M. Essomba Eyenga, vous avez oublié une chose, qui a son importance : non seulement on est allé acheter l’avion du président de Air Madagascar pour le président de toute notre République à nous, mais on l’a baptisé ALBATROS ! Une façon de nous convaincre, si besoin en était, que ces messieurs bardés de diplômes qui hantent les couloirs de la Présidence et les dîners en ville sont tellement coupés de la réalité qu’ils en sont venus à oublier que ce lourdaud n’a jamais volé bien haut et surtout, n’a jamais été aperçu au nord du Tropique du Capricorne.
Bien sûr, M. l’administrateur, la nomination de cet Allemand est une honte et une catastrophe assurée, peu importe les résultats futurs. C’est un camouflet porté à l’orgueil national, une démission avérée des pique-assiettes qui nous affament, un complot ficelé par la camarilla de copains qui s’enrichissent au moindre contrat, au moindre marché conclu par l’État. Jamais je ne croirai que cette nomination ait pu obtenir la sanction de Paul Biya qui, je le crois, nourrit un ego d’une certaine hauteur pour lui-même et pour son peuple. Ce vieux fagot bientôt grabataire préféré aux enfants du pays ? De qui se moque-t-on ?
Otto Pfister est un affreux cœlacanthe qu’on vient de tirer par étourderie des eaux froides où il aurait dû s’endormir pour l’éternité. C’est une nullité consommée, qui n’a jamais rien fait de remarquable. Ce teuton, qu’on nous présente comme un technicien, n’a jamais entraîné la moindre équipe allemande. Sa notoriété, qui n’impressionne que les Africains, il la doit, tenez bien, à son passage à la tête des terrifiantes sélections que sont le Rwanda, le Bengladesh et la Haute-Volta. J’oubliais le Club sportif de Sfax, une sorte de Sable de Batié de Tunisie. Mais, Seigneur, d’où nous vient cette mentalité de minus habens ? Nous prenons ce que le Togo vient de rejeter ?
Alors, M. Essomba et toutes les bonnes âmes sensées de la Fécafoot, résistez. La nomination d’un sélectionneur n’a rien à voir avec les privilèges du prince. Ce n’est pas une décision de souveraineté. Vous avez le devoir de vous faire entendre, de vous opposer à une décision totalement contraire aux intérêts de notre pays. M. Edjoa est un ministre de la République ; s’il prend une décision de ce genre, il doit être dénoncé. Je sais que vous savez comment accéder au Prince. C’est inadmissible, ne vous laissez pas faire. Pfister n’a rien à faire chez nous : s’il est si bon, qu’il aille donc entraîner le Liechtenstein.