Une embrouille à la camerounaise ? Deux théories s’affrontent pour expliquer l’annulation du match Algérie – Cameroun par les Lions indomptables. La première est officielle : les joueurs n’auraient pas reçu une prime en temps et en heure. Mais pour la seconde, il ne s’agirait que d’un prétexte pris par certains joueurs, dont Samuel Eto’o, pour faire tomber le président de la Fecafoot, Mohammed Iya.
Dès le lendemain de leur victoire contre le Soudan (3-1) lors de la finale de la LG Cup à Marrakech, dimanche dernier, les Lions camerounais menacent de ne pas se rendre en Algérie, faute d’avoir perçu leur prime de présence pour le tournoi marocain. Les réunions avec les dirigeants de la Fifa (excepté le président de la Fecafoot, Mohammed Iya, en mission au Rwanda) n’aboutissent pas. Les joueurs veulent du cash, mais la somme globale (30 000 dollars) n’est pas disponible.
Informé et inquiet, Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football (FAF) propose même d’avancer l’argent à la Fecafoot. Entre temps, Denis Lavagne, le nouveau sélectionneur des Lions, se déclare « confiant» concernant le règlement du litige. Finalement, le ministre des Sports camerounais, Michel Zoah, fait débloquer la somme, qui arrive lundi soir à Marrakech. Mais, coup de théâtre, les footballeurs camerounais refusent l’argent, et confirment leur refus d’aller affronter les Fennecs. Ils réservent des billets d’avion sur des lignes régulières pour regagner leurs clubs respectifs, sauf Samuel Eto’o, déjà reparti en jet privé.
« La Fecafoot les a menés en bateau »
Selon un proche d’un des internationaux camerounais, ce refus de jouer fût réellement motivé par un désaccord sur les primes. « Il ne faut pas chercher d’autres raisons. Comme souvent, la Fecafoot les a menés en bateau, en disant que l’argent allait arriver. Finalement, celle-ci s’est tournée vers le ministère des Sports, qui n’était pas au courant, mais qui a fini par débloquer l’argent », explique cette source. « La somme est minime. Ce n’est pas une affaire d’argent, mais de principe. Les joueurs en ont assez de voir que le Cameroun perçoit des cachets pour jouer à l’étranger, mais qu’ils n’en voient jamais la couleur. »
L’autre version est nettement plus polémique, mais rien n’interdit d’y croire. Selon une source en général très bien informée, « le coup était monté à l’avance. Cette histoire n’était qu’un prétexte. » D’après notre interlocuteur, certains joueurs auraient l’intention « de faire exploser la Fecafoot et de faire tomber son président Mohammed Iya, réélu au printemps. »
« Faire sauter la Fecafoot »
Parmi eux, des joueurs qui avaient été convoqués par la fédé après la Coupe du Monde 2010, en raison de leur comportement lors de la débâcle sud-africaine. Dont Eto’o, finalement blanchi, et Alexandre Song, légèrement puni (comme Assou-Ekoto, qui refuse depuis plusieurs mois de rejouer en sélection) « Cela les avait énervés, et ils veulent faire sauter la Fecafoot. Si Eto’o n’a pas signé le fameux communiqué, c’est qu’il a été plus malin que les cinq autres. Ce qu’il faut savoir, c’est que les organisateurs de ce coup monté ont réussi à faire croire aux autres qu’il s’agissait vraiment d’une histoire de primes.»
Mais les Lions Indomptables ne se sont pas seulement ridiculisés avec ce refus de jouer. L’Algérie ayant décidé de saisir la Fifa, ils encourent une suspension individuelle. Le Cameroun, lui, court aussi le risque d’être sanctionné. Car Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération Algérienne de Football (FAF), est un homme influent tant à la CAF qu’à la Fifa. Et l’homme fort du football algérien est ulcéré par l’attitude irresponsable des Camerounais. Les 70 000 places du stade du 5-Juillet à Alger avaient été vendues, et plusieurs chaînes de télévision s’étaient acquittées des droits de retransmission…
Par Alexis Billebault