Un groupe passionnant. Champion olympique et champion d’Afrique en titre, le Cameroun fait peur. Le temps où les Lions indomptables compensaient leurs faiblesses par un engagement physique extrême semble loin : Geremi (Real Madrid), Marc-Vivien Foé (Lyon), Etamé-Mayer Lauren (Arsenal), Patrick Mboma (Sundland après Parme) ou Rigobert Song (Cologne, après Liverpool et West Ham) jouent désormais dans les plus grands clubs européens.
Ils ont acquis une culture tactique dont ils font désormais profiter la sélection. Il faudra aussi suivre l’attaquant de Majorque Samuel Eto’o, éblouissant en Coupe d’Afrique et courtisé par les plus grands clubs du monde. Si les problèmes de primes sont vraiment réglés (les Camerounais ont un temps refusé d’embarquer vers le Japon avant de recevoir leur virement), et si les joueurs restent unis, ce qui n’avait pas été le cas en 1994 et 1998, le Cameroun peut voir bien au-delà du second tour.
Ce qui n’est pas le cas de l’Allemagne. Après avoir régné sur le football mondial pendant quarante ans (entre 1966 et 1996), la «mannschaft» subit une pénurie de talents qui l’empêche de viser son quatrième titre mondial, du moins ouvertement. Son bilan à l’Euro 2000, où les Allemands ont essuyé deux défaites et obtenu un match nul, n’est pas non plus pour rassurer l’entraîneur Rudi Völler, qui a eu le courage de prendre un poste pour lequel les candidats ne se bousculaient pas. La puissance physique et le légendaire sens de la compétition des coéquipiers de Michael Ballack pourraient quand même leur permettre d’accéder au tour suivant.
Mais c’est sans garantie. Car l’Irlande est à l’affût du moindre faux pas allemand. Le sélectionneur irlandais Mike McCarthy a pris un très gros risque en se privant de Roy Keane, le capitaine de Manchester United, viré pour mauvais esprit. Son geste rappelle pourtant que le football est un sport collectif, ce que les Irlandais ont toujours intégré peut-être mieux que quiconque. La présence du géant (1,93m) Niall Quinn en pointe pourrait laisser penser que le schéma de jeu des Irlandais – expédier de longs ballons sur la tête d’un attaquant – n’a pas évolué. Pourtant le football des Britanniques est plus varié qu’il y a dix ans, grâce notamment à quelques éléments (Jason McAteer, Robbie Keane) très techniques. La République d’Irlande a les moyens de créer une deuxième belle surprise après avoir poussé les Pays-Bas vers la sortie lors des éliminatoires.
Il ne faut pas non plus écarter l’Arabie Saoudite de la course aux deux places qualificatives. Les matchs amicaux – victoires contre l’Uruguay (3-2) et le Brésil (1-0) – suffisent à attirer l’attention sur une équipe qui domine le football asiatique depuis une dizaine d’année. Le premier match du groupe opposera les Saoudiens aux Allemands, le 1er juin à Sapporo. Il s’annonce riche d’enseignements.
La cote de Libération :
1. Cameroun
2. République d’Irlande
3. Allemagne
4. Arabie Saoudite