Au cours de l’échange avec la presse ce vendredi à Yaoundé, le ministre des Sports a invité les journalistes à ne pas être exigeant pour rentrer dans ce qui est la cuisine interne de l’équipe nationale de football fanion. Verbatim.
« C’est vraiment un endroit sacré. C’est comme ça dans toutes les équipes du monde. Même les équipes d’Espagne, de France, du Brésil et de n’importe quel pays. Les joueurs et les coachs protègent cela, parce qu’ils se disent des choses entre eux. C’est leur cuisine interne. Or, vous (les journalistes, ndlr), dès que vous avez une bribe d’information, c’est parti : tel joueur est contre tel autre, voici ceci, voici cela. C’est comme dans nos foyers. Le bureau de madame, vous ne pouvez pas y rentrer comme ça à tout moment. C’est un peu comme ça, mes chers amis. C’est leur lieu sacré et il faut au moins leur consacrer ça. Le bus fait partie de cela, même leurs chambres. Ce sont des lieux sacrés des jours. Il y a des espaces privilégiés pour vous recevoir. Il y a des privilèges pour rencontrer tel ou tel autre joueur. Mais, ça ne peut pas être systématique. J’ai aussi fait la haute compétition. J’ai défendu les couleurs du Cameroun. C’est comme ça que ça se passe. Pourquoi voulez-vous tout savoir pour aller dire tel a fait ci, tel à fait ça ? Et ça affecte leur performance. Vous oubliez qu’ils sont jeunes : 20, 21, 22 et 23 ans. Vous les traitez comme s’ils étaient déjà mûrs comme nous autres. Ils ont droit à leur vie privée et à leur intimité. Il faut tenir compte de la personnalité et du statut des ces joueurs. Quand vous dites sur les antennes qu’un joueur est vieux et qu’on ne sait pas ce qu’il fait là, ainsi de suite, il a une femme et des enfants qui écoutent. Le lendemain ils vont à l’école et les autres viennent les railler en disant : ton père … Donc, vous devez connaître chacun de ces joueurs personnellement à travers le coach. C’est comme ça que ça se passe ».
Le football, parti unique au Cameroun
« Avant de gagner la Coupe du Monde en 1998, qu’est-ce qu’on n’a pas dit à Aimé Jacquet ? La presse était revenue demander des excuses parce qu’elle était allée trop loin. Le traitement de l’information sportive allume les passions. Le sport est le ciment de la paix et de l’unité. En même temps, c’est son destructeur si on n’arrive pas à manipuler l’information tout autour. J’étais à l’Assemblée nationale et un député de l’opposition, avant de poser sa question, a dit : monsieur le ministre, nous avons encore un parti unique. Et moi de dire : comment ça ? Il a répondu : c’est le football. Avant de poursuivre : Tout le monde ici est d’accord pour le football. Donc, faites tout pour que ça marche. Quand vous avez dit : Union sacrée, parlons pour que les Lions gagnent. On a vu lors du dernier match contre la Tunisie, comment il y a eu une communion qui se transmet et les joueurs perçoivent ça.
Mais, il y a eu aussi des séances où c’était dur, quand les Lavagne étaient encore là. Il fallait voir les joueurs aux entraînements. Ils avaient une peur bleue. Ils ont traversé des moments vraiment difficiles. Donc, cette communion est vraiment nécessaire. C’est pourquoi je dis, soyons ensemble, voyons comment on peut accompagner les Lions. Je sais que vous avez vos lignes éditoriales etc … Je respecte tout ça ».
Propos recueillis par Antoine Tella à Yaoundé