Le coordonnateur adjoint de la Cellule administrative provisoire des équipes nationales de football apprécie le nouvel article de la Fifa sur la double nationalité des joueurs.
La Fifa reconnaît désormais la double nationalité…
C’est une bonne mesure qui arrange la plupart des équipes nationales qui ont été défavorisées par la naturalisation de certains de leurs talents. Cette mesure arrange encore plus les Africains qui n’ont pas eu beaucoup de bonheur à ce sujet. La plupart de nos talents qui ont été mieux formés en Europe, parce que bénéficiant d’un meilleur encadrement, choisissent de jouer avec les équipes nationales de leur pays d’accueil. Maintenant, il est très important que chaque joueur joue pour son pays. C’est plus significatif de voir un joueur défendre les couleurs de son pays; il y a plus d’impact, et la motivation est supplémentaire.
Est-ce qu’à la Cellule administrative provisoire, cet article vous a suggéré des actions ?
Pour l’instant, nous n’avons pas encore recensé ceux des joueurs concernés par cet article. Il y a quelque temps, nous avons eu à sélectionner Benoît Asso Ekotto, qui avait pris part avec l’équipe A’ au tournoi LG Cup au Nigeria. Il y a quelques jours, nous avons eu un dirigeant de son club au téléphone qui nous affirmait qu’ils voulaient lui faire porter les couleurs françaises. Mais le joueur a été catégorique: il a refusé en arguant qu’il souhaitait défendre les couleurs de son pays d’origine. Avec cet article, nous verrons certainement arriver beaucoup d’autres joueurs comme cela. La plupart de temps, lorsqu’un talent est révélé, nous cherchons à le récupérer. Seulement, nous ne pouvons pas tous les récupérer car ils sont si nombreux.
Comment entendez-vous dès lors gérer cette contrainte ?
Pour les qualifications, toutes les catégories confondues, les entraîneurs nationaux n’utilisent pas plus de 22 joueurs par match sur une liste de plus de 50. Nous sommes donc obligés de mettre certains de côté et privilégier ceux qui ont la fibre naturelle. C’est pourquoi, il est important pour nous Camerounais d’avoir tous nos joueurs avec nous. Depuis quelques années, le Cameroun rencontre une adversité farouche. Cela, quel que soit l’adversaire. Si nous n’avons pas toutes nos forces avec nous, nous ne pourrions pas résister. Ce d’autant plus que lorsque cela arrive comme cette année où nous étions engagés sur tous les fronts, nous avons besoin de toutes nos ressources. Hier encore, nous n’avions pas de sélection minime. Celle-ci a été mise sur pied, et elle est invitée à participer l’année prochaine en France, au tournoi mondial de Montaigu. En août dernier, le Cameroun a participé, pour la première fois, au Mondial des cadets. Ce qui est vrai, si nous avions eu la possibilité de récupérer les joueurs qui avaient cet âge là et qui avaient déjà évolué au sein des sélections européennes, et surtout françaises, nous aurions certainement fait mieux. C’aurait été également pareil avec les Juniors, qui n’ont pas pu se qualifier pour le Championnat d’Afrique de leur catégorie.
Sur un tout autre plan, en dehors du fait que la détection va suivre son cours, il va falloir que nos entraîneurs tiennent compte de l’objectivité qu’on leur demande dans la sélection des joueurs. C’est pour cela qu’il va falloir aller vers les joueurs qui sont supposés avoir été formés de l’ » autre côté » et qui peuvent nous apporter un plus, ajouté à ce que nous avons sur le plan local. Car il ne faudrait pas l’ignorer, le problème majeur du sport au Cameroun, et du football en particulier, est celui des infrastructures. C’est la raison pour laquelle lorsque des jeunes ont la possibilité d’immigrer, ils n’hésitent pas.
Envisagez-vous le retour de Charles Itanje au sein des Lions ?
Itanje a affiché son désir de jouer pour les Français. On ne va pas forcer ceux qui ne veulent pas jouer avec nous à le faire. Il s’agit avant tout d’une affaire de sentiment. Et si le coeur n’y est pas, on n’y peut rien. Voyez-vous, la plupart des joueurs qui ont choisi d’évoluer sous nos couleurs nationales ont connu beaucoup de moment de bonheur avec nous. Ce qui caractérise tous les Camerounais, c’est nôtre mental, cet amour pour la patrie. Et cela, personne ne peut nous l’enlever car, nous croyons fermement à nôtre pays. Et aucun Camerounais, de pure souche, lorsqu’il est au front, ne peut reculer.
Est-ce que pour la prochaine Can, il serait possible de voir en Tunisie, de nouveaux joueurs qui n’avaient pas encore porté les couleurs du Cameroun ?
Je ne peux pas l’affirmer. Je ne suis pas celui qui décide de la sélection des joueurs. Dans quelques jours, le sélectionneur sera là. Il pourra à loisir vous répondre. Mais je pense que cela pourra être possible comme cela avait été le cas à la dernière Coupe des Confédérations qui a eu lieu en France et au cours e laquelle tout le monde a pu apprécier le vivier le Cameroun. Il suffit tout simplement de galvaniser, puis d’encourager ces jeunes qui ont beaucoup de talents, les introduire pour pouvoir apporter un plus. L’équipe nationale de football est une réalité permanente. Ce qui veut dire qu’elle n’appartient pas à un clan, une catégorie, encore moins une couleur de personnes. Du moment qu’ils ont été détectés, tous les meilleurs joueurs camerounais peuvent et doivent accéder à cette équipe. Où qu’il soit !
Propos recueillis par Bertille M. Bikoun