Le sélectionneur du Cameroun, nommé par le ministre Adoum Garoua, a rendu publique mercredi « sa » liste des 24 joueurs qui disputerons le match amical du 14 novembre prochain contre l’Albanie en Suisse. Le stage, d’une durée de deux jours, servira au « nouveau » sélectionneur à jauger les joueurs qu’il retiendra pour la suite des matchs éliminatoires à la coupe du monde 2014.
À première vue, cinq joueurs présents lors de l’importante rencontre contre le Cap Vert à Yaoundé quittent la tanière. Parmi eux, le latéral Pierre Womé Nlend, qui était pourtant titulaire et avait livré les quatre vingt dix minutes de ce match. Par contre son remplaçant Gaétan Bong fait partie des 24. Peut être logique pour le sélectionneur, mais pas pour le simple observateur.
La sortie du jeune Ollé Ollé ne surprendra personne. Sa sélection pour un match crucial comme celui contre le Cap Vert était à proprement parlé une grosse imposture. Présenté comme un joueur évoluant au Varbergs Bols en Suède, il n’en est pourtant rien. Pour ce qui est de Junior Ollé Ollé, fils de l’ancien international et très talentueux milieu de terrain du Tonnerre de Yaoundé des années 1980, les responsables du staff technique se doivent d’expliquer comment un joueur, qui a vu son contrat être arrêté dans une modeste équipe suédoise et qui était alors sans club, s’est retrouvé dans l’environnement des Lions Indomptables lors d’un match aussi important.
Un autre cas qui attire l’attention est la sélection du jeune Joslain Mayebi. Le Cameroun est certainement à la recherche de talent à ce poste, déjà pour instaurer une certaine concurrence à cette position très sensible. La trouvaille d’Akono a de quoi faire sourciller. Devrait-on simplement jouer en Europe pour se voir automatiquement accorder la confiance de Magnusson ? Certainement pas.
Le jeune gardien évolue à Wrexham F.C., club de 5ème division anglaise dans la ligue denommée la « Conference National » qui est en fait le plus bas niveau du football organisé en Angleterre. Cette ligue comprend majoritairement des équipes semi-professionnelles. À titre de comparaison avec le football au Cameroun, ce club viendrait après l’Elite One, l’Elite Two, la Division 2, les ligues départementales, et serait donc logé dans la même catégorie que les ligues de quartier encore appelées « fédération ».
Que ce soit donc clair. Le choix de Joslain d’évoluer dans cette ligue, ses ambitions et sa vision de son futur sont ses choix personnels et personne ne devrait s’en immixer. Il n’a donc pas à sourciller de faire partie de la liste des 24. Ce qui est cependant à regretter est que Jean Paul Akono ait choisi de l’associer à un tel scandale. Des gardiens du championnat professionnel local, aurait très bien pu faire l’affaire. Avec ses anciennes fonctions de DTN, on se serait attendu à ce que le sélectionneur ajoute des touches locales à ses sélections. On peut citer en vrac les deux gardiens de Coton Sport de Garoua, Efala Konguep et Feudjou Loic, Mounchili Mfonbam de Union de Douala.
Ce scandale n’est certainement rien par rapport à la sélection du jeune Adongcho. Découvert par l’espagnol Clemente qui voyait en lui un potentiel énorme, il n’a jamais réussi à trouver le moindre club qui voulait parier sur ses qualités. Que ce soit à Brunei, dans la MLS, en Roumanie, en Suède, il n’a jamais pu s’établir durablement dans aucun club. Son évolution s’en est ainsi trouvé retardée. Jean Paul Akono a décidé de le relancer. Et quelle en serait donc la contrepartie ? Après tout, choisir ce profil de joueur en mettant de côté celui de ceux qui évoluent semaine après semaine dans les grands championnats du monde ne peut logiquement se faire en toute liberté: Jacques Zoua, Benjamin Moukandjo, Willie Overtoom sont là pour témoigner.
Si la sélection du jeune Songo’o peut être normale au vue de son rendement en MLS, elle risque d’embrigader Jacques Songo’o dans un rôle de « tais-toi, toi aussi ».
Les deux dernières sélections notables, celle de Yontcha Jean Paul et de Boya Pierre, participent à ce cynisme qui conforte Mohammed Iya à ne vouloir choisir que les sélectionneurs « blancs » pour gérer les Lions Indomptables du Cameroun. Il faut donc se poser la question à savoir où et quand le Sélectionneur a t-il vu évoluer ces deux joueurs pour leur faire confiance? Sur quelle base repose leur sélection ? Quelle est la valeur ajoutée par rapport aux autres anciens sélectionnés ?
Ceci dit, soyons transparents. Combien coûte une sélection en équipe nationale du Cameroun ? Akono pourra certainement y répondre de façon précise.