Bordeaux, 9 décembre 2003. 22h35. La nuit est calme, même si de temps en temps, on entend les bruits des voitures circulant dans les rues de cette ville qui a inauguré la semaine d’après son tramway. Les feux de signalisation passent au rouge à un rythme révoltant, alors que nous sommes pressés d’atteindre le Cours Balguery, où nous attend Abed Nego Messang.
C’est en effet ici que notre confrère est désormais installé. Il a été accueilli dans une maison thérapeutique, après plusieurs mois à l’unité 26 de l’hôpital Saint André (chambre 25), suite à un cancer aux complications insoupçonnées.
Rencontre sympathique comme d’habitude, dans un décor qui suggère que « l’ancien » patron du service sport de la Crtv radio prépare un voyage. Des valises sont rangées. Il nous avait déjà fait part de son projet. Il le confirme, en brandissant son billet d’avion. Abed revient au pays, après plus d’un an à l’étranger, loin des siens. C’est en novembre 2002 qu’il a débarqué dans la capitale de l’Aquitaine et de la Gironde pour des soins appropriés. Quand nous lui rendions visite pour la première fois début 2003, nous sommes profondément préoccupé par son état. Ce n’est plus le costaud grand reporter auquel nous étions habitué que nous rencontrons. Il a été très fragilisé et diminué par des séances de chimiothérapie. En ce moment là, il vient aussi d’être opéré aux oreilles. Il n’entend pas bien. Il faut parler à haute voix, sans garantie d’être écouté. Une ardoise sert parfois d’outil de communication. Un casque lui permet de suivre la télévision, l’une de ses principales distractions. Il rate rarement les rendez-vous sportifs du petit écran et reste très attentif à l’actualité de son pays ; internet, le téléphone, le « bouche à oreille » constituant d’autres sources d’information.
Désormais, une prothèse auditive lui facilite la tâche. Les médecins qui le suivent admirent son courage face aux épreuves difficiles qu’il traverse. L’aumônier de l’hôpital Saint André avait l’habitude de prier pour lui. Les visites de quelques compatriotes de Bordeaux l’ont sans doute aidé à sortir de l’isolement et à améliorer son état moral. Bell Joseph Antoine, aujourd’hui parti de cette ville du Sud-ouest de la France, en fait partie. Abed raconte comment les venues de l’ ancien gardien de buts des Girondins de Bordeaux mobilisaient certains hommes et femmes en blouse en quête d’autographes. Il a été marqué par la visite de Manga Onguene en octobre dernier, lors de son passage à Bordeaux, où étudient ses enfants et où son épouse était internée. Abed est aussi reconnaissant vis-à-vis de ses proches parents et des jeunes étudiantes camerounaises dont il a apprécié le doigté culinaire.
On ne peut pas jurer qu’Abed Nego Messang va bien. Pour l’avoir vu assez souvent et discuté avec ses médecins, nous pouvons cependant témoigner qu’il va mieux. Son apparition surprendra sans doute ceux qui juraient qu’il est décédé. Les rumeurs sur sa mort continuent d’ailleurs de courir, certains allant jusqu’à dire que des travaux ont été engagés dans son village en vue d’attendre son corps !!! Même si cette situation le désole, il avoue que le sens de son retour au pays n’est pas un défi à ces « propagateurs de fausses nouvelles ». Selon lui, l’essentiel c’est de savoir que sa santé a positivement évolué, qu’il reverra sa famille et qu’il peut rebondir sur le plan professionnel. Dans une interview qu’il a accordée au Messager le 9 décembre 2003 (lire par ailleurs), Abed se dit prêt à reprendre le micro, à l’occasion de la Can 2004 qui démarre dans quelques semaines en Tunisie. Il souhaiterait revivre les grandes aventures des Lions indomptables, non pas depuis les gradins comme c’était le cas lors de la Coupe des confédérations en France durant l’été dernier, mais à partir d’une cabine de reportage…
N.N. O.