Interrogé sur les décisions prises par l’assemblée générale de la Fecafoot le 25 septembre dernier, le Général Semengué estime que ce qu’il » pense n’a aucune importance ; le plus important c’est ce qui doit être fait, ce qui est légal, ce qui est logique. Une sentence doit être exécutée, quelles que soient sa nature, ses protagonistes et les conséquences qu’elle induit. Vous conviendrez avec moi qu’aucune instance, quelle que soit sa puissance, ne peut rétorquer une sentence du Tribunal arbitral du sport, qui est la Cour suprême en matière de sport. C’est vous dire que ce qui s’est passé les 24 et 25 septembre 2020 l’a été en parfaite violation des statuts de la FIFA, de la FECAFOOT et de la LFPC. Vous voyez dès lors que ce qui a été fait encourt nullité. «
Vous avez pourtant signé le procès-verbal de la réunion du Comité exécutif de la Fecafoot. Pourquoi ne vous sentez-vous plus lié par les engagements pris ?
Depuis le prononcé de la sentence, la FECAFOOT fait preuve de dilatoire et de mauvaise foi. Le jour de sa publication, un communiqué a été pris par la FECAFOOT pour annoncer à l’opinion que cette sentence allait être soumise aux organes internes (assemblée générale, Comité exécutif, commission et département juridiques de la FECAFOOT), comme si ceux-ci avaient la capacité, la qualité, l’autorité et la compétence pour le faire. La même FECAFOOT a bravé les prescriptions gouvernementales pour une application « immédiate et scrupuleuse » de la sentence. Bien plus, invitée à une séance de travail à son siège, la délégation qui m’accompagnait a été éconduite pour transformer ladite séance en un tête-à-tête au cours duquel l’échéance du mandat de l’exécutif de la Ligue a été brandie. Le 24 septembre 2020, j’ai assisté à une réunion du Comité exécutif de la FECAFOOT au cours de laquelle l’on a essayé sans succès de me faire accepter ce qui est finalement contenu dans le document que vous évoquez. Sauf que faute d’avoir réussi à me soumettre, malgré une quasi séquestration ce jour-là, ils ont remis cela le lendemain, et pour faire administrer la preuve de leur mauvaise foi, j’ai signé la fiche des présences du communiqué final de la réunion, pour avoir un élément matériel de leur mauvaise foi à leur opposer éventuellement. Parlant de ma signature, elle ne m’engage pas, car les seules signatures engageant le Comité exécutif sont celles du président et du secrétaire général de la FECAFOOT.
La Fecafoot a justement nommé un SG mardi dernier conformément à ce qui avait été annoncé lors de l’AG…
Cette décision suscite des interrogations sur les motivations réelles de son auteur. Elle ne repose sur aucune base juridique et statutaire crédible. La procédure de nomination du SG de la LFPC est régie par l’article 40 alinéa 9 des statuts de la Fecafoot qui dispose que le Comité exécutif de la Fecafoot a le pouvoir « de nommer ou révoquer les SG des Ligues de football professionnel, de football féminin, de football des jeunes, régionales et départementales sur proposition de leurs conseils d’administrations respectifs ». Le conseil d’administration de la Ligue ne s’est pas encore réuni et n’a, par conséquent, soumis aucun nom au Comité exécutif de la Fecafoot pour une telle nomination. Le président de la Ligue que je suis se trouve dans l’obligation de rejeter fermement la nomination de M. Mebizo’o Paul en qualité de SG de la LFPC dans la mesure où cette nomination est anti-statutaire. Un responsable du football camerounais peut-il prendre la responsabilité de reformer une décision arbitrale de l’instance la plus élevée du sport mondial, et adopter une attitude de défiance vis-à-vis des institutions étatiques au moment où le Cameroun va organiser le CHAN en 2021 et la CAN en 2022 ?
La Ligue a-t-elle les moyens de faire appliquer à la lettre la sentence du TAS ?
Les points 116 et 118 de la sentence du 14 septembre 2020 déclarent que la Ligue est rétablie dans tous ses droits en tant que membre de la FECAFOOT et notamment ceux liés à l’organisation des championnats professionnels au Cameroun. Ce rétablissement de la Ligue dans ses droits a un effet immédiat. Au sens du TAS, les textes de la FIFA et de la FECAFOOT, cette sentence est entrée à exécution le jour de son prononcé. Il n’est point besoin d’attendre une quelconque action de qui que ce soit. L’action du Ministère par contre, pour régalienne qu’elle soit, encadre et accompagne l’exécution de cette sentence.
Remettez-vous en cause de fait la saison écoulée qui a vu PWD de Bamenda être sacré champion 2020 ?
La sentence rétablit la LFPC dans ses droits à partir du 18 octobre 2019 ; cela signifie en réalité que ce qui a été fait depuis lors par toute autre entité est réputé n’avoir jamais existé. Toutefois, monsieur le Ministre des Sports et de l’Education Physique a prescrit la continuité du service. C’est pour cela que la Ligue ne reviendra pas sur les qualifications de PWD de Bamenda et Coton sport de Garoua pour les compétitions africaines.
N’est-il pas urgent de redonner de la légitimité au mandat des dirigeants de la Ligue et à celui des membres de son conseil d’administration ?
En réalité, il ne se pose aucun problème de légitimité au sein des organes dirigeants de la Ligue. Les textes du 3 novembre 2014 en vigueur prévoient tous les mécanismes en cas de vacance au sein du Conseil d’administration. Et je puis vous assurer qu’à ce jour, suite à la sentence du 14 septembre 2020 et conformément aux statuts de la Ligue, il ne se pose aucun problème de légalité et au sein de l’organe exécutif de la Ligue. Sur les 11 membres initialement élus le 27 juillet 2016 pour un mandat de 4 ans, 7, soit plus de 60% des membres bénéficient encore de leur légitimité et peuvent donc valablement délibérer. En outre, ce Conseil a été élu sur la base d’un scrutin de liste ; et par conséquent, seul le président, tête de la liste élue peut procéder à la cooptation de nouveaux membres, pris selon les critères du collège électoral de 2016, qu’il présenterait à l’assemblée générale pour validation. Vous conviendrez donc avec moi qu’il ne se pose aucun problème de légitimité.