Abdouraman est un homme tenace et perspiscace. Il a réussi à chambarder un processus électoral qui allait tranquillement vers son terme. Le Comité de Normalisation devait rendre son tablier quelques jours après les élections. Mais des voix autant politiques qu’à tous les échelons ont convaincu le gouvernement à retourner voir la FIFA pour lui parler du processus électoral. Interview…
Quelle est votre réaction à la suite de la décision de la Fifa d’ordonner le report des élections au 28 février 2015 ?
Je suis satisfait de l’implication du Gouvernement de la République, qui a pleinement joué son rôle de garant de la légalité. Je pense que cette implication est un message positif au peuple camerounais ; comme quoi le Cameroun reste un pays souverain et un État de Droit. Nous sommes tous réconfortés en tant que citoyens. L’on n’a pas besoin d’effectuer un sondage pour savoir que l’écrasante majorité des Camerounais sont satisfaits de ce report qui représente une vraie chance pour sauver notre football qui était sur le point d’être confisqué à nouveau pour de longues années.
Est-ce une victoire pour vous qui avez toujours contesté les méthodes du Comité de normalisation ?
C’est un réel soulagement de voir que tout le monde s’est aujourd’hui rendu à l’évidence. Personne ne peut plus sérieusement contester le parti pris du Président du Comité de Normalisation pour un groupe de personnes menées par le Secrétaire Général de la Fécafoot, M. Tombi A Roko. Le principe de neutralité ayant été à la base du choix des membres de ce comité de normalisation, il n’y a plus aucune raison pouvant justifier le maintien du Pr Owona à sa tête. Il n’y a plus également aucune raison de maintenir M. Tombi A Roko au Secrétariat général.
Sauf que la Fifa dit que rien ne changera sur le processus. Quel commentaire faites-vous de cette phrase de la lettre de la Fifa ?
La Fifa demande donc à la Fécafoot de violer la loi en maintenant des statuts contraires à la législation en vigueur dans notre pays. Cette décision que nous allons attaquer devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) dès cette semaine, n’a aucun fondement juridique et est inacceptable et insoutenable. Aucun citoyen camerounais n’est prêt à l’accepter en dehors de ce groupe d’individus arrogants au profit duquel ces manœuvres grossières sont orchestrées. Il faut rappeler que la Fécafoot a fait appel devant le TAS de la décision annulant les statuts et le code électoral adoptés le 23 août 2014. Il n’appartient donc pas à la Fifa de trancher un litige qui est déjà porté à la connaissance du Tribunal Arbitral du Sport. Sauf à nous dire que la Fifa connait par avance le verdict du TAS. Et même si c’était le cas, le bon sens voudrait qu’elle attende le prononcé de ce verdict.
Au regard de cette décision de la Fifa de renvoyer les élections au 28 février 2015, que va-t-il se passer ? On a l’impression que rien ne va bouger …
Croyez-moi, tout doit absolument bouger. Pour la simple raison que le Pr Owona et son groupe, forts du soutien de la Fifa, continuent de braver l’autorité de l’Etat et de mettre en danger la cohésion sociale dans notre pays. Ne rien faire, c’est accepter de mettre les intérêts inavoués d’un petit groupe d’individus au-dessus des intérêts du Cameroun et c’est inimaginable. A voir les efforts inestimables fournis par les dirigeants de la Fifa pour contrôler la Fécafoot, il serait peut-être plus simple pour eux de modifier les statuts de la Fifa et de nommer M. Tombi A Roko à la tête de la Fécafoot.
Pendant que la Fifa prenait cette décision, vous aviez saisi la tribunal administratif à l’effet de faire annuler ces élections sous le prétexte que le Pr Owona s’est fait délivrer une déclaration de réunion publique avec une carte nationale d’identité périmée. Quel a été le sort de cette procédure ?
Nous avons effectivement attaqué le récépissé de déclaration de l’assemblée générale élective prévue le 29 novembre 2014, devant le Tribunal Administratif du Centre afin de suspendre ses effets. On s’est principalement basé sur le caractère exécutoire des sentences ayant annulé les statuts et le code électoral de la Fécafoot. Compte tenu de la décision du Comité d’Urgence de la Fifa et de la confusion qui s’en est suivie, nous ne prendrons connaissance de la décision du tribunal que ce lundi.
Et celle que vous avez engagé à nouveau au nom d’Etoile Filante de Garoua quelques jours avant devant la CCA ; Où en est-on ?
Nous avons obtenu gain de cause. La Chambre de conciliation et d’arbitrage a annulé les élections au sein des 10 ligues régionales et des 41 ligues départementales où elles se sont déroulées. Il n’y a pas d’autre alternative que de reprendre ces élections depuis la base après avoir débarrassé les statuts de la Fécafoot de toutes les dispositions contraires à la législation de notre pays. Sans évidemment oublier que seule l’assemblée générale de la Fécafoot élu en 2009 a qualité pour adopter ces textes.
Entretien réalisé par Antoine Tella à Yaoundé