L’argument de « trouble à l’ordre public » invoqué par l’autorité administrative est battue en brèche par certains administrateurs qui soupçonnent des manœuvres du président sortant.
Initialement annoncés les 2 et 3 décembre derniers, le conseil d’administration et l’assemblée générale d’Aigle Royal de la Menoua n’ont plus eu lieu. Contre toute attente, le sous-préfet a signé un communiqué annonçant leur suspension. « Menace de trouble à l’ordre public » est l’argument brandi par le chef de terre. Qu’est-ce qui s’est vraiment passé pour qu’on en arrive à cette décision ? L’on serait bien tenté à se poser cette question. Selon des membres du conseil d’administration, dans l’après-midi du samedi 2 décembre, une rencontre a réuni le président sortant Samuel Dongmo, son challenger Ghislain Nkenlifack et d’autres administrateurs d’Aigle Royal. Présidée par le sous-préfet Jules Ekoumè, cette rencontre avait pour but d’amener les différentes parties à mettre en place un bureau consensuel dirigé par le président sortant et avec son adversaire comme directeur général. Sauf que les partisans du changement radical se sont vivement opposés à cette décision.
Pour eux, le bilan des trois années de gestion de Samuel Dongmo est tel qu’il est bien pour le club d’avoir une nouvelle locomotive. Ceux-ci ont été d’ailleurs séduits par le fait qu’on leur présente enfin un projet alors que par le passé, le club semblait fonctionner sans véritable perspective. Pire sans un siège. Concrètement, Ghislain Nkenlifack proposait un projet qui comprenait entre autres, la construction d’un siège, d’un stade aux normes internationales, la création d’une académie de football et l’achat d’un bus pour le club. Après l’échec de sa médiation, le sous-préfet a rendu public son communiqué.
« L’adversaire de Samuel Dongmo qui n’avait pas qualité pour prétendre au poste de président selon les textes du club, est allé ameuter des badauds pour faire du désordre », accuse un proche de ce dernier. « Les organisateurs de ces rencontres m’ont saisi pour me dire que les conditions n’étaient plus réunies pour qu’elles se tiennent dans le calme », explique le sous-préfet. D’où l’argument de menace de trouble à l’ordre public avancé. Pour des administrateurs, cet argument est totalement non fondé. Ils saluent plutôt ce regain d’enthousiasme des supporters et sympathisants du rapace de la Menoua autour de leur club. D’aucuns suspectent même l’autorité administrative de soutenir le président sortant qui serait son camarade de promotion à l’école nationale d’administration et de magistrature (Enam). « Dès que les conditions seront réunies, l’assemblée va se réunir. Ce qui est certain, elle aura lieu », rassure le sous-préfet. Toutefois, les supporters redoutent que cette immixtion de l’autorité administrative puisse porter un coup à la préparation de leur club pour la prochaine saison sportive. D’ailleurs, des administrateurs ont signifié leurs inquiétudes au préfet de la Menoua qui a promis s’y pencher diligemment.
Gaël Tadj, de retour de Dschang