Sevré de l’expédition victorieuse des Lions indomptables au pays des Fennecs marquée par la qualification pour le Mondial Qatari, le ministre des Sports et de l’éducation physique paie-t-il le prix des batailles de réseaux au sommet de l’Etat dans lesquelles certains le présentent comme une victime collatérale ?
C’est Alain Bruno Mankollo, Directeur du développement des sports de haut niveau au Minsep qui représentait Narcisse Mouelle Kombi lors du séjour de la sélection nationale fanion en Algérie. Pendant trois jours, l’homme qui recevait tous les égards dus à une personnalité du rang de la tutelle des sports, était les yeux et les oreilles de son patron au sein de la tanière des Lions indomptables sis au Hyatt Regency d’Alger et même pendant la reconnaissance de la pelouse la veille de la rencontre à Blida. Et comme le veulent les usages, c’est à la tribune présidentielle, entouré du gratin du gouvernement algérien, qu’il a suivi de bout en bout, l’assaut victorieux des quintuples champions d’Afrique sur les Fennecs à domicile (2-1), validant ainsi la qualification pour la Coupe du monde 2022. Aux bons soins de Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), ce haut cadre d’administration était par ailleurs porteur du message de l’Etat camerounais à l’endroit de ses valeureux Lions, condamnés à vaincre pour éviter un second rendez-vous manqué après le revers de 2018 en Russie. Mais où était donc passé Mouelle Kombi dont on connait l’omniprésence auprès des Lions, devenu presque une obsession au point où certains l’ont surnommé le « ministre du football » ? Suite à l’exploit du Onze national, le diplomate de formation n’a pas fait mieux que saluer cette prouesse footballistique.
Quelques heures après la victoire des Lions Indomptables, le Pr Narcisse Mouelle Kombi s’est juste contenté de poster un message laconique sur sa page Facebook : « Bravo ! Félicitations aux Lions Indomptables qualifiés pour la Coupe du monde Qatar 2022,après leur belle victoire contre l’Algérie à Blida 2-1, ce mardi soir 29 mars 2022. Vive le Cameroun qui gagne ! », a écrit le Minsep qu’on sait pourtant très loquace dans des envolées lyriques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’absence du numéro 1 des Sports à cette expédition punitive de Blida, n’est pas restée sans commentaires. Surtout que resté au pays, l’homme n’a pas eu un événement particulier dans son agenda.
Discours soporifiques
De quoi laisser songeur plus d’un. Tout a commencé vendredi dernier lorsque le Cameroun pliait l’échine face à l’Algérie au stade de Japoma. Mouelle Kombi qu’on sait habitué à descendre dans les vestiaires des Lions pour des discours soporifiques et quelques petits conseils à l’adresse des joueurs ou du staff technique n’a pas cru bon de sacrifier au rituel, esquivant royalement cette séquence alors que beaucoup attendaient de lui, des mots d’encouragement ou de réconfort après cette soirée chaotique pour Eric-Maxim Choupo Moting et ses camarades. Recoupements faits, le Messager a appris de sources dignes de foi que l’autorisation d’effectuer le voyage d’Alger a été purement et simplement refusée au ministre des Sports. Alors que ce dernier a émis le vœu d’y aller, en introduisant comme la réglementation en vigueur l’exige, une demande auprès des services du Secrétariat général de la présidence de la République, sa doléance a reçu une fin de non-recevoir. Un Niet qui a fait des gorges chaudes dans l’entourage du Minsep et même sous les lambris dorés d’Etoudi.
Fécafoot, ennemi numéro 1
Difficile de réaliser que l’homme qu’on présente comme l’un des fidèles de Ferdinand Ngoh Ngoh soit aussi honteusement botté en touche au moment même où la sélection nationale fanion dispute un match capital pour la nation. Au ministère des Sports, les langues se délient pour soutenir que « le ministre n’a pas voulu endosser une éventuelle élimination des Lions indomptables. Car convaincu que le Cameroun devait logiquement perdre cette rencontre au regard de la longueur d’avance enregistrée par l’Algérie à Japoma. Être de la délégation officielle qui vit cette bérézina du pays de Roger Milla aurait été fatal pour l’avenir du ministre ; lui qui n’a pas digéré le tacle de la Fécafoot et de son président dans l’affaire du limogeage de Toni Conceçao ».
Mais, c’était sans compter sur le supplément d’âme insufflé aux félins par Samuel Eto’o qui a chaussé les crampons la veille du match pour motiver davantage ceux qu’il appelle affectueusement ses « jeunes frères » à arracher par tous les moyens, ce ticket qualificatif pour la Coupe du monde au Qatar. Résultat des courses, pendant que Mouelle Kombi et ses affidés bouffaient du caviar en attendant de vivre le massacre des Lions, ceux-ci réalisaient l’exploit inespéré en assommant les Fennecs sur leur propre installation pour valider ce visa qatari tant attendu et tant convoité. D’autres sources y voient plutôt, la conséquence d’une guerre de réseaux au sommet de l’Etat. A les croire, l’ancien ministre des Arts et de la Culture paie là le lourd tribut d’un vrai ou supposé soutien à Laurent Esso, le ministre de la Justice Garde des sceaux, présenté dans la galaxie Biya comme un « ennemi » de Ngoh Ngoh.
« Il a été rapporté au Vice-dieu que son poulain fréquente de plus en plus le Minjustice qui lui aurait fait la promesse de jouer les boucliers au cas où son parrain de ministre d’Etat/Sgpr tenterait de vouloir mettre sa tête à prix dans les affaires de la gestion du sulfureux dossier du stade d’Olembe. Toute chose qui a provoqué l’ire de ce dernier qui se sent encerclé, amputé d’un sérieux lieutenant et donc, diminué dans ses marges de manœuvres », renseigne un diplomate au Minrex qui annonce dans la foulée, des poursuites judiciaires dans le cadre de la gestion des fonds de la Coupe d’Afrique des nations (Can Total Energies) 2021.
Mission d’audit des fonds Covid
Ferdinand Ngoh Ngoh redouterait qu’être lié à la Can avec sa fameuse Task Force, ne se retourne contre lui avec le remaniement qui s’annonce imminent. Le Minetat/Sgpr sait mieux que quiconque, que chaque couac constaté sur le front footballistique pourrait lui être imputé et qu’il risque d’en payer fatalement le prix. Qui mieux que le Garde des sceaux pour l’envoyer au gnouf une fois la procédure déclenchée ? On se souvient que le 29 mars 2021, Ngoh Ngoh répercutant les hautes directives du chef de l’État, a prescrit au ministre délégué à la présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’Etat, de faire accélérer la mission d’audit des fonds Covid-19 dont le rapport faciliterait la conclusion avec le Fonds monétaire international (Fmi) d’un nouveau programme économique et financier.
Dans le même temps, le principal collaborateur de Paul Biya a eu l’outrecuidance de demander au ministre de la Justice, de « diligenter sans délai des poursuites judiciaires contre les auteurs, co-auteurs de malversations relevées par la Chambre des comptes dans son rapport d’audit ». Mal lui en a pris, Laurent Esso, comme s’il attendait cette offrande, l’a renvoyé dans les cordes, en exigeant de son successeur au secrétariat général de la présidence, les « pièces d’investigations » issues la Chambre des comptes. Un scénario à la hollywoodienne. Affaire à suivre