Dans l’environnement des Lions indomptables, les affaires d’argent ne sont pas claires. Ce fut le choc du match Eire-Cameroun, ce fameux maillot blanc. Où est-ce qu’on était donc allé nous le chercher ? Les explications les plus officielles données par le ministre de la Jeunesse et des Sports ont à peine calmé l’indignation populaire.
Mais, à la vérité, ce maillot blanc à manches noires n’est pas seulement une affaire de couleur sombre ou claire. Car, tant qu’à faire, le jaune du drapeau national avec lequel le Cameroun a remporté sa première CAN à Abidjan n’est pas plus sombre que le blanc. La vérité se trouve dans le circuit qui a amené le choix de cette couleur. Tortueuse, cette vérité se présente comme une affaire de gros sous.
Autre affaire de gros sous, le choix des sites d’hébergement. La bataille entre les localités japonaises et coréennes était rude. Selon certaines données révélées par le Japan Times, les villes hébergeant les équipes du mondial ont investi chacune près de six cent millions de FCFA en travaux d’infrastructures, mobilisation d’un staff entre les hôtels, les terrains d’entraînement , les lieux de détente et… la prime versée aux hôtels. En clair, les villes-hotes se battaient pour payer les invités. Combien ont reçu les Lions indomptables à Fujiyoshida ? Ce chiffre figurera-t-il dans le bilan financier de participation du Cameroun à la rubrique recettes ou alors à celle des dépenses ?
Et les matchs amicaux alors ? Depuis la nuit des temps, ces rencontres internationales que l’on sait juteuses relèvent du domaine du confidentiel. Qui donc les négocie, sur la base de quelle rémunération ? Las d’attendre des réponses, des joueurs ont demandé des explications mais surtout leur part.
Toutes ces affaires qui se gèrent entre les clans élèvent un nuage opaque autour des finances des Lions indomptables. Créer un poste de manager général des Lions indomptables, comme l’a proposé Roger Milla, contribuerait à mettre de l’ordre. Même si certains y perdent la motivation de leurs petites magouilles. L’Etat y verrait plus clair dans le coût d’entretien d’une équipe nationale qui peut aussi rapporter de l’argent.
Efficacité minimale
Un but contre l’Irlande, un autre contre l’Arabie Saoudite. Voilà le maigre bilan des artificiers camerounais à la coupe du monde Corée-Japon 2002. Deux buts marqués (Mboma et Eto’o) mais alors que d’occasions manquées ! On pourrait en comptabiliser une bonne douzaine dont la transformation de la moitié seulement aurait changé le parcours des Lions indomptables lors de cette compétition. Hélas, ce n’est pas avec les regrets que l’on marque des buts.
La défense des Lions indomptables a ouvert des boulevards qui ont permis aux Irlandais et aux Allemands de marquer des buts d’une limpidité écœurante. Contre l’Allemagne, on a vu cinq défenseurs hors jeu de position par deux joueurs sur une accélération et sans aucun dribble. Une image qui illustre la contre-performance des Lions indomptables tout au long de la compétition. Une équipe lourde dans ses mouvements, sans accélération dans son jeu, les prises de risque étant réduites au strict minimum. On peut ainsi compter sur les doigts d’une main les départs en dribbles des joueurs camerounais pendant les trois matchs autant que les débordements sur les ailes.
Un jeu aussi statique n’avait aucune chance de surprendre les adversaires.
Un coaching hésitant
Contre l’Irlande, Patrick Mboma, fatigué, est remplacé par Patrick Suffo un joueur dont le travail de replacement n’est pas le point fort. Contre l’Allemagne, le même Suffo entre pour » jouer derrière les deux attaquants » face à une équipe qui, réduite à dix, avait choisi de verouiller l’axe central. Curieusement, à la mi-temps, Djemba avait accéléré son échauffement. On pensait alors que son entrée allait donner plus de fraîcheur en milieu du terrain des Lions et une plus grande vivacité qui aurait gêné les Allemands. Passer par les ailes et jouer plus vite constituait deux clés pour déverrouiller la défense allemande. Mais l’entraîneur a choisi de faire le contraire.
Difficile de penser que les appels de balle en profondeur de Ndieffi n’auraient pas fait céder la défense allemande. Le ressentiment de certains jeunes après l’élimination était légitime : ils méritaient d’avoir leur chance. Certains titulaires auraient bien pu rejoindre le banc de touche sans affecter le jeu de l’équipe. Au bilan cinq ou six joueurs ont essayé, à chaque fois, de tenir le navire à flots. D’un match à l’autre, c’était Song, Foe, Tchato, Etame, Eto’o et Womé. Ce noyau-là a du cœur devant un Alioum Boukar qui s’est montré à la hauteur.
Un sponsor envahissant
Difficile de ne pas voir le sponsor-équipementier des Lions indomptables pendant cette coupe du monde. D’abord, ses hommes se sont retrouvés dans les quarante-cinq de la délégation officielle du Cameroun. Et pas pour y prendre une place ou deux mais cinq. Difficile à expliquer.
Autre détail troublant, l’équipementier s’est mué en magasinier de l’équipe. A-t-on besoin d’expatriés pour jouer ce rôle ?
Enfin, l’équipementier a pris la place de responsable des relations publiques des Lions indomptables. Certes, il y a là un vide qui doit être comblé. Mais cela n’explique pas que l’on laisse l’équipementier régenter les relations publiques de l’équipe nationale à son profit. Résultat, les relations des Lions indomptables avec la presse étaient des plus difficiles, les relations privilégiées de tel journaliste avec tel joueur permettant tout de même de franchir les barrières.
Après cette coupe du monde, les Lions indomptables dont le monde entier regarde à la loupe les mouvements, ont besoin d’une gestion des relations publiques plus organisée, plus professionnelle.