« Il y a pas de Lions indomptables sans douzième joueur », s’accorde t-on souvent à le reconnaître dans la tanière. Il n’y a davantage pas de public sans Shabba. Les joueurs savent compter sur leur public, jamais las de les soutenir, même s’ils se montrent parfois versatile à leur égard. Mais cette fois-ci, les fans des Lions ont bravé la canicule pour manifester leur jusqu’au boutisme à Samuel Eto’o et ses coéquipiers, en partance dès dimanche pour le Brésil, pays hôte de la compétition.
Déjà samedi dans l’après-midi, deux heures avant le coup d’envoi de la rencontre amicale entre les Lions et la Moldavie (1-0) au Stade Ahmadou Ahidjo, les encablures du stade étaient parsemés de gadgets et autres objets aux couleurs nationales, qu’arrachaient les fans des Lions comme des petits pains. Les uns avaient choisi de se présenter un peu plus tôt, « pour ne pas manquer de place. Vu que c’est leur dernier match ici, après on ne les verra qu’à la télé », confiait Boris Tchitchoua, lui aussi paré de vert-rouge-jaune, se dirigeant vers le Shabba.
Il s’agit en effet du flanc supérieur du stade, situé en face de la tribune d’honneur, d’où est généralement donné le ton de l’ambiance. Et c’est celle des grands jours qui a prévalu samedi, car après cette rencontre d’au revoir, nombreux ne verront plus leurs joueurs chéris qu’à travers le petit écran. Et dans ce coin atypique du stade, tout y passe, même le trophée de la coupe du monde. Bref, un de fabrication locale, brandi par les fans des Lions, qui croient déjà savoir que « les Lions seront champions du monde ». De leurs bouches, les noms des joueurs s’échappent à tour de rôle comme une récitation élémentaire, surtout lorsque ceux-ci effectuent leur entrée sur la pelouse pour l’échauffement d’avant-match.
Il en est ainsi, jusqu’au coup d’envoi de la partie. Et subitement, concentration maximale, les yeux sont uniquement braqués sur la rencontre. Chaque geste de joueur, bonnement exécuté, est acclamé et apprécié. Indulgent pour la circonstance, le public, pour ce jour, ne se permet pas de huer ou de crier sur un des leurs lorsqu’il fait mal. Tout au contraire. Mais il ne se ménage pas de petites taquineries entre personnes, se jetant dessus des projectiles moins dangereux. Solidaires, ils se liguent à chaque occasion contre les hommes en tenue en faction pour veiller à sa sécurité, surtout lorsque ceux-ci se saisissent d’un des leurs. Il scande alors, « Libérez, libérez, libérez », jusqu’à la relaxation de ce dernier.
Et quand le Shabba est content, tout le public des Lions l’est aussi, car, il représente l’humeur de ce public en cas de victoire ou de défaite. Ce samedi encore, c’est avec un cœur comblé et tout en communion qu’il a donné son onction aux joueurs. Alors, A vous les Lions…partez !
Armel Kenné