« Si c’est comme ça que la presse camerounaise va gérer les grands dossiers, qu’en sera t-il quand elle devra gérer l’alternance politique au Cameroun », s’interroge Abel Mbengué. Il pointe un doigt accusateur sur les journalistes qui auraient analyser le problème avec légèreté. Interview.
Abel Mbengué, il y a eu une grosse affaire au Cameroun. On vous a vu revenir à la télé vous impliquer dans le problème de sanction de quelques joueurs de l’équipe nationale du Cameroun qui ont décidé de ne pas jouer contre l’Algérie. La Fécafoot a donné son verdict final. Quel est l’avis de Abel Mbengué ?
Vous le dites si bien, verdict final qui vient a la suite d’une décision d’une commission technique compétente et indépendante. Je crois que les journalistes camerounais dans leur passion et leur debordement ont oublié de placer les mots justes là ou il faut. Qu’est ce que je n’ai pas entendu ? La fecafoot recule, la fecafoot perd la main… Mais non, la fecafoot a rendu le verdict final dans ce nouvel episode qui a ébranlé la solidité, voire, même si elle est fragile et apparente, de la selection nationale. Mais ce n’est pas le football camerounais, ce n’est pas l’edifice du football camerounais qui s’écroule. L’equipe nationale, la sélection nationale de football du Cameroun n’est pas le football camerounais. Tout doit partir de la base et la base ce sont les clubs. Il faut que dans le championnat, il y ait d’autres talents d’exception ou exceptionnels, mais ceux là ne peuvent être produits que par les clubs. Donc mon avis c’est que c’est un nouvel épisode. Il y en aura d’autres. on a vécu 1990. Bien avant 1990, on oublie qu’en 84, il y a eu une menace d’effronterie. On oublie tout ça aujourd’hui. Donc ce sont des episodes et c’est normal. Dans la vie, il y a toujours ces ébullitions. Cela fait partie de la croissance.
Pensez-vous que c’était un signal fort de la part de la fédération camerounaise de football de suspendre le capitaine après ce qu’on va appeler le Marrakechgate?
Vous l’avez dit. C’est le Marrakechgate. Si on est responsable, on doit pouvoir prendre ses responsabilités. Donc il était temps que cette affaire connaisse son évolution et son dénouement. La commission technique indépendente a pris sa decision qui était respectée et qui était respectable et puis la federation, compte tenu d’un environnement, a rendu la decision finale. C’était necessaire que tout le monde ne se sente pas frustré au sein de cette selection nationale car je peux vous l’avouer, beaucoup de frustrations couvent même encore. Mais je crois qu’elles se sont atténuées parce qu’on avait l’impression qu’il y avait des intouchables au sein de cette équipe.
Vous faites allusion à Samuel Eto’o ?
Mais non. Pourquoi revenir sur cela. Je n’aime pas individualiser même si la sacralisation est incontestable. Mais il y a d’autres fortes têtes au sein de cette sélection nationale… Moi j’évite de sacraliser parce que demain, ces personnages exceptionnels vont passer. Mais je me pose une question: si c’est comme ça que la presse camerounaise va gérer les grands dossiers, qu’en sera t-il quand elle devra gérer l’alternance politique au Cameroun ?
Propos recueillies par Stephen Sunou à Lausanne