dans une colère noire à l’encontre du Camerounais, qu’il finira par remplacer quelques minutes plus tard. «Comment tu veux finir dans les trois premiers avec des joueurs comme ça. Ce n’est pas possible !», répètera notamment plusieurs fois le bouillant corse. Parti directement aux vestiaires au moment du changement, le joueur, lui, reviendra suivre la fin de match sur le banc.
Il s’est excusé auprès de Mandjeck
Interrogé à froid mardi en conférence de presse, l’entraîneur breton a reconnu avoir commis une erreur : «Je le regrette complètement. Ce sont les 5% de mon attitude que je déteste. Je l’ai dit aux joueurs et à Georges. Tout le monde donnera raison à Georges Mandjeck, à juste titre. Même si ça écorne mon image, ça fait partie du jeu. Nous sommes dans une société d’image. Ce sont des choses que l’on pouvait faire assez facilement il y a dix ans. Aujourd’hui, tout est repris, tout est relayé, tout est disséqué. J’en prends acte.» Fin de l’histoire ? Pas vraiment. Car depuis quelques semaines, le technicien ne cesse de montrer son agacement. Un coup il critique le timide public rennais, un coup il s’en prend à son président (Patrick Le Lay), un autre il tance ses joueurs, sans parler des arbitres…
Mais pourquoi la «cocotte Antonetti» explose-t-elle aussi souvent alors que le Stade Rennais se trouve juste derrière le quatuor de tête en Ligue 1 (5e) ? Parce que sa formation vient d’enchaîner trois matches sans victoire ? Non. «Il y a un esprit négatif autour de notre équipe. Je le dis haut et fort. C’est ce qui explique parfois mon ras le bol, a-t-il confié mardi. On gagne à Lyon, c’est Lyon qui perd. On gagne à Marseille, c’est Marseille qui perd. On gagne contre Lorient en faisant un très bon match, c’est parce que Lorient n’a pas été à la hauteur. Il y a deux équipes comme cela en France, Toulouse et le Stade Rennais. Pourquoi ? Je ne sais pas. C’est nous qui nous faisons le plus «tailler». Le week-end dernier, j’avais l’impression que Brest jouait les trois premières places et nous les trois dernières. On est la seule équipe à avoir fait la Coupe d’Europe avec un budget équilibré voire bénéficiaire, tout le monde s’en fout (sic). On est cinquième du championnat, j’ai l’impression que j’entraîne une équipe qui est quinzième. Ce qui me déçoit le plus, c’est que l’on ne tienne pas compte du fait que 70% des joueurs n’avaient jamais joué en première division avant mon arrivée.»
«On devrait être sympathique»
La presse, le public, sa hiérarchie, tout le monde attendrait donc beaucoup trop de son équipe par rapport aux moyens mis à sa disposition. Il y a quelques jours, Le Télégramme révélait qu’en interne, certains dirigeants lui réclamaient le podium en fin de saison. Impossible selon lui. Tout du moins dans l’état actuel des choses. «On est à notre place. Nos résultats actuels sont décevants mais dans l’ensemble, on a fait six bons mois. Depuis un an et demi, on s’est rapproché des équipes de tête. On rivalise avec elles tout en faisant débuter des joueurs. Ce serait la moindre des choses de le reconnaître, a-t-il ajouté. Il y a deux stratégies pour arriver à finir dans les trois premiers. Celle de la patience, qu’on est en train de suivre. Ou celle du PSG, où il faut des résultats tout de suite. Je préfère réussir avec notre politique plutôt qu’à coups de millions. On a une politique sportive qui devrait être sympathique. Nous ne le sommes pas.» Mais est-ce en se mettant perpétuellement dans la peau de la victime qu’il va réussir à rendre le Stade Rennais «sympathique» ? Surtout, en multipliant les sorties de ce genre, Antonetti ne risque-t-il pas de se mettre à dos une partie de son groupe et de ses dirigeants ?
Aurélien Billot