L’ancien entraîneur de Tiko United a été inhumé samedi dernier dans son village natal à Bandjoun, au quartier Ha. Les absences du représentant du ministre des sports et de l’éducation physique et des dirigeants de Tiko United ne sont pas passées inaperçues.
L’atmosphère était lourde samedi dernier au quartier Ha par Bandjoun où Alain Robinson Wabo dit Capello a été conduit à sa dernière demeure. Entraîneurs, présidents de clubs et joueurs étaient massivement représentés à ces obsèques. Parmi les présidents de clubs, Joseph Feutcheu de Feutcheu Fc de Bandjoun, ancien employeur d’Alain Wabo dans Panthère, Célestine Ketcha Courtes, présidente du conseil d’administration de la Panthère du Ndé dont les joueurs étaient massivement représentés, Dieudonné Kamdem, président général de Fovu de Baham et président du conseil d’administration des Astres de Douala, Calvin Foinding, président de Mount Cameroon de Buea.
La Guinée Équatoriale était également représentée à Bandjoun. On a noté les absences des responsables de Tiko United, son employeur, et surtout du représentant du ministre des sports et de l’éducation physique. Lors de la levée de corps, le ministre Michel Zoah était pourtant bel et bien présent à Douala. Des absences qui ont été ressenties au niveau des témoignages et n’ont pas eu des explications valables.
Après la mise en bière à la morgue de l’hôpital général de Douala le jeudi 4 novembre, la dépouille a été conduite à son domicile à Buea, dans la région du Sud-Ouest. Ce n’est que le lendemain que le transfert a eu lieu pour Bandjoun. Après la grande veillée, la messe d’inhumation a eu lieu à la paroisse Bon Pasteur de Ha Bandjoun. Au cours de sa prédication, l’abbé Kamdem a reconnu que Alain Wabo a marqué son existence, par son travail, tant dans son village natal que sur le plan national et international. D’où l’invite des uns et des autres à copier l’exemple de ce jeune dynamique et très entreprenant qui n’a pas eu tout le temps pour réaliser tout ce qu’il envisageait.
Parmi ses inachevés, il a énuméré la construction d’une maison, encore en chantier, qui fait la fierté du village, le projet de formation des jeunes footballeurs. «Monsieur Wabo Alain a écrit beaucoup de phrases et les a laissées au niveau de la virgule. A nous de les achever aujourd’hui », a martelé le prêtre pour qui Alain Wabo est décédé des suites de fièvre typhoïde. L’image phare que cet homme d’église garde d’Alain Wabo est sa contribution remarquable lors de la construction de la paroisse. Une dizaine de témoignages ont été fait au cours de ces obsèques où Dominique Wansi était le porte parole des entraineurs du Cameroun.
Parents, amis, membres de la famille et collègues de Capello ont reconnu en lui un homme travailleur qui était habité par le souci de toujours apprendre et de se perfectionner davantage. Au terme de la messe qui a eu lieu dans un temple situé à environ un kilomètre de la concession du défunt, c’est dans une procession rythmée par la fanfare, et avec en tête du cortège les entraîneurs de football, que Alain Wabo a été conduit au caveau familial. Sa veuve et son enfant étaient inconsolables aux côtés des autres membres de la famille lors de l’absoute aux environs de 13h20 minutes. Le village Bandjoun et les adeptes du football se souviendront encore pendant longtemps de cet entraîneur tacticien et autodidacte qui est décédé à l’âge de 38 ans.
Blaise Nwafo à Bandjoun
Quelques témoignages
Célestine Ketcha Courtes, présidente Panthère : « Il était un professionnel dans son domaine »
Il était un entraineur professionnel. Capello a apporté beaucoup à la Panthère sportive du Ndé et nous le perdons malheureusement à la fleur de l’âge, 38 ans. Je trouve que c’est injuste. Il a passé de grands moments à Bangangté où il était comme un fils adoptif. C’est pour cela que nous sommes venus lui dire un dernier adieu. On a eu des rapports professionnels et j’ai vu en lui un professionnel dans son domaine. Il a accompagné et aidé beaucoup de jeunes footballeurs dans leur carrière de footballeurs professionnels.
Edouard Dinallo Djonkam, entraîneur : « C’était un entraîneur particulier qui avait le don du métier »
Quand le ministre des sports met des entraîneurs en mission pour sillonner le pays et détecter des jeunes pour l’équipe nationale minime, cadets et juniors, Wabo me trouve à Baham où je suis en service et éprouve l’envie de faire un stage de haut niveau. C’est comme cela que je saisis la fédération Suisse de football qui a répondu favorablement au mois de mai pour que Alain aille en Suisse pour une formation. C’était un entraîneur particulier qui avait le don du métier. C’est comme dans le journalisme où ceux qui ont du talent ne passent pas nécessairement par l’Esstic. Bien que n’étant pas passé par l’Injs, il avait du caractère et c’est ça qui fait d’abord l’entraîneur.
Bernard Fotso, entraîneur : « Il devait prendre en main le destin de l’équipe nationale de Guinée Equatoriale »
On se connaît depuis près de 25 ans et ce que je garde de lui c’est l’image de quelqu’un de dynamique et fort. Malheureusement la maladie est venue l’arracher. C’est quelqu’un de très important que nous perdons dans le corps des entraîneurs. C’est un garçon qui avait un langage propre à lui ça a porté des fruits. Quand il décidait de faire quelque chose il le faisait. Il est mort le même jour qu’il devait voyager pour aller prendre en main le destin de l’équipe nationale de Guinée Equatoriale. Je suis perdu et à la limite embrouillé.
Dominique Wansi, entraîneur: « Il appliquait ce qu’il pensait et les résultats suivaient »
Alain Wabo était un repère. L’un de ses entraîneurs dont le Cameroun a besoin, parce que passionné par ce qu’il faisait. Il nous a enrichi le vocable du métier. Il était très rigoureux, positif, avec de la suite dans ses idées, qui savait encourager les jeunes et n’était jamais défaitiste. Chaque fois il venait à mon bureau me dire coach je suis venu vous parler et ne partirai que lorsque nous serons d’accords. Il me disait chaque fois les gens ne me comprennent pas coach. Comme pédagogue, il appliquait ce qu’il pensait et les résultats suivaient. Comme souvenir je garde de Wabo un monsieur qui n’a pas achevé son œuvre. Wabo avait beaucoup d’idées dans la tête. C’est l’un des jeunes entraîneurs et à 38 ans il avait tout à prouver.
Calvin Foinding, ancien président Stade de Bandjoun: « Il avait encore beaucoup de choses à donner aux jeunes et à son pays »
Je l’ai connu quand Stade de Bandjoun avait un problème. La force de Wabo c’était de connaître pratiquement tous les joueurs de l’équipe adverse. En faisant une analyse de duel, il préparait et gagnait très souvent ses matches. C’était un entraîneur très convaincu et très convainquant. Par la suite je l’ai amené à Mount Cameroon, nous avons remonté l’équipe en première division et c’est là où sa carrière a commencé. De performances en performances, de succès en succès,c’est triste parce qu’il avait encore beaucoup de choses à donner aux jeunes et à son pays. Il avait une carrure déjà internationale. Je crois qu’il pouvait encore faire beaucoup de choses.
Kologny, joueur Panthère : « C’est quelqu’un à qui je me confiais »
C’est avec beaucoup de douleur que je parle de lui aujourd’hui. Je l’ai rencontré pour la première fois dans la Panthère sportive du Ndé. A l’époque, j’étais un joueur qui était égaré dans sa façon de jouer mais avec sa présence il m’a permis de comprendre beaucoup de choses dans le domaine du football. C’est quelqu’un à qui je me confiais chaque fois que j’avais des problèmes au niveau de mon évolution et de ma performance. C’est un homme valeureux qui s’en va aujourd’hui.