Seidou Mbombo Njoya, la Fécafoot et le football camerounais s’en sortiront-ils ? Dans un énième bras de fer entre diverses personnalités fortes du football camerounais, la décision très élaborée du Tribunal Arbitral du Sport du 14 septembre n’aura finalement fait qu’attiser les braises ardentes. Même si aux lendemains de sa victoire aux élections fédérales, Seidou Mbombo Njoya prônait une gouvernance apaisée, ses quelques mois de leadership le placent parmi les dirigeants qui ont les plus écraser toute opposition. La Ligue, qui gère le football professionnel, est, par la force des choses, devenue un véritable terrain de jeu.
Et pourtant, il n’y avait qu’à tenir quelques mois pour apporter tous les changements possibles à la tête de cette instance puisque le président actuel, Pierre Semengué, ne se representera probablement plus à cause du dépassement de l’âge tel que voté dans les derniers textes de la fédération. Mais le désir de l’humiliation publique et certainement de plusieurs avantages certainement financiers ont eu le dessus sur la raison. Le football camerounais s’installe durablement dans le juridisme le plus abject et frise désormais avec une rupture de banc telle qu’est venue rappeler une missive de la FIFA, signée par Véron Mosengo-Omba, directeur de la division Associations membres de la FIFA. L’instance mondiale menace le Cameroun de suspension en cas d’ingérence de l’Etat. Une position que dément le Minsep dans une correspondance adressée à la Fecafoot.
La désormais affaire « Fecafoot-LFPC » a connu un nouveau rebondissement durant le week-end écoulé. Dans ce feuilleton qui s’englue chaque jour un peu plus dans les méandres d’un scénario bien mal écrit, la Fédération internationale de football association (FIFA) est entrée dans la danse. Les observateurs avertis diront qu’ils avaient senti le coup venir, puisqu’on y a eu droit lors des dernières crises à la Fecafoot. Dans un courriel daté du 8 octobre et adressé au président de la Fédération, Véron Mosengo-Omba, directeur de la division Associations membres de la FIFA, se montre, en des termes à peine voilés, menaçant. Notamment en ce qui concerne le groupe de travail mis sur pied par le ministre des Sports et de l’Education physique pour veiller à l’application de la décision du Tribunal arbitral du sport annulant la suspension de la LFPC. « Dans le cas où le groupe du travail ministériel en question n’apporterait pas seulement un soutien à la Fecafoot mais s’avérerait donner des directives à celle-ci, nous serions contraints de rapporter ces évènements aux organes compétents de la FIFA pour prise de décision, incluant l’application de sanctions telle qu’une suspension à l’égard de la Fecafoot ». Pour l’auteur de la lettre, « nous comprenons que les suites à donner à la sentence arbitrale du TAS du 14 septembre 2020 pour trouver une solution à la situation entre les deux parties ont été abordées lors de l’AG de la Fecafoot du 25 septembre dernier ». La FIFA en appelle au passage à considérer ses statuts, notamment concernant le respect des décisions du TAS et la gestion indépendante par ses membres de leurs affaires internes.
Mais pour le ministre des Sports et de l’Education physique, il n’est nullement question pour le groupe de travail d’« être perçu comme remettant potentiellement en cause les résolutions de l’AG de la Fecafoot ». C’est du moins ce qui ressort d’un courrier envoyé dans la foulée de celui de la FIFA par Narcisse Mouelle Kombi à la Fédération, pour clarifier la situation quant aux soupçons d’ingérence. Pour ce dernier, ce groupe de travail est la réponse « au risque d’escalade » du conflit entre la Fecafoot et son membre qu’est la LFPC. Réponse trouvée au cours d’une concertation entre les principales parties selon le Minsep. Il s’agit donc de « rassurer la FIFA sur la finalité de ce cadre de concertation institué dans un esprit d’apaisement et de rassemblement, pour favoriser l’exécution de bonne foi d’une décision juridictionnelle, en vue du démarrage urgent des championnats professionnels de football, dans la perspective du CHAN que le Cameroun accueille en janvier 2021 ». Pour le Minsep, il est clair que son statut de tutelle tient du fait que la Fecafoot bénéficie d’une délégation de pouvoir dans l’exercice d’une mission de service public et que l’Etat subventionne les activités de la Fédération et de la LFPC. Ces explications suffiront-elles à calmer la FIFA ? Seul l’avenir nous le dira.