Deux ans après une première expérience tombée dans l’anonymat, le Cameroun, champion d’Afrique en titre, retrouve la Coupe des Confédérations où, en guise de hors d’oeuvre il affrontera jeudi, au stade de France, le champion du monde brésilien avant d’en découdre samedi avec la Turquie au même endroit et de terminer le 23 juin à Lyon face aux Etats-Unis. Tâche ardue pour des Lions surtout connus pour leur versatilité.
Deux ans après une première expérience tombée dans l’anonymat, le Cameroun, champion d’Afrique en titre, retrouve la Coupe des Confédérations où, en guise de hors d’oeuvre il affrontera jeudi, au stade de France, le champion du monde brésilien avant d’en découdre samedi avec la Turquie au même endroit et de terminer le 23 juin à Lyon face aux Etats-Unis. Tâche ardue pour des Lions surtout connus pour leur versatilité.
Le géant du football africain s’installe une nouvelle fois hors de ses frontières pour un voyage aux contours bien mystérieux. Longtemps le football camerounais a forcé le respect, mais ses trois déconvenues consécutives en Coupe du monde (94-98-02) l’ont ramené à un rôle de comparse, plus souvent auteur du pire que du meilleur. Dans un groupe difficile, avec le Brésil, champion du monde, la Turquie, troisième au Japon, et les Etats-Unis, le Cameroun pour avoir tellement déçu ne suscite guère d’enthousiasme. Une bonne performance serait perçue comme un heureux événement.
Il y a belle lurette que le Cameroun, sorti de ses terres seigneuriales d’Afrique, n’inquiète plus personne. Il est loin le temps où les experts lui prédisaient une entrée dans le carré d’as de la Coupe du monde. Il est loin le temps où les experts lui promettaient des jours glorieux. Bien sûr, il y a eu le titre olympique à Sydney. Mais la Coupe du monde est seule garante d’une entrée dans le gotha. Et les aventures américaines, françaises et nipponnes ont été une lente succession de rendez-vous manqués. Quand on a pris l’habitude d’arriver en retard, plus personne ne vous attend. C’est encore le cas cette année. Pas le moindre enthousiasme autour d’une équipe dont on pense qu’elle est venue en France juste par obligation professionnelle. Il n’y a d’ailleurs pas de raison pour que les professionnels camerounais qui évoluent presque tous en Europe aient une vision différente de celle de leurs pairs. Pour nombre de joueurs, la Coupe des Confédérations est un pensum bien inutile, une épreuve sans justification tangible, du temps pris sur des vacances pourtant indispensables. Certains se sont d’ailleurs récusés, au sein du groupe : Raymond Kalla, Lauren Etame Mayer en bisbilles autant avec le ministère qu’avec la fédération voire avec l’entraîneur, et, plus récemment, Patrick Mboma. Traduction d’une situation qui n’a guère évolué au fil des années. La gestion de l’équipe nationale est un casse-tête épouvantable dont bien peu, par le passé, ont trouvé la bonne clé. Dans ces conditions, la qualification pour les demi-finales serait perçue comme une bonne surprise. Mieux vaut être pragmatique, réaliste, c’est le meilleur moyen de ne pas être déçu.
Pourtant le potentiel ne se dément pas. Il y a quelques semaines à peine, le Cameroun a conquis, à Mbabane au Swaziland, une des rares couronnes qui lui faisaient encore défaut : le titre africain des cadets. Le talent est là. D’ailleurs la liste des sélectionnés pour cette Coupe des Confédérations est intéressante. Pour moitié, elle est constituée de joueurs dans l’antichambre de l’équipe. Hormis les Rigobert Song, Geremi Njitap, Marc Vivien Foe, Samuel Eto’o, il y a beaucoup de places à prendre. Dans les buts, le médaillé d’or olympique, Idriss Kameni, peut signer un long bail en lieu et place d’Alioum Boukar, absent. Derrière, Timothée Atouba et Perrier-Doumbé vont, eux aussi, chercher à s’imposer. Au milieu de terrain, même scénario pour Eric Djemba, Modeste Mbami, Mohamed Idsrissou, Joël Epalle, Valéry Mezague qui espère ne pas regretter d’avoir préféré le Cameroun à la France, et Achille Emana. Et devant l’attaquant du Canon de Yaoundé, Parfait Ngon Adjam (‘le seul avec le gardien de Bamboutos, Eric Kwekeu à jouer au Cameroun), et Gustave Bahoken que Winfried Schäfer est allé chercher à Livingston, en Ecosse, doivent penser qu’ils ont un beau coup à jouer. Une équipe qui a à prouver quelque chose ; des joueurs qui ont intérêt à se montrer pour se faire mieux connaître, éventuellement décrocher un contrat. Les Lions Indomptables peuvent y puiser une source de régénérescence de leur cote mondiale. Mais chez eux c’est tout à la fois affaire de motivation (dans tous les sens du terme) et de volonté. Quand ils veulent ils peuvent. Le drame, c’est qu’ils ne veulent pas souvent.
Indomptables parfois, insondables et indécrottables le plus souvent, les Lions ne viennent pas en terrain conquis, mais à conquérir. Leur échec ne décevrait plus, tant ils ont fait souffrir leurs admirateurs. Il risquerait surtout d’être fatal à Winfried Schäfer qui est loin de n’avoir que des alliés au Cameroun.
Gérard Dreyfus