Ahmad est tout de même une star… Devant les patrons des radios et télévisions publiques (et désormais privées) d’Afrique, réunis à cette XIe Assemblée générale à Kigali, l’entrée du président dans la salle des travaux a été ponctuée d’applaudissements. L’homme qui a depuis lors adopté le costard bleu anthracite des hommes de pouvoir a alors pris la parole, afin d’exposer sa vision des relations entre la Confédération Africaine de Football et les médias audio-visuels africains.
Une vision qui tient en un point essentiel sur lequel il s’est voulu sentencieux : « La Caf n’est pas là pour se renflouer les caisses. Elle a envie de développer le football, en redistribuant des revenus, pour le développement du foot- ball africain ».
Après son plaidoyer officiel auprès des patrons de l’audio- visuel africain, le patron du football africain comme l’avait prévu le protocole serré de cette visite-éclair à Kigali a rencontré la presse. Et la question de l’heure, quant à la compétition la plus importante de la Caf a été posée, par un journaliste camerounais présent. « Monsieur le président de la Caf, c’est une question qui désormais devrait vous agacer, mais en tant que Camerounais, je me dois de vous la poser : qu’en est-il de la tenue de la Can 2019 au Cameroun ? ». Ça n’a pas loupé. Le jusque-là très posé président de la Caf se cabre dans son siège, et des mains et de tout le langage corporel possible pour le signifier, répond : « Vous les Camerounais, vous voulez cette Can ? Eh bien cela dépend de vous. Si cela ne se passe pas, c’est vous ! Vous faites croire que le mauvais vient toujours de l’extérieur. Faites comme votre président de la République, faites comme Samuel Eto’o, travaillez pour qu’elle ait lieu ! Arrêtons la polémique. Travaillons! Il y a trop de gens qui ne travaillent pas dans ce sens, qui créent des intérêts personnels. Ces personnes rament à contre-courant. »
Des propos lourds de signification et de sous-entendus, et qui méritent quelque décryptage. D’abord, M. Ahmad est convaincu de l’engagement de deux Camerounais illustres, qu’il dédouane d’emblée : Paul Biya et Samuel Eto’o. Cela veut dire au moins une chose, c’est qu’ils sont en contact tous les trois, à propos des préparatifs querellés de cette compétition. Comprendre aussi que Samuel Eto’o est l’intermédiaire entre les deux présidents, sur ce dossier à épines. Ensuite, M. Ahmad a désormais en horreur un certain nombre de Camerounais (qui sans doute ont été ses interlocuteurs) dont il a découvert qu’ils étaient soit de faux-jetons, soit des gens intéressés par des gains personnels, soit les deux à la fois. A son sens, ce sont ces derniers qui alimentent la polémique. C’est sans doute la raison pour laquelle, il a profité de cette tribune, pour jeter ce pavé dans la mare camerounaise.
La balle, nous sommes au football, est dans le camp camerounais.
Haman Mana