Pour ce match de reprise, Volker Finke a choisi d’abandonner le 4-3-3 du Mondial, afin de repositionner N’jie Clinton aux côtés d’Aboubacar Vincent en attaque. Moukandjo et Choupo-Moing se sont installés sur les côtés. Enoh et Mandjeck étant associés dans le cœur du jeu.
RDC – Cameroun : Les compositions des équipes
Dans l’autre camp, c’est une équipe Congolaise assez remaniée (par apport à celle que nous avions rencontré en éliminatoire de Coupe du Monde du dimanche 16/06/2013
16h30 à Kinshasa) qui s’est avancée sur la pelouse du Stade, « Orphelin » de Dieumerci Bokani, Kiritcho Kasusula, Yves Diba, Simbi Ebunga et autre Gabriel Zakuani.
RD Congo : Kidiaba, Mpeko, Mongongu, Mbemba, Ungenda, Zola, Mulumbu, Bolasie, Cedrick, Mubele, Makadi.
Cameroun: Ondoa, Guihota, Mbia, Nkoulou, Oyongo, Enoh, Mandjeck, Choupo-Moting, Moukandjo, Aboubakar, Njié.
Les oppositions tactiques :
Pour ce premier match, le Cameroun s’est disposé en 4-4-2. Les congolais en ont fait pareil (4-4-2). Les premières minutes de la partie se sont résumées aux duels disputés au milieu de terrain. Et à ce jeu-là, ce sont les congolais qui ont pris le meilleur départ. L’agressivité des défenseurs Ugenda / Moukando, Mpeko / Njié, et des milieux de terrain Mulumbu/Mandjeck ; Zola/Enoh, ont offert plusieurs munitions aux congolais sur des attaques rapides heureusement souvent assez brouillonnes et inefficaces, qui ont fait souffrir les latéraux camerounais et amené Stéphane Mbia à souvent sortir de la défense pour intervenir dans le couloir. Quand les Lions peinaient à trouver le rythme, une coordination dans les actions offensives, ils ont fait le choix de procéder par de longs ballons et parfois avec beaucoup de réussite. Isolé en attaque, Aboubacar revenait souvent dans l’entre jeu pour tenter de toucher le ballon, pas souvent avec beaucoup de réussite.
Après un premier quart d’heure difficile en raison du pressing Congolais, les camerounais ont réussi à se créer des phases de possession de balle, afin de placer quelques attaques en procédant toujours par des balles longues avec Nkoulou, ou encore Choupo à partir du Milieux de terrain. Durant ces périodes, ils ont fait beaucoup d’erreurs dans l’élaboration du jeu avec le ballon, augmentant de fait les munitions offertes à leurs adversaires en contre-attaque.
Au fil des minutes, cette équipe expérimentale, qui était « sagement » restée prudente dans ses animations a tout de même réussi à mettre le pied sur le ballon. En écartant le jeu dès la relance du ballon, en jouant des ballons courts, les camerounais déjouaient progressivement le pressing Congolais et offraient assez de temps à Choupo Mandjeck et Njie pour se rendre disponibles. Dès que le Congo parvenait à remonter son bloc, elle s’appuyait ensuite sur sa vitesse d’exécution et sa capacité à créer le surnombre dans l’entrejeu camerounais pour conserver la balle et préparer leurs attaques. Le Cameroun a eu au fil du match, de plus en plus le contrôle de l’entrejeu, où Mandjeck et Enoh bloquaient Makiadi et Mabwati en empêchant leurs relances et surtout alors que Choupo décrochait de plus en plus dans l’axe, se libérant du pressing sur le côté, créant le surnombre dans l’entrejeu et offrant en même temps plus de possibilités pour orienter le jeu vers Njie et Aboubacar, afin de déjouer le pressing Congolais.
Avec des milieux sous pression, le Cameroun s’en remettait à Choupo pour mettre l’équipe dans le sens du jeu vertical et offensif. Souvent laissé libre par le système Congolais à partir du moment où il revient dans le cœur du jeu, il a su effectuer une bonne partie du travail de relance et de percussion. Ses cibles privilégiées étant N’Jié et Aboubacar, qui bénéficiaient forcément d’espaces face à la dernière ligne défensive congolaise. A défaut de pouvoir construire avec Mandjeck et Enoh, les relances de Choupo mettaient ces joueurs dans de bonnes dispositions, afin de contraindre la défense congolaise à reculer.
Il faut également relever qu’il n’y avait rien de bien révolutionnaire à signaler dans l’opposition tactique des deux équipes. La principale bataille se situait dans l’entrejeu où Enoh et Mandjeck faisaient face à Mulumbu et Bolasie. Peu importe l’équipe en possession du ballon, les quatre milieux de terrain se sont très rarement quittés jusqu’au changement tactique opéré avec le repositionnement de choupo dans l’axe et la sortie de Mulumbu du Milieux de terrain. Sur les côtés aussi, on retrouvait souvent Njié et Moukandjo, avec un dispositif tactique qui fluctuait plus vers un 4-2-3-1 avec un Choupo en meneur de jeu derrière Aboubacar. Dans une telle situation, le premier des éléments à prendre en compte est la hauteur du pressing et de savoir quelle formation va tenter de récupérer le ballon le plus loin de ses cages. Le Cameroun a rapidement affiché ses intentions grâce à l’activité offensive de Njié et Moukandjo en deuxième ligne, qui ont bloqué par leurs activités les couloirs, avec de bonnes combinaisons entre Njié – Aboubacar et Choupo.
Le choix de ce nouveau dispositif tactique a fait oublier les 20 premières minutes de la partie au cours desquelles le Cameroun avait de la peine à faire du jeu et beaucoup de mal à franchir le milieu de terrain balle au pied. Tactiquement, le Cameroun a aussi souffert d’un déséquilibre sur son côté droit. La présence des milieux de couloirs qui s’y alternaient était moins performante défensivement et a poussé Guihota à jouer de plus en plus bas au fil des minutes, afin de ne pas laisser Cedrick et Zola plonger dans son dos. Cela a laissé plus d’espaces à Mpenko le latéral et forcé Mbia à s’excentrer de l’axe de la défense pour bloquer le couloir. Mais au-delà de ce déséquilibre tactique, les Congolais ont tout simplement commis beaucoup trop d’erreurs techniques individuelles, pour espérer pouvoir concrétiser des actions face à une défense camerounaise parfois assez fébrile.
Une transition défensive perfectible
Si les Congolais ont rendu beaucoup de ballons aux Camerounais sur plusieurs phases de jeu, ils ont toutefois obtenu des situations favorables lorsqu’ils parvenaient à se défaire de la pression camerounaise. Lorsque Mbolassié ou Zola prenaient le dessus sur Mandjeck et Enoh, Mubele et Makiadi avaient souvent un temps d’avance sur Oyongo et Guihota sur les côtés. Heureusement pour les camerounais, leurs adversaires n’ont pas été très inspirés à la finition. Ce problème de transition défensive dont souffre notre équipe sera sans doute l’un des dispositifs à corriger d’ici le match contre la Côte d’Ivoire, où nous n’aurons plus en face les mêmes attaquants, ni les mêmes milieux de terrain. Les deux latéraux doivent adapter leur comportement en fonction de l’organisation choisie par Volker Finke dans l’axe. Qui fait quoi et quand ? Lorsque le Cameroun n’aligne, que deux défenseurs centraux, comme samedi soir, leur repli doit être extrêmement rapide, sous peine de se retrouver dans des situations délicates. Dans le football de haut-niveau aujourd’hui, il faut relever que rare sont les équipes qui s’entêtent à imposer une pression intense sur l’adversaire. Dès la perte de balle, la plupart des formations cherchent avant tout à se replier rapidement dans leur moitié de terrain, à construire les lignes défensives afin de s’opposer à la relance adverse. Le pressing se déclenchant essentiellement dans un deuxième temps, majoritairement par les milieux de terrain et la deuxième ligne. Ce travail de récupération devrait ensuite offrir des ballons d’attaque, afin de prendre à défaut les défenseurs adverses restés à découvert.
A l’approche de la pause, les Congolais ont légèrement reculé, sans doute dans une logique de gestion des efforts effectués jusqu’ici et les camerounais en ont bien profité avec le but de Njié inscrit dans le temps additionnel. Ce but est également venu préserver la sérénité dans le groupe, où Ondoa a touché très peu de ballons et Mbia commis beaucoup de fautes qui l’on exposé à la menace d’une expulsion.
Deuxième mi-temps
Après la pause, le Cameroun est revenu dans le même dispositif de fin de match, avec un Choupo de plus en plus positionné dans l’axe du jeu pour épauler Aboubakar et fluidifier l’organisation du jeu offensif. En deuxième rideau, Enoh et Mandjeck coulissait davantage sur la largeur afin de bloquer les milieux excentrés du Congo. La pression était plus grande sur les premières transmissions camerounaises par des congolais porté à l’abordage et voulant égaliser. Malgré cela, Choupo, Mandjeck et Enoh sont restés maîtres du ballon, s’appuyant sur Nkoulou et Mbia en cas de besoin. Bref, les Camerounais ont continué à maîtriser la partie, faisant en plus preuve de réalisme pour creuser l’écart avec le but d’Aboubakar à la 81ème minute.
Avec un jeu débridé et malgré le but encaissé, les congolais ne se sont pas désunis et ont conservé leur organisation toujours portée vers l’avant. C’est un jeu très direct mais également très haché, qui se traduit par un jeu d’attaque-défense. La RD Congo a poussé pour réduire l’écart, mais c’était trop brouillon, tandis que les Camerounais en confiance géraient intelligemment sans trop de souci.
Conclusion
Cette nouvelle génération paraît transcendée par rapport aux derniers mois moroses avec une participation désastreuse en Coupe du Monde. Cette équipe à montré de l’enthousiasme et de l’envie. Même s’il ne s’agissait que de la première journée des éliminatoires, la rencontre face au Congo a parfaitement symbolisé le renouveau de ce groupe. Cette fois, ils sont revenus transformés après la pause, sont allés chercher leurs adversaires et ont su prendre le large grâce à un joli but d’Aboubacar. Cette envie nouvelle, cette capacité de réaction est aujourd’hui ce qui explique en grande partie la dynamique de ce groupe. Mais il ne faut pas s’enthousiasmer pour autant. Il y a évidemment un travail de fond a effectué, qui commencera par une définition précise du projet de jeu de l’équipe, une clarification et acceptation du rôle et des taches de chacun sur le terrain et en dehors, seul gage de la mise en place d’une dynamique réelle de groupe. Un cadre de travail doit être établi et respecté, dans lequel tous les joueurs sans aucune distinction doivent pouvoir s’intégrer s’ils l’acceptent. Le Cameroun dispose de très bons joueurs et tous doivent être intégrés s’ils acceptent les nouvelles donnes. Nous pensons également qu’un projet de jeu rafraîchissant dans sa structuration, son animation et même sa fluctuation en court de jeu ou d’un match à l’autre, doit être affirmé dans le groupe par un discours ambitieux. Ce sont ensuite les profils et la polyvalence des joueurs associés dans l’axe de la défense, dans l’entrejeu ou en attaque, qui apporteront un plus à l’animation offensive, défensive et même au jeu de conservation de balle. Mais la vraie interrogation concerne le reste des joueurs encore hors du groupe et leur capacité à s’intégrer à ce nouveau collectif sans que celui-ci n’en souffre.
L’équipe doit gagner en maîtrise technique et s’affirmer comme un collectif plus complet une organisation fluctuante à multitâche, capable de s’adapter à différentes organisations adverses.
Par Sylvain Monkam