YAOUNDE, 11 juin – Une ambiance de deuil a régné dans la capitale camerounaise mardi après la coup de sifflet final du match perdu par les Lions indomptables face à l’Allemagne (0-2), synonyme d’élimination de l’équipe camerounaise de la Coupe du monde de football.
A l’issue de la partie, les rues, restées désertes pendant tout la durée du match car hommes, femmes, enfants étaient rivés devant les téléviseurs tant dans les bars, les bureaux que les maisons, ont retrouvé très timidement leur rythme habituel.
A l’unisson de ce résultat décevant, une pluie très forte s’est immédiatement mise à tomber sur Yaoundé, aggravant de fait l’ambiance morose provoquée par la défaite du Cameroun.
A la fin du match, pétrifiés, nombre de téléspectateurs sont restés cloués sur leurs sièges, incrédules, semblant avoir perdu à la fois le geste et la parole. Plusieurs cas de bagarres dans les quartiers populaires ont été signalés à l’AFP, en raison de paris engagés et perdus par des supporteurs trop passionnés.
D’autres Camerounais ont pourtant rapidement pris cette défaite avec philosophie. « Maintenant qu’on ne peut plus boire pour fêter, autant boire pour se consoler », a ainsi lancé un homme à la gérante d’un café.
Boucs émissaires
Au « marché de l’Abattoir » dans la banlieue de la capitale, des jeunes gens, le front ceint de bandeaux aux couleurs nationales, proclament à haute voix : « Maintenant que nous revenons du Japon, lançons les Lions indomptables dans la campagne électorale (allusion à la campagne en cours pour les municipales et les législatives du 23 juin 2002) ».
Tout près, une vieille femme qui vend des légumes, laisse couler ses larmes en disant: « Je ne vais plus regarder la Coupe du Monde, mon coeur a déjà failli arrêter de battre ».
Ceux qui, avec un peu de courage, choisissent malgré tout de discuter du match, n’hésitent pas à trouver des boucs émissaires. « Si Olembé avait concrétisé cette occasion nette de but, le match aurait eu un autre dénouement », martèle un jeune homme, les yeux rouges.
L’entraîneur allemand Winfried Schaefer n’est pas épargné: « Comment a-t-il pu élaborer une stratégie de jeu défavorable alors que les Lions jouaient en surnombre? », interroge un employé d’une brasserie. « Il nous a trahi pour faire gagner son pays et heureusement que son contrat prend fin », conclut l’homme, dépité.
L’arbitrage est aussi disséqué et pris à partie, en particulier avec ces 18 cartons, dont deux rouges, distribués à la volée. « C’était des cartons à la tête du client et les Lions indomptables ont été assez frustrés », proclame un chauffeur de camion entre deux gorgées de bière.